CSDHI – À la fin du mois de juillet 1988 en Iran, Khomeiny, un tyran religieux d’une rare cruauté, rédigeait une fatwa ordonnant de massacrer les prisonniers politiques qui refusaient de se soumettre à lui. Des commissions de la mort ont été créées dans plus de 70 villes. Jusqu’à récemment, seuls les noms de ces exterminateurs à Téhéran avaient été dévoilés, Khomeiny les ayant désignés directement.
Les commissions de la mort étaient composées d’un juge religieux, d’un procureur et d’un représentant du ministère du Renseignement. Des individus comme les procureurs adjoints et les responsables des prisons ont joué un rôle direct dans l’application de la fatwa de Khomeiny et ont coopéré avec les commissions de la mort. Les juges religieux et les procureurs ont été désignés par le conseil judiciaire suprême qui était à l’époque dirigé par Abdul-Karim Moussavi-Ardebili.
Les identités d’au moins 59 responsables directs du massacre ont été révélées le 6 septembre 2016, dans une conférence de presse à Paris, par le Conseil national de la Résistance iranienne.
Parmi les 59 autorités dont l’identité a été établie, certains sont encore à des postes clés du pouvoir en Iran. Parmi eux, l’actuel Guide Suprême, le vice-président iranien des affaires juridiques, quatre membres du Conseil de discernement des intérêts de l’État, six membres de l’Assemblée des experts (l’organe décisionnel chargé de désigner le successeur du Guide Suprême) et au moins 12 hauts responsables du pouvoir judiciaire, dont l’actuel ministre de la Justice et les principaux commandants des forces armées. En outre, certaines des plus grandes institutions financières et commerciales d’Iran sont dirigées et contrôlées par les auteurs du massacre de 1988.
Liste non exhaustive des auteurs de ce crime contre l’humanité en Iran :
Ali-Akbar Hachemi Rafsandjani
Fonction au moment du massacre de 1988 : Président du Majlis (le Parlement iranien) et Commandant adjoint des Forces armées, numéro deux officiel du régime après Khomeiny.
Poste et fonction avant son décès en janvier 2017: Président du Conseil de discernement des intérêts de l’État ; membre de l’Assemblée des Experts.
Rafsandjani a été président du régime iranien de 1989 à 1997 et de l’Assemblée des experts de 2007 à 2011.
Mohammad Mohammadi Reyshahri
Fonction au moment du massacre de 1988 : Ministre du Renseignement
Poste actuel et fonction : Membre de l’Assemblée d’experts ; responsable du Fond de dotation Chah Abdul-Azim
Il également appelé, Mohammad Mohammadi-Nik. C’est lui qui a désigné tous les représentants du ministère du Renseignement et de la Sécurité (le VEVAK) dans les commissions de la mort. Après la révolution de 1979, il était à la tête du tribunal de la révolution de l’armée et a également été procureur de la révolution et procureur spécial pour le clergé. Il a prononcé des condamnations à mort en tant que juge du tribunal de la révolution contre Sadeq Qotbzadeh, Omid Najaf Abadi et Mehdi Hashemi. Il a été le premier à occuper le poste de ministre du Renseignement lors de sa création en 1984.
Mostafa Pour-Mohammadi
Fonction au moment du massacre de 1988 : Représentant du ministère du Renseignement à la Commission de la mort à Téhéran.
Poste actuel et fonction : conseiller du responsable du pouvoir judiciaire ; ministre iranien de la justice jusqu’en août 2017
Tous ceux qui ont été exécutés à Téhéran et Karaj ont été condamnés à mort conformément à ses verdicts.
En 2005, Human Rights Watch l’a accusé d’avoir commis des crimes contre l’humanité pour son rôle dans la Commission de la mort et l’a qualifié de ministre meurtrier.
Pour-Mohammadi a été cité le 28 août 2016 par l’agence de presse Tasnim : « Dieu a ordonné de ne montrer aucune pitié à l’égard des infidèles, car ils ne vous témoigneront aucune pitié et il ne devrait pas y avoir de pitié pour les membres de l’OMPI parce que s’ils le pouvaient, ils verseraient votre sang, ce qu’ils ont fait. … Nous sommes fiers d’avoir accompli le commandement de Dieu à l’égard des Moudjahidine du peuple et de nous être opposés avec courage et d’avoir combattu les ennemis de Dieu et du peuple ».
Ali Fallahian
Fonction au moment du massacre de 1988 : Vice-ministre du Renseignement
Poste actuel et fonction : membre du Conseil de discernement de l’Etat
Avant 1985, il était juge religieux dans les tribunaux du Khouzistan et il a été directement impliqué dans des tueries et des meurtres.
Il a été ministre du Renseignement de 1989 à 1997. Il a été membre de l’Assemblée des experts de 2007 à 2016.
Depuis le 7 novembre 2007, il est sur la liste des personnes recherchées par le pouvoir judiciaire argentin pour son rôle dans l’attentat terroriste de 1994 contre un centre communautaire juif à Buenos Aires. Interpol a publié une notice rouge à son encontre et contre d’autres suspects pour leurs rôles présumés dans l’attentat de 2007.
Il est également sous le coup d’un mandat d’arrêt international pour avoir planifié l’assassinat de dirigeants kurdes au restaurant Mikonos à Berlin en septembre 1992. Il a été jugé par contumace par un tribunal allemand.
