CSDHI – « Une des prisonnières avec qui je parlais quand j’étais en prison en Iran était une jeune femme de 27 ans qui avait les dents toutes noires et le corps couverts de tatouages et de blessures d’auto-mutilation. Des inflammations apparaissaient ici et là sur sa peau. »
Dans ses souvenirs bouleversants de prison en Iran où elle a passé cinq longues années (2009-2014), la militante étudiante Shabnam Madadzadeh désormais réfugiée à l’étranger, esquisse des portraits à vif de jeunes femmes broyées par la violence des mollahs tant dans la société iranienne que dans le système carcéral qui ne leur laissent aucune chance.
« Fathi avait été arrêtée à l’âge de 17 ans pour avoir aimé. Aussitôt, elle avait été accusée de « relations illégitimes », arrêtée et incarcéré. En prison comme beaucoup d’autres filles dans son cas, elle était tombée dans la drogue ce qui avait entrainé des punitions vis-à-vis du règlement intérieur et lui avait ajouté des années supplémentaires derrière les barreaux.
« En prison, sans protection, vulnérables, les filles baignent dans une atmosphère hautement corrompues qui ne leur laissent aucune chance. Et le premier piège est tendu par les gardiennes qui les happent dans le circuit de la drogue, pour en faire des épaves.
« Avec la drogue, la violence est arrivée, avec les coups de poings et de couteaux, jusqu’au jour où dans cette jungle carcérale, lors d’une bagarre, elle a tué une prisonnière. Son cas ne s’est pas arrêté là. La violence engendrant la violence, au fil des ans, les meurtres se sont montés à trois, et en plus d’être droguée, elle est entrée dans le trafic de drogue. »
Fathi était une fille bien, se souvient Shabnam. Elle n’aurait jamais dû se retrouver dans une maison d’arrêt. Les mollahs misogynes, qui voient dans la femme un être malfaisant et qui font de la vie sexuelle le plus grave des péchés, ont créé un cycle infernal pour les femmes en Iran, une machine à les soumettre ou à les broyer. Shabnam, elle s’est révoltée, et beaucoup comme elle, ont choisi cette troisième voie.