CSDHI – « Je m’appelle Farzad Madadzadeh et je suis récemment sorti d’Iran. J’ai 30 ans et j’ai passé cinq ans de ma vie dans les prisons du régime iranien ». C’’est par ces mots que cet ancien détenu politique a débuté son témoignage dans une conférence internationale organisée à Paris pour la Journée mondiale contre la peine de mort.
Arrêté en 2008, il a été accusé de soutenir l’OMPI, principale opposition démocratique aux mollahs, et condamné à cinq ans de prison. Dès son arrestation, il a été transféré à la redoutable section 209 de la prison d’Evine de Téhéran puis à la maison d’arrêt de Gohardacht à Karaj. Ensuite, à deux reprises, et chaque fois pendant six mois, il a été placé en isolement.
Selon Madadzadeh, le régime utilise la détention en isolement, dans une pièce d’un mètre et demi sur deux où l’on ne voit rien et l’on n’entend que le silence de la mort, pour briser les prisonniers. Le but est de les forcer à accepter des interviews télévisées et pour y renier publiquement leurs convictions.
La plus grande leçon qu’il ait retenue en isolement a été « qu’il faut résister à chaque instant et que cette résistance est le secret de la victoire du prisonnier. »
Farzad a déclaré avoir conservé vivante en lui la mémoire de ses compagnons de cellule qu’il qualifie « des martyrs héroïques » comme Ali Sarémi, Farzad Kamangar, Farhad Vakili, Djafar Kazémi, Mohammad-Ali Hadj-Aghaï, Mansour Radpour, Mohsen Dokmechi et Shahrokh Zamani.
Il a insisté ensuite glacé l’assistance en parlant de ces adolescents arrêtés à 13 ou 14 ans, puis condamnés à la peine capitale par les mollahs. Ces enfants doivent attendre leur âge légal dans le couloir de la mort, pour leur exécution.
« Pour ces adolescents condamnés à mort, chaque anniversaire est un jour funeste qui jalonne leur marche inexorable vers la mort », a déploré Farzad.
Ces jeunes gens deviennent facilement des toxicomanes. Les gardiens introduisent des stupéfiants dans la prison visant surtout les jeunes prisonniers politiques. En même temps sous prétexte de lutte contre le trafic de drogue, le régime arrête et condamne à mort toute personne en possession de 30 grammes de stupéfiants.
A sa sortie de la prison de Gohardacht, il s’est promis d’être la voix des prisonniers résistants et celle du peuple iranien et a rejoint les rangs de la Résistance.
A la fin de son témoignage, Farzad Madazadeh a lancé un appel à la communauté internationale : « Il ne suffit pas de condamner verbalement le régime iranien. Il faut que les mollahs soient jugés devant les tribunaux internationaux pour tous les crimes qu’ils ont commis, en particulier le massacre de 30.000 prisonniers politiques en 1988 et les exécutions quotidiennes en Iran. »