ASHARQ AL-AWSAT – Il n’est pas étrange que l’Iran soit le seul pays au Moyen-Orient qui bloque des services considérés actuellement comme essentiels, à savoir, Twitter, Facebook et WhatsApp dans le cadre de sa politique d’interdiction permanente.
Téhéran perturbe même le signal de plusieurs chaînes de diffusion bloquant ainsi aux citoyens tout accès aux médias externes.
De toutes les applications internationales de médias sociaux disponibles, les Iraniens ne possèdent plus que l’application de messagerie Telegram.
Telegram a été créé par deux frères russes et son siège social se situe en Allemagne. Près de 40 millions d’Iraniens utilisent leurs messages vocaux, tandis que 20 millions utilisent l’application pour les textos. Étant la seule application disponible, ce service précieux est très recherché des Iraniens lesquels représentent jusqu’à un quart des utilisateurs de Telegram à travers le monde.
Mais alors, le gouvernement a réprimé la seule source de joie des Iraniens en bloquant la majeure partie des services de Telegram, précisément les messages vocaux sous prétexte de protéger la sécurité nationale.
La vérité est que le régime a bloqué l’application craignant que cela n’affecte le déroulement des prochaines élections ; une voie qui avait déjà été suivie.
Des milliers de candidats locaux sont « filtrés » selon les critères des « ecclésiastiques religieux démocratiques iraniens ». À la fin, seuls ceux dont ils seront satisfaits seront autorisés à se présenter aux élections. Ce n’est pas un système secret et, finalement, personne n’est autorisé à gagner les élections ou même à y prendre part si le guide suprême n’est pas d’accord.
Les élections de 2009 ont causé un grand embarras à l’échelle nationale et internationale parce que ceux qui s’étaient détournés de la direction étaient des personnalités agréées par les dirigeants du régime pour se présenter aux élections.
La direction suprême a décidé que Mahmoud Ahmadinejad deviendrait président et ils ont forgé les résultats en conséquence. Cela a mis en colère les candidats qui avaient de meilleures chances de gagner et cela a conduit à la célèbre révolution du « mouvement vert », au cours duquel beaucoup de personnes sont mortes ou ont été blessées et arrêtées. Le souvenir de l’insurrection a hanté les autorités qui croient que ce mouvement antagoniste massif n’aurait pas été possible, surtout à Téhéran, s’il n’y avait pas eu Twitter et Facebook.
En effet, alors, la chaîne Al-Arabiya dépendait presque entièrement des vidéos, des photos et des informations qu’elle avait reçues de ces deux plates-formes pour couvrir les événements iraniens après que les autorités aient fermé son bureau et expulsé son correspondant. Les résultats ont été étonnants ! Le régime était en pleine confusion après que les images des manifestations, des affrontements et des blessures aient été diffusées sur les médias internationaux.
Après avoir lu un rapport publié, il y a environ un mois, dans le Los Angeles Times, sur l’influence de Telegram à l’intérieur de l’Iran, j’ai senti la peur du régime et je m’attendais à son prochain coup. Le rapport mentionne que les autorités de sécurité ont déjà commencé à alerter les utilisateurs de messages politiques et obligeait quiconque possédait une chaîne de plus de 5 000 abonnés à obtenir un permis auprès du ministère de la culture. Le gouvernement a ensuite entamé une série d’arrestations des utilisateurs actifs de l’application.
L’Iran a maintenant fermé la plupart des services de Telegram dans l’espoir de contenir l’atmosphère des élections parlementaires et présidentielles, qui sont surtout un rappel de la même farce. Les résultats peuvent être partiellement ou complètement falsifiés, même après la filtration et la suspension effectuées durant les premières étapes de candidature.