CSDHI – Le chanteur iranien de pop, Arya Aramnejad, s’est vu interdire de s’engager dans toute activité musicale par le ministère de l’Orientation en l’Iran, a déclaré le Centre pour les droits de l’homme en Iran (CHRI).
« Après la formation du premier gouvernement Rohani en 2013, j’ai immédiatement contacté le ministère de l’Orientation pour essayer de reprendre mon travail dans un cadre légal … J’ai eu trois réunions avec un responsable du ministère qui voulait que je donne une interview et exprime mes remords pour mes opinions politiques » a déclaré Aramnejad. « Il a dit que j’étais bien et que j’étais un trésor national qui ne devait pas être freiné par la politique. Il a dit que si je coopérais, les coûts de ma production de musique seraient payés. Puis il a promis d’organiser un concert pour moi à la tour Milad de Téhéran. Je lui ai dit que je ne regrettais en rien mes chansons passées et que je ne donnerai aucun engagement ».
Frustré par l’interdiction de produire sa musique, Aramnejad s’est rapproché des médias sociaux pour révéler ses entretiens avec le ministre de l’Orientation d’alors, Ali Jannati.
« Dans les messages privés, Jannati m’a accusé de rechercher la gloire, mais j’étais déjà célèbre ; je n’avais pas besoin de me faire davantage de publicité », a déclaré Aramnejad au CHRI.
Quand Jannati a été remplacé par Abbas Salehi Amiri en octobre 2016, ce dernier a promis à Aramnejad qu’il pourrait reprendre ses activités artistiques, mais rien ne s’est passé.
Anciennement emprisonné pour la nature politique d’une partie de sa musique sous Ahmadinejad (2005-201313), le chanteur a déclaré au CHRI dans une interview le 27 septembre 2017 que le régime iranien maintient des lignes rouges qui peuvent faire atterrir des artistes en prison et la répression s’est poursuivie sous Rohani.
« Les autorités comprennent que la musique a un impact, plus grand que le cinéma et la littérature … et les institutions dirigeantes sont parvenues à la conclusion qu’il est bon d’autoriser la critique jusqu’à un certain point, par exemple contre le président ou l’affaire nucléaire, mais on ne doit pas aller au-delà de la ligne rouge et la traverser. C’est ce qu’un responsable du ministère de l’orientation m’a dit », a déclaré Aramnejad.
Dans l’entretien avec le CHRI, Aramnejad, basé à Bobol dans la province de Mazandaran, a détaillé son expérience avec le ministère de la Culture et de l’Orientation islamique, qui réglemente tous les médias et la production artistique en Iran.
« La semaine dernière, un directeur du ministère m’a contacté pour dire que, sur la base d’une lettre reçue d’une certaine agence, mes activités étaient suspendues jusqu’à ce qu’une décision soit prise à mon sujet », a déclaré M. Aramnejad. « J’ai demandé combien de temps allait durer cette suspension et on m’a dit qu’une réunion serait organisée dans un mois pour voir si je peux reprendre mon travail ou non ».
Aramnejad, âgé de 34 ans, a été brièvement détenu le 15 février 2010 pour sa chanson « Ali Barkhiz » (Ali, lèves toi !) contre les élections présidentielles contestées de 2009 en Iran. Il a été arrêté de nouveau le 8 novembre 2011 pour avoir continué à chanter des chansons politiques, notamment Deltangi (nostalgie).
Aramnejad a été libéré après avoir passé six mois dans le centre de détention du renseignement à Babol et 34 jours en isolement dans la prison de Mati Kola.
Il a également passé trois mois en prison en 2012 après avoir été condamné sur la base de l’article 500 du code pénal en Iran, qui stipule : « Quiconque s’engage dans une propagande quelconque contre la République islamique d’Iran ou soutient des groupes et des associations d’opposition, sera condamné de trois mois à un an d’emprisonnement ».
À partir de là, Aramnejad n’a pu continuer sa carrière professionnelle bien que n’étant pas sous le coup d’une décision du tribunal lui interdisant de poursuivre ses activités musicales.
Placé sous la pression des responsables administratifs de Rohani
« Depuis ma sortie en avril 2012, je n’ai pu publier une seule chanson », a déclaré Aramnejad au CHRI. « Le ministère de la Culture et de l’Orientation islamique m’a donné la permission de publier deux chansons d’amour, mais elles ne sont pas encore entrées en production. J’ai également soumis un album au ministère pour approbation l’année dernière. Certaines chansons sont romantiques ; d’autres possèdent des messages politiques et sociaux. Les autorités n’ont pas autorisé sa distribution. Ensuite, il y a trois mois, ils m’ont dit que les paroles de mes chansons étaient illisibles bien que nous les ayons dactylographiées, comme demandé.»
Le musicien a poursuivi : « Avant que Rohani n’arrive au pouvoir, les responsables du ministère avaient insisté pour que je signe un engagement à ne plus chanter de chansons politiques avant que mon travail ne soit approuvé », a-t-il déclaré. « Mais je ne signerai pas un tel engagement et il n’y avait pas de place pour une discussion ».
Après sa libération en avril 2012 et jusqu’à la première élection de Rohani en juin 2013, Aramnejad dit qu’il a été fréquemment convoqué au ministère du renseignement au sujet de ses déclarations sur les médias sociaux.
« Sous le gouvernement Rohani, il y a eu moins de sommations », a-t-il déclaré. « Mais l’année dernière, le superviseur de mon affaire au ministère du renseignement a changé. Le nouveau responsable m’a donné un ultimatum soit je me tais, soit une action judiciaire est engagée contre moi ».
Source : CDHI