CSDHI – Les autorités iraniennes ont arrêté et placé en détention la mère d’une victime de la violente répression des manifestations en 2009, a déclaré Human Rights Watch le 16 février.
Les autorités devraient immédiatement libérer Shahnaz Karimbeigui, qui est devenue une militante après la mort de son fils et qui se trouve incarcérée à la prison d’Evine de Téhéran depuis le 25 janvier 2017, ou porter tout de suite des accusations criminelles reconnaissables contre elle et lui garantir un procès équitable.
Son fils Mostafa Karimbeigui, âgé de 26 ans, est un des nombreux manifestants tués lors des manifestations du 27 décembre 2009, liées à l’élection présidentielle contestée de 2009. Quinze jours après sa disparition, les autorités ont conduit la famille de Karimbeigi au centre de détention de Kahrizak, où ils ont identifié le corps de Mostafa, a indiqué à Human Rights Watch une source proche de l’affaire. Au cours des années qui ont suivi, sa mère a exigé que les autorités identifient et poursuivent les responsables. Trois semaines après son arrestation, sa famille ne connait toujours pas la raison de sa détention.
« Détenir arbitrairement une femme qui a demandé, à plusieurs reprises, justice pour son fils, est tout simplement honteux », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice du Moyen-Orient de Human Rights Watch. « Le pouvoir judiciaire devrait se concentrer sur la recherche de l’auteur du meurtre du fils de Shahnaz Karimbeigi, au lieu de la poursuivre pour son activisme pacifique ».
Les autorités du ministère des renseignements ont arrêté Karimbeigi sur son lieu de travail le matin du 25 janvier et, plus tard, ils ont fouillé son appartement et saisi tous ses appareils électroniques, y compris son ordinateur portable. Ils ont également menacé la fille et l’époux de Karimbeigi au téléphone et ils les ont convoqués pour plusieurs heures d’interrogatoire au « Bureau de suivi » du ministère, le lendemain, a indiqué la source à l’Observatoire des droits de l’Homme. Mais les accusations portées contre Karimbeigi ne sont pas claires et on lui a refusé l’accès à un avocat. Les autorités avaient menacé, harcelé et brièvement arrêté Karimbeigui, plusieurs fois avant cette dernière arrestation, a indiqué la source.
Le droit international garantit à toute personne accusée d’un délit l’accès à un avocat à toutes les étapes de la procédure pénale, y compris au cours de l’enquête, de la procédure devant le tribunal et pendant le procès lui-même. La loi de procédure pénale iranienne de 2014 stipule que toute personne arrêtée doit avoir accès à un avocat pendant son enquête, à l’exception des personnes accusées d’ « atteinte à la sécurité nationale », pour lesquelles cet accès peut être retardé d’une semaine. L’article 48 de la loi exige également que les personnes accusées d’infractions à la sécurité nationale choisissent leur avocat parmi un groupe pré-approuvés, choisi par le chef du pouvoir judiciaire. Le pouvoir judiciaire doit encore fournir la liste des avocats pré-approuvés mandatés par la nouvelle loi, mais même en l’absence d’une liste, les autorités refusent effectivement aux détenus l’accès à la défense légale et le droit d’être représentés par un avocat de leur choix quand ils sont accusés d’atteinte à la sécurité nationale.
Depuis la mort de son fils, Karimbeigui a participé à plusieurs rassemblements commémoratifs avec les mères d’autres victimes de la répression de 2009 pour demander justice. Elle a également organisé un soutien public aux familles de militants emprisonnés. Plus récemment, Karimbeigui a défendu via des campagnes de médias sociaux Arash Sadeghi, défenseur des droits humains qui purge une peine de 15 ans à la prison d’Evine de Téhéran.
En octobre 2016, Sadeghi a commencé une grève de la faim à laquelle il a mis fin en décembre, pour protester contre l’emprisonnement de sa femme Golrokh Ebrahimi Iraee. Cette dernière purge une peine de six ans d’emprisonnement pour « outrage au sacré » et pour « propagande contre l’Etat ».
Source : Les droits de l’homme en Iran