CSDHI – En Iran, un prisonnier afghan d’origine iranienne, arrêté quand il était enfant, a été torturé et condamné à 10 ans de prison sur la base d’aveux forcés.
Le prisonnier a écrit une lettre détaillant son histoire. Voici ce que dit en partie cette lettre :
« Je m’appelle Amir Nourzehi, je suis un afghan âgé de 16 ans, qui a été arrêté le 28 juillet 2014 et je suis détenu dans la prison centrale de Zahedan.
J’ai vécu avec mon père, ma mère et mon petit frère. Je suis leur gagne-pain et j’ai travaillé comme cordonnier pour gagner de quoi nourrir ma famille.
Un jour, alors que moi et mon ami (cousin), Aref Baluch, 22 ans, étions assis, des agents sont venus et nous ont menottés et ils nous ont emmenés au commissariat de police dirigé par le colonel Mullashahi.
Ils nous ont déshabillés et attachés. Ils nous ont menotté les mains dans le dos et ils nous ont accrochés au plafond avec une chaîne.
Ils ont alors commencé à nous fouetter et ils nous ont dit d’accepter de reconnaître que nous avions cambriolé une banque.
Nous avons refusé d’avouer jusqu’à ce qu’ils emmènent la femme et le bébé de 3 mois d’Aref Baluch devant Aref et commencent à lui manquer de respect et à utiliser un langage vulgaire ; et ils ont dit : « si vous n’acceptez pas d’avouer, nous ferons aussi d’autres choses … »
Nous avons été emmenés devant l’interrogateur judiciaire de la sixième branche, Shah Mohammadi, et avons nié les accusations insistant sur le fait que nous étions innocents, mais malheureusement, ils ont enregistré le contraire. Nous avons été amenés devant cet homme, à huit reprises. Au cours de ces huit fois, nous avons déclaré à chaque fois que nous étions innocents. Ils nous ont transférés dans la prison centrale de Zahedan.
Dans notre dossier, ils ont enregistré nos âges et les ont évalués plus que ce qu’ils n’étaient en réalité, par conséquent, nous n’avons pas été transférés dans le Centre de section des enfants. Nous avons été conduits dans la section des adolescents.
Après un mois, nous avons de nouveau été emmenés au commissariat de police, où nous avons été torturés alors que nous étions sous le coup de nouvelles accusations. Ils ont apporté un kilo de stupéfiants et ils ont affirmé l’avoir trouvé dans notre maison et que nous devions l’accepter. Ils ont apporté une arme à feu et ils ont dit aussi que nous devions dire que c’était la nôtre. Nous ne supportions plus aucune forme de torture. Nous étions des enfants et nous ne savions pas alors pourquoi nous étions forcés d’accepter les accusations. Bien sûr, mon cousin, parce qu’il a avoué plus tôt que moi, est devenu le principal suspect et je suis devenu le deuxième suspect. Toutes les tortures et interrogations ont été effectuées alors que nous avions les yeux bandés.
Comme mon cousin et moi étions afghans et que nous n’avions personne pour nous défendre, nous avons été condamnés à 12 ans de prison pour cambriolage d’une banque par la section 104 du tribunal de Nouri. Sur la base d’accusations liées à la drogue, j’ai été condamné à 10 ans de prison alors que mon cousin a été condamné à mort par la première branche du tribunal pénal du Sistan-Baloutchistan. Nous n’avons pas les moyens de nous payer un avocat et nous n’avons personne pour défendre notre cause. Je suis complètement déboussolé et dans un état de détresse en prison.
Amir Nourzehi, de la prison de Zahedan
Source : les militants des droits de l’homme en Iran, le 23 octobre 2017