Hossein-Ali Nayyeri
Fonction au moment du massacre de 1988 : Chef des tribunaux de la révolution de Téhéran, juge de la charia et chef de la « Commission de la mort » à Téhéran
Il a été nommé à la tête de la Commission de la mort de Téhéran sur l’ordre de Khomeiny. Selon son dauphin désigné, l’ayatollah Hossein-Ali Montazeri, le décret a été rendu le 26 juillet 1988 et stipule en partie :
« Dans toutes les prisons du pays, les personnes qui soutiennent fermement l’OMPI font la guerre à Dieu et sont condamnées à être exécutées ».
« La tâche d’appliquer le décret à Téhéran est confiée à Hojjatol-Eslam Nayyeri, juge de la charia, à M. Eshraqi, procureur de Téhéran, et à un représentant du ministère du Renseignement. »
Des sources fiables indiquent que la Commission de la mort a commencé ses activités le 28 juillet 1988 à la prison d’Evine de Téhéran. La commission opérait dans les prisons d’Evine et de Gohardacht à Karadj. Il est indiqué qu’ils auraient utilisé des hélicoptères pour faire rapidement la navette entre Evine et Gohardacht afin de prononcer les condamnations à mort.
Gholam-Hossein Mohseni-Ejei
Fonction au moment du massacre de 1988 : Le représentant du pouvoir judiciaire au ministère du Renseignement.
Poste actuel et fonction : Premier directeur adjoint et porte-parole du pouvoir judiciaire ; membre du Conseil de discernement des intérêts de l’Etat.
Il a joué un rôle actif dans le cercle de prise de décision, responsable de la mise en exécution des condamnations à mort.
Human Rights Watch a demandé qu’il soit jugé pour les crimes contre l’humanité commis pendant le massacre. En 2011, l’Union européenne l’a placé sur sa liste des sanctions pour son rôle dans de graves violations des droits humains et de persécution du peuple iranien lors des événements de 1988.
Ebrahim Raïssi
Fonction au moment du massacre de 1988 : Procureur adjoint de Téhéran ; membre de la « Commission de la mort » à Téhéran.
Poste actuel et fonction : Directeur du Fonds de dotation Qods Razavi ; Président du conseil d’administration de la cinquième Assemblée des experts ; membre du Conseil de Discernement des intérêts de l’Etat ; il a été candidat à la présidentielle en 2017.
Appelé aussi Seyyed Ebrahim Raïs al-Sadati (aussi appelé Seyyed Ebrahim Raïssi, Ibrahim Raeessi et Ebrahim Raeesi)
Au moment des exécutions de masse de 1988, il était à la tête du tribunal de la révolution chargé des prisonniers politiques. Apparemment, il a instruit les arrestations, la torture et l’exécution des membres des groupes politiques.
La campagne de Raïssi dans les semaines précédant l’élection de mai 2017 a continuellement envoyé des messages, via le réseau social Telegram, pour défendre le massacre de 1988.
Avec Raïssi à ses côtés, Yasser Moussavi, l’imam du vendredi à Varamin, a déclaré lors d’un meeting de campagne le 12 mai 2017 : « Ce grand personnage debout à côté de moi est fier d’avoir exécuté des membres de l’OMPI ».
Ali Khamenei
Fonction au moment du massacre de 1988 : Président de la République et décideur clef.
Poste actuel et fonction : Guide suprême
Khamenei et Ali-Akbar Hachemi-Rafsandjani ont travaillé aux côtés de Khomeiny pour lancer le massacre. L’ancien successeur de Khomeini, Hossein-Ali Montazeri, a déclaré dans une lettre à son mentor avoir demandé conseil sur ses décisions dangereuses à ces deux seuls individus.
Majid Ansari
Fonction au moment du massacre de 1988 : Chef de l’Organisation carcérale
Poste actuel et fonction : vice-président de l’Iran pour les affaires juridiques ; membre du Conseil de discernement de l’Etat
Ali Razini
Fonction au moment du massacre de 1988 : Chef de l’organisation judiciaire des forces armées ; membre de la « Commission de la mort » à Téhéran
Poste actuel et fonction : Chef de la 41ème section de la Cour Suprême
Khomeiny l’a chargé, le 24 juillet 1988, de « créer des tribunaux spéciaux pour juger des crimes de guerre dans toutes les zones de guerre et juger les coupables conformément à la charia, sans tenir compte des règles et règlements qui peuvent être restrictifs et gênants » ; et de « s’assurer que tout acte pouvant conduire à l’échec du front islamique soit puni de mort ».
Ahmad Khomeiny
Fonction au moment du massacre de 1988 : fils et chef d’état-major de l’ayatollah Khomeiny.
Poste actuel et fonction : décédé
Morteza Moqtadaï
Fonction au moment du massacre de 1988 : membre et porte-parole du Conseil supérieur de la magistrature
Poste actuel et fonction : Chef du séminaire religieux de Qom, membre de l’Assemblée des Experts
Il a commencé ses activités au sein de la magistrature en mars 1979, date à laquelle il a été nommé juge au sein des tribunaux révolutionnaires et il a été impliqué dans les tribunaux opérationnels de Téhéran, Qom, Khorramchahr, Abadan, Malayer et Zandjan.