CSDHI – Lancé à la suite d’un raid violent dans leur section de la prison de Gohardacht en Iran, un mouvement de grève de la faim collective des prisonniers politiques focalise l’attention par son ampleur et son courage. Il suscite également de grandes inquiétudes pour la vie des grévistes.
La salle douze de la section 4 où ils étaient à la maison d’arrêt tentaculaire de Gohardacht (Radjaï-Chahr dans la ville de Karadj) a été visé par un raid d’une rare violence des gardiens. En une nuit, ces détenus politiques ont vu tout leur argent et leur carte de crédit pénitencier saisis et leurs comptes au magasin de la prison vidés. Les gardiens ont brisé des lunettes et saisi le matériel électroménager acheté avec peine au fil des longues années passées en prison.
Après le pillage et la destruction de leurs biens, les détenus ont été transférés dans une autre section où ils se retrouvent dans des conditions épouvantables.
Ces hommes sont malades, la plupart arrivent à peine à marcher, souffrent de problèmes cardiaques, pulmonaires, rénaux et d’autres problèmes de santé. Beaucoup sont en proie à des migraines chroniques et des troubles neurologiques en raison des brouilleurs d’ondes installés dans les cellules. Ils sont privés de tous médicaments. Même les traitements extrêmement chers achetés par leurs familles hors de la prison sont confisqués ou volés par les autorités carcérales.
Ces prisonniers politiques en grève de la faim, sont sous des restrictions permanentes, menacés d’être transférés à nouveau en isolement cellulaire, et d’y subir d’autres pressions de la part des autorités. Les prisonniers condamnés à mort sont aussi menacés d’être exécutés plus tôt, s’ils poursuivent leur grève.
Amnesty intervient
Amnesty International dénonce des « conditions inhumaines » dans un virulent communiqué. « Le fait que les conditions de détention soient devenues si précaires, à tel point que les prisonniers, désespérés, se sentent obligés de faire une grève de la faim pour exiger les normes les plus élémentaires de la dignité humaine, est déplorable et met en évidence l’urgence d’une réforme du système pénitentiaire cruel de l’Iran », a déclaré Magdalena Mughrabi, Directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.
« Les autorités iraniennes doivent veiller à ce que la nourriture, l’eau potable, les médicaments, les soins de santé et l’assainissement soient accessibles à tous les prisonniers de la prison de Radjaï-Chahr ».
« Le 30 juillet, environ 53 prisonniers politiques ont été transférés de force vers la section 10 de la prison de Radjaï-Chahr. Parmi eux, il y a des prisonniers d’opinion, notamment des défenseurs des droits de l’homme, des syndicalistes, des journalistes, des étudiants, des dissidents politiques pacifiques et des membres de la communauté bahaïe iranienne persécutés. »
Le lundi 21 août, le prisonnier Hassan Sadeghi a été hospitalisé dans le sud de Téhéran. Il souffre de glaucome en raison des coups sévères reçus aux yeux, par les autorités pénitentiaires. Les médecins craignent des vaisseaux éclatés et qu’il perde la vue. Ses yeux sont actuellement dans un état critique en raison de sa grève de la faim, et sa vue a considérablement baissé. Il a été arrêté en 2015 pour la troisième fois, pour son soutien à l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI, l’opposition démocratique) et condamné à 15 ans de réclusion. Beaucoup de gréviste de la faim n’ont plus la force de se tenir debout et se sont évanouis à plusieurs reprises.
Par ailleurs, Amir Qaziani, en grève de la faim, a été mis en isolement cellulaire.
Les autorités s’abstiennent de répondre à toute demande de la part des familles de ces prisonniers politiques, les laissant ainsi dans l’incertitude, alors qu’elles cherchent des réponses au sujet de leurs proches.
Le mouvement fait tache d’huile
En plus de l’attention des ONG de défense des droits humains comme Amnesty, les grévistes ont reçu le soutien des prisonnières politiques de la prison d’Evine, dans une lettre ouverte.
Les détenus politiques d’Ardebil ont envoyé une lettre de protestation à la Rapporteuse spéciale de l’ONU pour les droits humains en Iran, Mme Asma Jahangir, afin de lui indiquer qu’ils entamaient eux aussi une grève de la faim en solidarité.
La diaspora iranienne a lancé des grèves de la faim d’une journée en signe de soutien et de nombreuses actions de protestation pour alerter l’opinion publique dans les capitales européennes, et dans plusieurs villes du Canada et des Etats-Unis
A Paris, samedi 26 aout, un rassemblement est prévu en face du Quai d’Orsay de 14h à 15H. Il se tiendra à la fois pour saluer la mémoire des 30.000 prisonniers politiques exécutés durant l’été 1988 en Iran et en solidarité avec les prisonniers politiques actuels en grève de la faim.