CSDHI « Nous formons une famille. Ce mot n’est pas trop fort. Celle qui place, par-dessus tout, les Droits de l’Homme, les valeurs d’égalité, de liberté, de fraternité et, maintenant, de laïcité » a affirmé Jean-Pierre Muller, maire de Magny-en-Vexin, le 19 janvier à Maryam Radjavi.
Il s’exprimait à Auvers-sur-Oise lors d’une cérémonie de vœux de la résistance iranienne, en présence de nombreux maires et élus, qui ont remis à la dirigeante de l’opposition iranienne les soutiens de 14.000 maires et élus de France. Voici les moments forts de l’intervention de Jean-Pierre Muller :
Madame la Présidente, vous nous avez invités le 30 septembre dernier à venir vous écouter dans les murs du Conseil de l’Europe. J’ai eu le plaisir et l’honneur d’être présent, et à cette occasion, Patrick Kennedy, le fils de Ted Kennedy – naturellement le neveu du Président américain assassiné – a dit, à l’issue de son intervention : « Nous sommes tous des Achrafiens », paraphrasant, mais au sens noble du terme, ce qu’avait dit son oncle en 1961, à Berlin.
« Nous sommes tous des Achrafiens » : finalement, qu’est-ce que cela signifie ? En entendant tout à l’heure, dans le film vidéo, un combattant, cela signifie que « vous êtes dans nos cœurs », comme il l’a dit. Cela signifie que nous partageons les mêmes valeurs. Vous êtes des nôtres, et nous sommes des vôtres. Non pas par le fait du hasard mais parce que nous partageons les mêmes valeurs.
Nous formons une famille. Ce mot n’est pas trop fort. Celle qui place, par-dessus tout, les Droits de l’Homme, les valeurs d’égalité, de liberté, de fraternité et, maintenant, de laïcité. C’est cela qui nous unit, qui constitue intrinsèquement ce que nous sommes. Et, naturellement, nous ne pouvons que nous féliciter de voir 14 000 élus partager ce combat.
A 20 ans, je haïssais le chah d’Iran parce qu’il était un dictateur. J’exécrais sa police politique : la savak. Les plus jeunes ne savent peut-être pas ce que signifient les exactions de la savak. Je pensais qu’après le chah d’Iran, la démocratie, la liberté, l’égalité, la fraternité, la laïcité fleuriraient. Puis, en fait : non. La dictature a succédé à la dictature, la barbarie a succédé à la barbarie, l’ignominie a succédé à l’ignominie.
Aujourd’hui, il faut donc en être parfaitement conscient. Nous souhaitons que partout – pas seulement en France, pays des droits de l’homme – mais partout sur la planète, les gens puissent vivre libres, « hauts en droits », comme l’on dit. Que l’on soit homme ou que l’on soit femme.
Parce qu’en Iran – et l’on sait très bien que l’Iran d’aujourd’hui n’est pas le véritable Iran – à la savak a succédé la police politique qui bastonne les femmes, qui traque les amoureux, qui procède aux ignobles tests de virginité, qui considère la femme comme un élément à peine complémentaire de l’homme.
C’est pour cela que nous sommes à vos côtés. Tout simplement parce que cela n’est pas la conception du monde que nous voulons. Et ce que vous proposez convient au monde libre – l’abolition de la peine de mort, l’égalité entre les hommes et les femmes, les élections libres sous contrôle de l’ONU – c’est cela, que nous voulons.
Il faut dire également que s’il convient d’être cynique, le changement en Iran, vers un régime démocratique, ne doit pas seulement se faire dans l’intérêt des Iraniens et des Iraniennes, mais aussi dans le nôtre. Un régime comme l’Iran ne peut pas avoir l’arme nucléaire parce qu’il représente un danger immédiat, incommensurable pour la paix du monde, pour l’avenir de la planète.
C’est pour cela que nous sommes là, aujourd’hui. C’est pour cela que nous vous soutenons et que je considère que c’est notre devoir d’hommes libres d’être à vos côtés. Car je me félicite que la France, à travers le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, ait montré sa fermeté.
Mais, lorsque le Président Rohani est arrivé au pouvoir, rappelez-vous les réactions des uns et des autres. Beaucoup d’amis m’ont dit : « Eh bien, tu dois être satisfait, tu dois être finalement content. C’est un président progressiste. » Non : cela n’est pas le cas. Il faut dire les choses. La dictature, c’est la dictature. Et le guide suprême, c’est le guide suprême. C’est lui qui dit la loi. Et en l’occurrence, qui dit la mauvaise loi.
Nous nous devons d’avoir une attitude ferme, sans faille, et le moment venu, de prendre nos responsabilités. Il y a des tribunaux pénaux internationaux. Il faudra, le moment venu, que certains rendent des comptes. Parce qu’on ne peut pas continuer à faire ce qui se fait en Iran depuis des années et des années.
Alors, 2014 est une nouvelle année. Cela n’est pas la première fois que nous nous retrouvons.
Vivement que nous puissions nous retrouver à Téhéran, dans un Iran libre.
Et il faut qu’avec les organisations internationales, nos gouvernements respectifs – et il est vrai que vos soutiens sont multiples, depuis tous les continents – les choses avancent plus vite, et que chacun prenne ses responsabilités. Parce que la douleur, l’horreur que subissent les Iraniennes et les Iraniens ne peuvent pas continuer davantage.
Naturellement, je vais vous souhaiter à toutes et à tous une belle année 2014. Je souhaite vraiment que les choses avancent, que ces vœux ne restent pas des vœux pieux, et que très rapidement, les engagements politiques de nos gouvernements, de nos instances internationales fassent que les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité règnent, au sens noble du terme, sur le monde, et sur l’Iran en particulier.