CSDHI – Vendredi, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits humains a déclaré que les forces de sécurité iraniennes « tiraient pour tuer » des manifestants antigouvernementaux.
En novembre, l’Iran a connu des troubles populaires massifs. Des manifestations généralisées ont suivi la décision abrupte du gouvernement, le 15 novembre, d’augmenter les prix de l’essence. Ce qui a suivi a marqué l’une des répressions les plus violentes de l’histoire du régime.
Vendredi, la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits humains, Michelle Bachelet, a exprimé son inquiétude face au recours mortel à la force.
Elle a souligné le manque de transparence concernant les victimes des manifestations de novembre et a déclaré que le tableau émergeant d’Iran est « extrêmement inquiétant. »
« Munitions réelles contre des manifestants » devant la caméra
Les forces de sécurité ont répondu aux manifestants non armés avec des canons à eau, des gaz lacrymogènes, des matraques et des balles réelles. Selon certaines informations, le HCDH, la milice du Bassidj et le Corps des gardiens de la révolution islamique (les pasdarans) ont utilisé des balles réelles contre des manifestants.
« