CSDHI – Pendant le tremblement de terre de dimanche dernier, dans l’ouest de l’Iran, les habitations construites par l’Etat se sont effondrées, affichant les pratiques corrompues des constructeurs.
Cela a conduit à la spéculation que le bâtiment bâclé dans le cadre de la construction des logements gouvernementaux a conduit à un plus grand nombre de victimes du tremblement de terre.
Certaines des maisons qui se sont effondrées ont été construites dans le cadre d’un programme de logements abordables, lancé en 2011, par le président de l’époque, Mahmoud Ahmadinejad.
Cependant, la nouvelle aile de l’hôpital Imam Khomeini a été ouverte seulement l’année dernière. Plus de 100 lits ont été ajoutés dans un projet de construction de 1,272 millions d’euros qui avait mis plus de huit ans à être achevé et qui avait fait de l’hôpital le plus grand de la région. Pendant le tremblement de terre de 30 secondes, dimanche, la nouvelle aile s’est effondrée, alors que le bâtiment d’origine de l’hôpital, âgé de 40 ans, se trouvait à côté de l’épave, à peine endommagé.
Selon le parlementaire, Heshmatollah Falahatpisheh, un mandat d’arrêt a été lancé contre un entrepreneur responsable de l’hôpital récemment construit, comme l’a rapporté mardi l’agence de presse iranienne, Labour News Agency (ILNA).
Le séisme de magnitude 7,3 a tué plus de 500 personnes en Iran. Les responsables affirment que plus de 40 000 propriétés sont devenues inhabitables, y compris de nombreux hôpitaux publics nouvellement construits, des écoles, des complexes d’appartements et des casernes militaires. On ne sait pas combien de personnes sont mortes dans les constructions gouvernementales effondrées.
Cela a révélé ce que de nombreux Iraniens ont dit – la corruption au sein des organisations de l’Etat a conduit à des travaux de construction de mauvaise qualité et a saboté les infrastructures iraniennes.
Les médias d’Etat ont cité le président Rohani : « Qu’une maison construite par des gens (ordinaires) dans la région de Sarpol-e Zahab soit restée debout alors que devant un bâtiment construit par le gouvernement s’est effondré est un signe de corruption ». Il a déclaré lors d’une réunion de son cabinet : « Il est clair qu’il y a eu de la corruption dans les contrats de construction ».
La vérité a été démontrée dans la ville de Sarpol-e Zahab, la plus durement touchée par le séisme de magnitude 7,3 survenu dimanche. Une image diffusée sur les médias sociaux montre un bâtiment plus ancien avec relativement peu de dégâts à Sarpol-e Zahab, à côté d’un bâtiment récemment construit par le gouvernement et fortement endommagé.
Mercredi, Mohammad Hossein Sadeghi, le procureur général de Kermanshah, la plus grande ville de la zone sinistrée, a déclaré que la qualité de la construction des nouveaux bâtiments fortement endommagés ferait l’objet d’une enquête et que des poursuites pourraient être engagées contre toute personne considérée comme responsable. Il a déclaré à l’Agence de presse iranienne (ISNA) : « S’il y a des problèmes avec la construction, les personnes négligentes doivent répondre de leurs actes ».
Il a été rapporté que les permis de construire peuvent être achetés, et on permet aux développeurs d’économiser sur les normes de sécurité. Les connaisseurs allèguent que certains inspecteurs du contrôle de la qualité gagnent mieux leur vie avec des pots de vin qu’avec leurs salaires.
L’Iran a connu une forte augmentation d’accidents industriels ces dernières années. En fait, juste cette année, un gratte-ciel mal entretenu dans le centre de Téhéran a brûlé et s’est effondré, provoquant la mort de 20 pompiers. Il a été rapporté que le bâtiment n’avait pas de système de gicleurs. Un rapport du gouvernement a conclu que les organismes gouvernementaux n’avaient pas appliqué 22 règlements nationaux sur la construction. Personne n’a été puni.
Dans la ville de Boomehen, à l’extérieur de Téhéran, une quarantaine de gratte-ciels ont été érigés et ont eu des problèmes de construction.
Les analystes disent que le problème fondamental est la corruption généralisée. « Les institutions étatiques chargées de la lutte contre la corruption sont elles-mêmes corrompues », a déclaré l’économiste Saïd Laylaz. « Il n’y a pas de solution à court terme ». Il a souligné que le gouvernement n’avait pas payé les entrepreneurs pour leurs emplois, leur donnant à la place un i.o.u (une reconnaissance de dette) qui a rapidement perdu la moitié de sa valeur. « Naturellement la prochaine fois qu’ils obtiendront un travail, ils essaieront de tricher partout où ils peuvent », a déclaré M. Laylaz.
Un député local en colère, Ahmad Safari, originaire de la province de Kermanshah, dans l’ouest de l’Iran, a pris la parole dans une interview contre l’agence de presse semi-officielle ILNA. Il a dit qu’il croyait que le nombre de morts pourrait être à peu près le double du nombre officiel. « A mon avis, plus de 1000 personnes ont perdu la vie », a déclaré M. Safari. « Soixante-dix personnes ont été tuées dans une seule rue à Sarpol-e-Zahab. Plus de 250 personnes ont été tuées dans les appartements de Mehr. « Il faisait référence aux complexes résidentiels construits pour les pauvres ».
Safari a également critiqué le manque de fournitures de secours pour les victimes. Il a été ciré, déclarant : « Malheureusement, l’aide n’a pas encore été apportée à tous les villages, peut-être que 10 %seulement des villages ont des tentes ».
Source : INU, le 17 novembre 2017