CSDHI – C’est une vieille cassette restée dans les tiroirs pendant 28 ans. Elle recèle le secret le plus lourd de l’histoire contemporaine de l’Iran. Personne ne savait qu’elle existait et les mollahs avaient tout fait pour maintenir une chape de plomb sur ce tabou.
Et un beau jour d’aout 2016, c’est un mollah, Ahmad Montazeri, fils du dauphin destitué de Khomeiny, qui l’a mise sur le net. Et depuis comme une trainée de poudre en Iran elle enflamme la toile, les débats, les générations, et les turbans des mollahs.
C’est qu’en 1988, Khomeiny avait décidé d’exterminer des prisonniers politiques dans toutes les prisons du pays et après avoir exécuté 30.000 personnes, hommes, femmes, enfants, et même femmes enceintes, le black-out total a été imposé.
Et voilà que la concsience d’Ahmad Montazeri a été plus forte que sa peur et qu’il a osé mettre en ligne une cassette révélant une conversation entre son père et des auteurs du massacre, deux semaines après le début de la boucherie. Parce qu’il aura protesté devant ces crimes, Montazeri père sera destitué et assigné à résidence.
Mais la cassette fait sauter plus d’un verrou. D’abord elle balaye la lourde propagande échaffaudée par la dictature religieuse pour diaboliser la résistance pendant 30 ans. Aujourd’hui tout un pan de la jeunesse qui « ne savait pas », interroge, demande des comptes. Choquée, la nouvelle génération rend hommage à des milliers de jeunes des années 1980 qui remplissent les fosses communes pour avoir refusé de plier devant la dictature. Les mots de « résistance » et de « moudjahidine du peuple » (principale opposition démocratique) dont la simple évocation est punie de prison et bien souvent de mort, sont sur toutes les lèvres.
De très nombreux militants des droits humains se pressent chez Ahmad Montazeri pour le remercier d’avoir été courageux. Comme si un poids immense venait d’être ôté de dessus la poitrine d’une nation et que tous font corps derrière une résistance cible d’un terrible massacre.
C’est que la cassette déverse des informations accablantes sur la férocité du régime des mollahs, sur l’innocence des victimes, sur le marchandage des interlocuteurs de Montazeri qui veulent comme ça en liquider 200 « parce que ça ne ferait pas bien s’ils retournent dans leurs cellules ». Sur une jeune fille de 15 ans fusillée parce qu’elle est la soeur d’un condamné, sur une femme enceinte éxécutée, sur une ado tellement torturée qu’un des mollahs de la commission de la mort en est terrassé et que même avec un corps en loques, elle refuse de plier devant le fascisme religieux.
Autant de signe de la bestialité de l’intégrisme islamiste et autant de signes d’une génération qui a assumé sa défense de la liberté pour freiner la bête immonde.
L’écho dans la société iranienne est fort. Il est aussi perçu dans le monde et c’est une vague qui doit conduire les auteurs de ce massacre, toujours au pouvoir en Iran, devant un tribunal international pour crime contre l’humanité.
Une exposition en 3D en ligne raconte des histoires de ces vies volées et une autre à Paris à la mairie du 2e arrondissement rue de la Banque est organisée les 23 et 24 aout. A ne pas manquer.