CSDHI – En Iran, un éminent journaliste iranien a perdu un oeil et une partie de son visage en raison d’un cancer des sinus car il n’a reçu aucun traitement durant son incarcération, prétendent des militants.
Alireza Rajaee, ancien rédacteur politique d’un certain nombre de journaux réformistes iraniens interdits, a passé quatre ans en prison après avoir été reconnu coupable d’ avoir « agis contre la sécurité nationale » et de « propagande contre l’État » – vagues accusations utilisées contre des dizaines de journalistes, ces dernières années.
L’homme de 54 ans a été libéré en octobre 2015 et on lui a rapidement diagnostiqué un cancer, qui s’est propagé dans la mâchoire, l’œil droit et le palais. Il a fait six traitements de chimiothérapie et des sessions de thérapie des yeux au laser.
Les militants ont déclaré que ses requêtes pour être soigné avaient été ignorées à plusieurs reprises quand il était en prison. Les photos du journaliste dans un lit d’hôpital avec la moitié droite de son visage couverte d’un pansement ont provoqué un scandale sur les médias sociaux. Une autre image montre son visage avec une greffe de peau.
La Fédération internationale des journalistes (FIJ) a condamné la manière dont les autorités iraniennes ont traité le cas de Rajaee, affirmant dans un communiqué publié vendredi que le pouvoir judiciaire du pays était responsable des « complications qui se sont produites en raison du manque de traitements médicaux ».
« Le cancer de Rajaee s’est développé en prison parce que les autorités ne lui ont pas permis de recevoir un traitement dans l’hôpital local, selon ce qu’a déclaré sa femme, Leila Liaghat, à la FIJ.
« Son ancien camarade de chambre Hossein Ronaghi Maleki a également signalé au Centre pour les droits de l’homme en Iran (CHRI) que Rajaee se plaignait régulièrement de douleur dans l’œil droit et dans la mâchoire, mais le médecin de la prison ne lui a prescrit que des analgésiques et lui a dit qu’il n’avait aucune maladie ».
Le secrétaire général de l’IFJ, Anthony Bellanger, a exprimé ses inquiétudes au sujet d’autres journalistes encore incarcérés en prison, dont Ehsan Mazandarani. « Ce niveau de négligence des autorités, intentionnel ou autre, est totalement inacceptable et constitue une grave violation des droits de l’homme », a-t-il déclaré.
Rajaee, qui était également militant pour une alliance nationaliste-religieuse interdite, a été élu membre du Parlement en 1999, mais a perdu son siège après que le controversé Conseil des gardiens ait recompté et annulé des centaines de milliers de voix. Cela signifiait que Gholam-Ali Hadad-Adel, une importante personnalité politique conservatrice qui n’avait initialement pas obtenu de siège, l’a remplacé.
« Quand il était dans la prison d’Evine, les autorités ne lui ont pas permis de recevoir de traitement », a déclaré Liaghat, l’épouse de Rajaee, au CDHI. « Chaque fois qu’il allait à la clinique de la prison, ils le renvoyaient dans la section 350, après avoir obtenu seulement une piqûre ou des pilules. S’il avait été autorisé à aller à l’hôpital et à faire des tests, sa maladie aurait pu être diagnostiquée et traitée ».
Gholamhossein Mohseni-Eje’i, un porte-parole du pouvoir judiciaire iranien, a nié sa responsabilité, disant que Rajaee a développé un cancer « après l’achèvement de sa peine ».
La situation de Rajaee a mis en lumière le traitement des prisonniers politiques en Iran. Le CDHI et Amnesty International ont mis en garde contre les états de santé de dizaines de prisonniers politiques qui ont récemment entrepris une grève de la faim. Le mois dernier, l’Iran a condamné à mort un chef spirituel, Mohammad Ali Taheri, dans le cadre de ses activités en tant que fondateur d’un groupe appelé le « Cercle du Mysticisme ».
« Le fait que les conditions de détention soient devenues si médiocres, de sorte que les prisonniers désespérés se sentent obligés de faire une grève de la faim pour exiger que les normes les plus élémentaires de la dignité humaine soient appliquées, est honteux et souligne le besoin urgent de réformes du cruel système pénitentiaire de l’Iran », a déclaré Magdalena Mughrabi d’Amnesty International.
L’Iran est l’un des plus grands gardiens de prison au monde de journalistes. Reporters sans frontières a déclaré dans un rapport spécial publié cette semaine que l’Iran intensifiait une répression contre les journalistes iraniens travaillant à l’étranger pour des médias en langue perse, y compris BBC persan et Radio Farda. Plus de 150 journalistes iraniens basés à Londres travaillant dans le service persan de la BBC ont leurs biens personnels gelés en Iran.
Source : Les droits de l’homme en Iran