CSDHI – L’étudiant activiste Arash Mohammadi, plusieurs fois arrêté en Iran, vient de sortir clandestinement du pays pour rejoindre la Résistance iranienne à l’étranger. Le 26 novembre, il apportait à Paris lors d’une conférence, un témoignage poignant sur la situation en Iran.
Dès 2008 il s’est mis à défendre les droits des enfants qui travaillent. Comme toute la jeunesse en Iran il a participé au grand soulèvement de 2009. De 2011 à juin 2014, il a connu les prisons politiques.
C’est par un salut appuyé à la résistance iranienne et à la présidente élue du CNRI, Maryam Radjavi, qu’Arash Mohammadi a commencé son intervention. Il a également rendu hommage à tous ses amis et compagnons de cellule en Iran. La salle lui a réservé un accueil très chaleureux.
« Je m’appelle Arash Mohammadi. J’avais à peine 19 ans et j’étais étudiant quand pour la première fois j’ai été arrêté par les agents du renseignement. J’ai aujourd’hui 25 ans et je viens récemment de sortir de mon pays sous occupation.
Je viens d’un pays où pour avoir un morceau de pain, les enfants doivent travailler dans les rues et les ateliers. Je viens d’un pays où les filles reçoivent leur lot d’acide sur le visage, les mères leur lot de deuil de leurs enfants, et les femmes leur lot d’enfants orphelins. Je viens d’un pays où pour tout salaire, les ouvriers reçoivent des coups de fouet, la misère et la faim. Je viens d’un pays, où dans la période de « modération » il y a au moins trois exécutions par jour. Je viens d’un pays où les enseignants, les ouvriers, les étudiants et les artistes passent leur vie en prison. Je viens d’un pays où en 1988, 30.000 roses rouges ont été pendues et où les dirigeants qui vénèrent les ténèbres ont fermé toutes les ouvertures, et où les habitants sont en quête d’un rayon de lumière.
Mon pays s’appelle l’Iran. Je suis d’Iran. Je ne suis pas parti de mon pays. Non, je l’ai apporté avec moi, sur mes épaules.
Je me souviens d’une époque où en 2011, pour la seconde fois j’ai été arrêté en raison de mes activités de secours auprès de la population frappée par un séisme dans le nord-ouest de l’Iran.
En prison j’ai fait la connaissance du syndicaliste héroïque et tombé martyr Chahrokh Zamani. Une telle force l’habitait ! Jamais même dans son for intérieur, Chahrokh n’a accepté le moindre compromis avec le régime des mollahs.
En prison, lors des parloirs, on voyait des enfants qui n’avaient le droit de voir leur père qu’une fois par mois et seulement pour quelques minutes. On voyait des gens qui nuit et jour vivaient avec le cauchemar des exécutions et à la fin le cauchemar devenait une réalité. On voyait des jeunes plongés dans la drogue et Chahrokh devenait fou de rage à la vue de ces victimes.
A chaque fois que nous allions dans la cour de la prison pour une promenade, Chahrokh me parlait de la lutte et de la résistance, de l’oppression des ouvriers et du calvaire de leur vie. Il disait qu’il fallait sacrifier tout ce que nous avions et notre vie pour la liberté de notre peuple enchainé. Et comme il l’a fait avec gloire ! Non, il n’est pas mort. Je suis sûr que Chahrokh est là avec son sourire immuable et inoubliable et qu’il est fier de me voir ici.
En septembre 2013, j’étais en prison. J’ai appris par les journaux que les agents du régime des mollahs avaient attaqué Achraf, la cité de la Résistance. Il m’est très difficile d’exprimer que j’ai ressenti à ce moment. C’était les instants les plus amers et les plus durs de mon existence. J’y ai perdu mes meilleurs frères et sœurs. Je salue ces hommes et ces femmes de l’OMPI qui sont morts avec honneur dans la voie de la liberté de leur peuple.
Si je suis ici ce n’est pas un hasard, mais bien le fruit de ces résistants qui ont ouvert la voie à la liberté. D’ici je veux dire à mes compatriote et mes amis dans la province d’Azerbaïdjan, que j’ai emprunté une route parcourue par tous les résistants de l’histoire de l’Iran. Nous devons marcher sur leur pas et poursuivre leur chemin.
Je suis là pour faire entendre la voix de tous les enfants, de toutes les femmes et de tous les hommes, de tous les prisonniers politiques et de mes amis qui désirent si fort, même un instant, sentir la liberté. La liberté que prône Maryam Radjavi.
Je veux ici renouveler mon engagement et mon serment sur le sang des résistants tombés martyrs, sur les mains calleuses et les dos fouettés des travailleurs, les joues mouillées de larmes des enfants pauvres d’Azerbaïdjan, du Kurdistan et du Baloutchistan, sur la douleur des mères qui voient leurs enfants se balancer au bout des potences, et sur les souffrances des veuves et des jeunes filles.
Je fais le serment de me consacrer sans répit pour faire monter dans le ciel d’Iran le soleil de la liberté.