CSDHI – Les défenseurs des droits humains Mansoureh Behkish, Maryam Akbari-Monfared et Raheleh Rahemipour, ainsi que le fils de l’ancien ayatollah Montazeri, Ahmad Montazeri, ont été ciblés ces derniers mois pour chercher la vérité et la justice.
Mansoureh Behkish a été informée le 29 octobre 2016 qu’elle avait été accusée de « rassemblement et de collusion en vue de commettre des crimes contre la sécurité nationale » et de « diffusion de propagande contre le système ». Ces accusations découlent uniquement de son travail pacifique en matière de droits de l’homme qui a pour but de rechercher la vérité et la justice, notamment son travail avec les mères et les familles de Khavaran, un groupe composé de mères et d’autres membres de la famille des prisonniers politiques sommairement exécutés pendant les années 1980. On l’accuse aussi d’avoir organisé des réunions commémoratives chez elle et de s’être rendue avec d’autres familles à Khavaran, un énorme lieu de sépulture abandonné au sud de Téhéran où les autorités iraniennes ont enterré quelques milliers de prisonniers politiques exécutés extrajudiciairement dans les années 1980, y compris la sœur de Mansoureh Behkish, ses quatre frères et son beau-frère.
Maryam Akbari-Monfared a dû faire face à des représailles depuis octobre 2016, lorsqu’elle a déposé une plainte officielle en prison pour demander une enquête officielle sur les exécutions massives des prisonniers politiques dans les années 1980, y compris son frère et sa sœur ; l’emplacement des tombes où leurs corps ont été enterrés ; et l’identité des auteurs impliqués. Les fonctionnaires ont annulé ses soins médicaux pour sa polyarthrite rhumatoïde et ses problèmes de thyroïde et, en représailles, ils ont restreint les visites de sa famille, y compris celle de ses trois enfants. Le ministère public l’a également menacé de nouvelles accusations. Selon sa famille, le procureur adjoint de la prison d’Evine a dit : « Qu’est-ce qu’elle veut savoir ? Ceux qui ont exécuté ses frères et sœurs sont morts ou sont devenus âgés et ses frères et sœurs sont probablement enterrés à Khavaran … De telles plaintes sont inutiles. Elles ne feraient que rendre ses conditions de détention plus difficiles et entraveraient sa libération ou son accès à une permission.
Maryam Akbari-Monfared purge une peine de 15 ans d’emprisonnement à la prison d’Evine de Téhéran pour plusieurs chefs d’accusation, dont « hostilité contre Dieu » (moharebeh), après une condamnation en mai 2010. Les recherches menées par Amnesty International indiquent que sa condamnation était fondée sur le fait qu’elle avait effectué plusieurs appels téléphoniques à ses frères et sœurs, membres du groupe d’opposition interdit, connu sous le nom de l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI) et qu’elle leur a rendu visite une fois, près du camp d’Achraf dirigé par l’OMPI en Irak. Elle a toujours nié sa prétendue appartenance à l’OMPI. Elle n’a jamais reçu un jugement écrit exposant les éléments de preuve et le raisonnement juridique invoqués pour la condamner. Son mari a dit qu’au cours de son procès, le juge lui avait dit « qu’elle payait les activités de son frère et de sa sœur avec l’OMPI ». Ses appels ont été rejetés de façon sommaire, sans aucune raison. Sa demande de révision judiciaire est actuellement en attente devant la Cour suprême iranienne.
Raheleh Rahemipour a été condamné à un an d’emprisonnement en janvier 2017 après que la branche 15 du tribunal révolutionnaire de Téhéran l’ait condamnée pour « diffusion de propagande contre le système » pour ses efforts pacifiques afin de connaître la vérité sur le sort de son frère Hossein Rahemipour, exécuté en 1984, et de sa petite fille Golrou Rahemipour, qui a de force disparue 15 jours après sa naissance dans la prison d’Evine. Les autorités de la prison ont emmené le bébé, apparemment pour des examens médicaux, mais ils ne l’ont jamais rendue à sa mère. On a par la suite informé la famille que le bébé, Golrou Rahemipour, était décédé, mais les autorités n’ont jamais fourni de certificat de décès, des informations sur sa mort, et le lieu où elle avait été enterrée.
Le verdict du tribunal prononcé contre Raheleh Rahemipour cite ses interviews avec les médias, sa participation à des rassemblements pacifiques tout en tenant un panneau sur lequel on pouvait lire : « Vous avez tué mon frère ! Qu’est-ce que vous avez fait à sa fille ? », et sa signature sur une pétition pour soutenir des demandes de vérité et de justice pour ceux qui ont été sommairement exécutés comme « preuve » d’acte contre la sécurité nationale. En mai 2016, le Groupe de travail des Nations unies sur les disparitions forcées ou involontaires a envoyé une communication aux autorités iraniennes au sujet du cas du frère et de la nièce de Raheleh Rahemipour. Les autorités n’avaient toujours pas répondu à la fin du mois de février 2017. Raheleh Rahemipour reste en liberté, attendant le résultat de son appel.
Ahmad Montazeri, fils du feu ayatollah Hossein Ali Montazeri, a été condamné à 21 ans d’emprisonnement en novembre 2016 après que le tribunal spécial du clergé l’ait condamné pour plusieurs chefs d’accusation, notamment « diffusion de propagande contre le système » et « révélation de plans, de secrets ou de décisions concernant les politiques nationales ou étrangères de l’Etat … d’une manière équivalente à l’espionnage ». La cour a jugé qu’à la lumière des antécédents familiaux d’Ahmad Montazeri et de l’absence de casier judiciaire, il n’a qu’à purger six ans de peine. La condamnation d’Ahmad Montazeri découle de la publication du dossier audio sur le site Internet de son père, que les autorités considèrent qu’elle sert les intérêts des ennemis de la Révolution islamique et confirme les interviews des médias qu’il a ensuite données aux médias basés en dehors de l’Iran. Ahmed Montazeri a été emprisonné le 22 février 2017 pour commencer à purger sa peine, mais il a obtenu une permission provisoire le lendemain. Plusieurs jours plus tard, il a été informé que sa peine d’emprisonnement avait été suspendue.
Source : Les Militants des droits de l’homme en Iran