Human Rights Watch, le 28 octobre 2017 – Le Conseil tente d’éliminer un conseiller municipal zoroastrien élu équitablement. Alors que le gouvernement iranien disait avec insistance qu’il protégeait les droits des minorités religieuses devant l’Assemblée générale des Nations Unies mercredi 25 octobre, deux responsables iraniens sont apparus à la télévision pour défendre la décision d’un tribunal de suspendre un conseiller municipal zoroastrien de Yazd en raison de sa religion.
Les habitants de Yazd, une ville du centre de l’Iran, ont réélu le zoroastrien Sepanta Niknam en mai. Cela s’est fait malgré la tentative du Conseil des gardiens, l’un des organes les plus influents de l’Iran, d’interdire aux non-musulmans de se présenter aux conseils municipaux et ruraux dans les zones à majorité musulmane. Le Conseil des gardiens estime que Niknam doit être destitué.
Mais le parlement iranien, et non le Conseil des gardiens, est légalement habilité à sélectionner les candidats aux conseils municipaux et ruraux. Et le parlement insiste sur le fait que la loi iranienne permet aux candidats issus de minorités religieuses reconnues de se présenter comme candidats, s’ils « sont croyants et démontrent leur engagement vis-à-vis de leurs propres principes religieux dans la pratique ».
Seules quelques minorités religieuses, notamment les zoroastriens, sont reconnues par la Constitution. Et même les minorités religieuses reconnues ont été longtemps discriminées en Iran. Mais c’est un nouveau choc. Le Conseil des gardiens, dominés par les ultras et qui travaille sans relâche pour étendre son pouvoir, agit une fois de plus avec détermination pour supprimer les libertés explicitement protégées dans la Constitution iranienne.
Niknam a été suspendu par la cour de justice administrative, le 8 octobre, après qu’un candidat qui s’est présenté contre lui sans succès lors de l’élection, ait, selon certaines sources, déposé une plainte contre lui. Gholam Ali Sefid, le président du conseil municipal de Yazd, a refusé d’exécuter l’ordre, et Ali Larijani, le président du parlement, a qualifié la suspension d’illégale, déclarant que le parlement iranien demanderait la mise en place d’un groupe spécial pour résoudre le problème. Le ministère de l’Intérieur du président Hassan Rohani s’est rangé du côté du parlement pendant les élections, en maintenant le nom de Niknam sur le scrutin. Cependant, Rohani, qui supervise légalement la mise en œuvre de la Constitution, n’a pas encore réagi.
C’est un test pour toutes les autorités iraniennes de protéger les droits. La tentative du Conseil des gardiens de suspendre Niknam ne porte pas seulement atteinte à ses droits, mais elle s’oppose aussi à ceux qui ont voté pour lui – zoroastriens et musulmans – de choisir leurs représentants politiques.