Amnesty International : 12 décembre – « Leyla M. », qui a un âge mental de huit ans, risque d'être exécutée à tout moment pour des infractions relevant de la « morale», liées au fait qu'on l'a contrainte à se prostituer quand elle était enfant.
Selon un article publié dans un journal de Téhéran le 28 novembre, Leyla M. a été condamnée à mort par un tribunal situé à Arak, ville du centre de l'Iran, lorsqu'elle avait dix-huit ans, et la sentence a maintenant été transmise à la Cour suprême pour confirmation.
Selon un article publié le 5 mai 2004 dans le quotidien Khosaran, Leyla M. a été condamnée à la peine capitale après avoir été déclarée coupable d'« actes contraires à la chasteté ». Les autorités lui reprochent d'avoir tenu une maison close, d'avoir eu des relations sexuelles avec des parents et d'avoir donné naissance à un enfant illégitime. Elle doit subir une peine de flagellation avant d'être exécutée. Elle a apparemment « avoué » les faits qui lui sont reprochés. Cet article indiquait que son cas devait être examiné en appel. D'après les informations publiées dans l'article du 28 novembre, l'appel a eu lieu.
Selon ce second article, des travailleurs sociaux ont évalué les capacités mentales de Leyla M. à maintes reprises, concluant à chaque fois qu'elle avait un âge mental de huit ans. Toutefois, il semble qu'elle n'ait jamais été examinée par les médecins désignés par le tribunal, et qu'elle ait été condamnée à mort sur la seule base de ses « aveux », sans que ses antécédents ni sa santé mentale aient été pris en compte.
D'après l'article du 28 novembre, la mère de Leyla M. l'a forcée à se prostituer alors qu'elle n'avait que huit ans. La fillette a été violée à maintes reprises par la suite. Elle a donné naissance à son premier enfant à l'âge de neuf ans et a été condamnée à 100 coups de fouet pour prostitution à la même époque. Lorsqu'elle avait douze ans, sa famille l'a vendue à un Afghan pour qu'il en fasse son « épouse temporaire ». La mère de cet homme l'a à son tour contrainte à se prostituer, « vendant son corps sans son consentement ». À quatorze ans, Leyla, à nouveau enceinte, a reçu 100 autres coups de fouet, puis a été transférée dans une maternité, où elle a accouché de deux jumeaux. Au terme de ce « mariage temporaire », la famille de Leyla l'a vendue à un homme de cinquante-cinq ans, marié et père de deux enfants, qui faisait venir des « clients » pour la jeune femme à son domicile.
L'article n'indique pas que les proches de la jeune femme aient été poursuivis, pas plus que les hommes à qui elle a été mariée. Aux termes du droit iranien, en cas de « relations sexuelles avec un parent », les deux parties sont coupables. Or, les articles portés à la connaissance d'Amnistie internationale font uniquement référence à des poursuites visant Leyla M.