Al Arabiya English – En Iran, les années 1980 sont connues comme une décennie sanglante alors que des milliers d’opposants politiques ont été exécutés au cours d’un massacre massif brutal.
Au cours de l’été 1988, un massacre massif a eu lieu dans les prisons iraniennes. L’ayatollah Hossein Ali Montazeri, le successeur de Khomeini, a été écarté en conséquence de son opposition à ce massacre.
En septembre 2016, son fils a publié une cassette audio d’une réunion du feu l’Ayatollah Montazeri avec les membres du comité des bourreaux (généralement connu par les Iraniens comme le comité de la mort), ce qui a conduit à son arrestation et à son accusation.
Dans la cassette audio, l’ayatollah Montazeri a décrit ce massacre comme le pire crime de l’histoire de la République islamique et a désigné Ibrahim Raisi, Mostafa Pour Mohammadi, Hossein Ali Nayeri et d’autres coordinateurs comme des criminels.
Jugement contre l’islam
Dans une récente interview télévisée, Ali Fallahian, ministre des investissements du gouvernement de Rafsanjani, a déclaré : « L’opinion de M. Montazeri, qui n’était pas d’accord avec l’Imam (Khomeini), était que ces exécutions finiraient par entraîner en fin de compte un « jugement historique » contre nous , un jugement contre l’islam, il est donc de notre intérêt de ne pas mener ces exécutions, mais l’Imam a déclaré que vous devez accomplir votre devoir religieux et ne pas attendre le jugement de l’histoire ».
Les familles des victimes du massacre de 1988 demandent actuellement justice pour leurs proches qui ont été secrètement exécutés et enterrés dans des fosses communes à la nuit tombée sans aucune procédure officielle. L’appel à la justice sollicité par l’opposition iranienne, qui a débuté l’année dernière, a généré un enjeu pour les deux factions du régime lors des élections présidentielles.
Le chaos créé entre les factions du régime a contraint Khamenei à faire des commentaires dans un récent discours : « personne ne devrait pouvoir changer la place du martyr et d’un acolyte par rapport aux exécutions des années 1980 ».
Ce qu’il a voulu dire, c’est que les responsables de ce gouvernement sont des bourreaux aux yeux du peuple iranien, ce qui créera des conséquences internes et internationales qui doivent être évitées.
Film Nimrooz
En outre, les médias contrôlés par l’État ont publié les louanges de Khamenei au sujet du film « Nimrooz », une production financée par les pasdarans (IRGC) visant à diaboliser l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI / MEK), un important mouvement d’opposition. L’objectif de ce film était d’empêcher un autre soulèvement semblable à celui de 2009, dans lequel le MEK a joué un rôle central dans l’organisation des manifestations contre le régime.
Après la sortie du film, les anciens prisonniers politiques et les familles de prisonniers exécutés ont condamné les événements présentés au cours de ce film et l’ont qualifié de distorsion de la réalité dans l’histoire.
Dans un autre événement précipité, le régime iranien a monté un spectacle, une visite de la prison d’Evine, pour des délégations internationales. Le but de l’organisation de cette visite pour 50 ambassadeurs de différents pays le 5 juillet était de réduire à néant et de laver les traces des crimes du régime. Amnesty International a qualifié cette visite de « coup publicitaire grossier » et a mentionné dans une déclaration que la prison d’Evine est connue dans le monde comme le symbole d’une large oppression politique en Iran.
Les prisonniers exécutés des années 1980 étaient des membres et des partisans des groupes d’opposition du régime iranien, tels que le MEK, les marxistes et les kurdes. Les membres et les partisans du MEK représentaient plus de 90% des victimes. Assailli en Irak dans la période qui a suivi 2003, le MEK a connu une situation très difficile et dangereuse, en particulier au cours de la dernière décennie.
Dans de telles circonstances, ce mouvement a pu attirer la sympathie du public par l’intermédiaire des mass médias, en particulier les satellites et l’Internet. À l’heure actuelle, les Iraniens et les communautés internationales sont devenus curieux d’acquérir des connaissances sur ce mouvement.
Siège inhumain
Face à un siège inhumain et au danger imminent de nouveaux massacres, les membres du MEK ont lancé une héroïque persévérance et se sont défendus à mains nues et ont réchappé à de nombreux complots de leurs ennemis. Finalement, les membres du MEK ont quitté l’Irak et ont été réinstallés en Albanie. Maintenant, le MEK connaît une forte croissance en Iran, en particulier chez les jeunes, créant ainsi un sérieux problème pour le régime iranien.
Avec la montée des appels à la justice pour le massacre de 1988, le régime iranien essaie de détruire la preuve de ce meurtre brutal et de décourager les jeunes de se joindre au mouvement d’opposition. Il a produit un film de propagande pour changer la place du martyr et du bourreau et a détruit les fosses communes des prisonniers exécutés.
Les jeunes iraniens, même les enfants des responsables du régime, veulent connaître la réalité et la vérité sur ce qui s’est passé dans les années 80 et l’histoire du mouvement qui a récemment organisé un grand rassemblement à Paris. En outre, ils veulent savoir quel message, il leur transmet.
Pendant ce temps, Khamenei a ordonné de produire un autre film pour Assadollah Lajevardi, l’ancien responsable de la prison d’Evine, connu sous le nom du « Bourreau d’Evine », qui a été l’un des criminels du massacre de 1988. « J’espère que vous pourrez faire aussi quelque chose pour Lajevardi. Il est l’une des personnalités qui mérite quelque chose. Son nom a été mentionné dans ce film, mais il est l’une des personnes que nous appelions avant « l’homme solide », a déclaré Khamenei.
Il semble que le sang répandu des innocents qui ont été assassinés sans pitié en Iran porte maintenant atteinte aux fondements et à l’existence même du régime iranien. La sympathie pour les victimes et leur famille s’est maintenant introduit dans les profondeurs de la société iranienne et elle est devenue un cauchemar sans fin pour le régime.
Comme le dit Rahimpour Azghadi, un confrère de Khamenei, « les événements des années 80 et 88 déracineront le régime, même si nous avons le plus grand missile en magasin ».