Justice pour les victimes du massacre de 30 000 prisonniers politiques en 1988 en Iran
CSDHI -À l’occasion de l’anniversaire du massacre de 30 000 prisonniers politiques en Iran, une exposition de photos et de documents a été organisée, à l’initiative du CSDHI, les 16 et 17 août, à la mairie du 1er arrondissement de Paris.
Après avoir visité l’exposition et déposé des gerbes devant les noms et les photos des victimes, M. le Maire Jean-François Legaret qui a accueilli cette exposition dans sa mairie a demandé une minute de silence à leur mémoire. Il a expliqué que cette exposition « témoigne bien du fait qu’il y a le crime commis en 1988. C’est un acte barbare. Plus de 30.000 victimes. 33.700 ce serait le chiffre de l’approximation à laquelle on parviendrait. Exécutions sans jugement, qualifiées désormais par Amnesty International de crime contre l’humanité. Ça c’est le crime commis en 1988. Mais il y a le crime commis encore aujourd’hui par le régime actuel qui consiste à effacer, à nier la mémoire de ce massacre, à effacer les traces de ces massacres pour rendre inopérante une éventuelle commission d’enquête. »
Une conférence a été organisée sur place en marge de l’exposition sur le massacre de 1988 et les violations des droits humains en Iran.
Mme Sarvnaz Chitsaz, présidente de la Commission des femmes du Conseil national de la Résistance iranienne et lu un message de Mme Maryam Radjavi, la présidente élue de la Résistance iranienne à cette exposition : « Ceux qui ont gardé le silence devant cette catastrophe ont opprimé l’humanité, car les mollahs pensent que leurs crimes ne seront pas punis, alors ils exportent le terrorisme et l’intégrisme hors d’Iran et mettent le Moyen-Orient à feu et à sang. »
« Heureusement, souligne Mme Radjavi dans ce message, depuis l’an dernier, un mouvement pour la justice s’est levé en Iran en faveur des victimes de ce massacre. Aujourd’hui, même des jeunes dans le pays qui sont nés après ce massacre, se lèvent pour demander justice. Les Iraniens demandent des comptes aux responsables et la fin de leur impunité. »
Plusieurs personnalités sont intervenues lors de cette conférence, notamment le préfet honoraire Yves Bonnet (Président du Centre international de recherches et d’études sur le terrorisme et l’aide aux victimes du terrorisme (CIRET-AVT) auteur de plusieurs livres sur le régime iranien, l’ancien eurodéputé britannique Struan Stevenson qui préside l’Association européenne pour la liberté en Irak (EIFA) et auteur d’un ouvrage sur le combat des opposants iraniens. Des anciens prisonniers politiques iraniens ont pu apporter leurs témoignages. Ils ont tous dénoncé ce qui a été qualifié de crime contre l’humanité resté impuni.
Yves Bonnet a souligné : « aujourd’hui notre devoir est de poursuivre ce combat pour que la république islamique d’Iran et ses dirigeants, dont plusieurs ont participé à ce massacre, soient déférés devant une juridiction internationale. »
Struan Stevenson a insisté : « je pense que le nouveau gouvernement français devrait faire des droits de l’homme une priorité dans ses relations avec ce régime. Nous attendons du président Macron qu’il insiste sur un moratoire dans les exécutions et sur un progrès palpable des droits humains en Iran. Le gouvernement français et l’UE devraient également exiger une enquête complète de la part des Nations Unies sur le massacre de 1988. Khamenei, Rohani et leur clique de mollahs accusés de crimes contre l’humanité doivent être traduits devant une tribunal international à La Haye. »
Dans un rapport publié le 2 août dernier, Amnesty International a dénoncé la détention des activistes qui réclament justice. « Les défenseurs des droits humains qui recherchent la vérité, la justice et la réparation pour des milliers de prisonniers sommairement exécutés ou disparu par la force dans les années 80, note Amnesty International, doivent faire face à de nouvelles représailles de la part des autorités ». L’ONG poursuit : « La nouvelle répression a ravivé les appels pour une enquête sur le meurtre de plusieurs milliers de prisonniers politiques dans une vague d’exécutions extrajudiciaires dans le pays pendant l’été 1988. »
Appel pour une enquête internationale
Le maire du 1er arrondissement de Paris, Jean-François Legaret, a invité les maires et élus de France à signer un appel au gouvernement français, ainsi qu’aux instances européennes et à l’ONU pour exiger du régime iranien des explications sur ce massacre, demander une enquête internationale et la fin des exécutions et des violations des droits humains en Iran.
Il a été appuyé par plusieurs maires présents à l’exposition parmi lesquels Armand Jacquemin, maire de Moussy-Le-Vieux, Jean-Claude Jegoudez, Maire de Grisy-sur-Seine, Jacky Duminy, Maire d’Ors.
Les maires écrivent dans cet appel : « Nous estimons que les échanges économiques ou touristiques avec l’Iran ne doivent pas nous rendre indifférents au sort du peuple iranien. Depuis la réélection du président dit « modérée Hassan Rohani, les exécutions continuent. »
Dr. Saleh Radjavi, représentant du CNRI en France, dont la sœur Monireh a été exécutée dans ce massacre, ainsi que Mostafa Naderi l’un des rares survivants, ont apporté leurs témoignages émouvants.
Contexte :
En juillet 1988, suite à une fatwa de Khomeiny, fondateur de la dictature religieuse en Iran, plus de 30 000 prisonniers politiques, pour la plupart des sympathisants de l’organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI), la principale force d’opposition, ont été exécutés en quelques mois et enterrés dans des fosses communes dans le plus grand secret.
Selon les juristes de notoriété internationale, ce massacre est l’un des plus graves crimes contre l’humanité commis en prison, de la deuxième moitié du XXe siècle. En dépit de la gravité du crime, aucune enquête indépendante n’a été mené par les instances internationales ou les organes des Nations-Unies.
Au cours des 29 dernières années, le régime des mollahs a cherché à cacher ce crime dans lequel ses plus hautes autorités sont impliquées. Toutefois, depuis un an, la question du massacre a refait surface en Iran. Il s’est trouvé au centre des débats, notamment au cours de la parodie électorale du mois de mai dernier, de sorte que le Guide suprême des mollahs, Ali Khamenei, a été obligé de mettre en garde à ce sujet.
Le nouveau ministre de la justice du cabinet d’Hassan Rohani est un ancien membre de « la commission de la mort » chargé du massacre de 1988, dans la province du Khouzistan. Il se trouve sur la liste des sanctions de l’Union européenne pour son implication dans de graves violations des droits humains en Iran. Il remplace à la « justice », Mostafa Pour-Mohammadi qui a également été un des membres de « la commission de la mort » à Téhéran.