CSDHI – Les autorités iraniennes doivent prouver que leur participation au Conseil des droits de l’homme des Nations unies à Genève est plus qu’une simple opération de relations publiques, en interrompant les éventuels préparatifs en relation avec l’exécution d’un mineur délinquant présumé et en ordonnant une révision judiciaire de son cas, a déclaré Amnesty International.
L’exécution de Saman Naseem, membre de la minorité kurde d’Iran, après un procès manifestement inique qui s’est appuyé sur des «aveux» obtenus sous la torture, devait se dérouler un mois avant la session du Conseil des droits de l’homme prévue pour le 19 mars 2015. Saman Naseem n’a finalement pas été mis à mort, et les autorités ont refusé de révéler ce qui est advenu du jeune homme et où il se trouve.
Exécution reportée pour éviter les blâmes
«Nous craignons que les autorités iraniennes aient uniquement reporté l’exécution de Saman Naseem afin d’éviter les critiques et les blâmes lors de la session du Conseil des droits de l’homme, ce qui expose cet homme à un risque accru d’exécution une fois que l’examen sera terminé», a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.
«Les autorités iraniennes doivent prouver que leur engagement en faveur des droits humains est sérieux, et montrer qu’elles considèrent que leur participation à l’évaluation menée par les Nations unies est plus qu’un simple exercice de relations publiques. Elles ne doivent pas s’imaginer que retarder l’exécution de Saman Naseem ou y procéder en secret ne sera pas remarqué.»
Membre d’un groupe armé kurde
Saman Naseem a été condamné à mort en avril 2013 à Mahabad, dans la province de l’Azerbaïdjan occidental, en raison de son appartenance présumée à un groupe d’opposition armé kurde et de son implication dans des activités armées à l’encontre des gardiens de la révolution. Il avait 17 ans au moment des faits qui lui sont reprochés.
Lors de son premier Examen périodique universel (EPU) devant le Conseil des droits de l’homme, en 2010, l’Iran a accepté une recommandation l’incitant à «envisager d’abolir les exécutions de mineurs», qui sont explicitement interdites par la Convention relative aux droits de l’enfant.
Exécutions de mineurs délinquants
Les autorités iraniennes continuent cependant à procéder à l’exécution de mineurs délinquants. Elles ont par ailleurs rejeté des recommandations faites à l’occasion du deuxième EPU de l’Iran, qui les appelaient à renoncer à exécuter les condamnés à mort qui étaient mineurs au moment des faits qui leur sont reprochés.
«Condamner Saman Naseem à mort est contraire aux obligations de l’Iran aux termes du droit international, qui interdisent strictement l’exécution de mineurs délinquants», a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui.
Indignation mondiale
«La programmation de son exécution le mois dernier avait suscité l’indignation de personnes du monde entier qui savent qu’il est illégal et absolument injuste de mettre à mort un mineur délinquant.»
Saman Naseem a été transféré de la prison centrale d’Orumiyeh, dans l’ouest du pays, vers un lieu inconnu le 18 février 2015, veille de la date initialement prévu pour son exécution. Un mois d’incertitude a suivi pour sa famille, qui ne savait pas s’il était mort ou vivant jusqu’à ce que les autorités annoncent cette semaine à l’avocat de Saman Naseem que l’exécution n’avait pas eu lieu.
Famille tenue dans l’ignorance
Les représentants de l’État ont cependant refusé de dire où il se trouve. Il n’a pas été permis à sa famille de lui rendre visite ni de lui téléphoner. Il est emprisonné dans des conditions s’apparentant à une disparition forcée, qui est un crime au regard du droit international.
«Il est tout à fait cruel de la part des autorités iraniennes de tenir la famille de Saman Naseem dans la plus complète ignorance. Jouer de la sorte avec les émotions de cette famille est inhumain et dégradant, et est en soi une violation des droits humains», a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui.
Source : Amnesty International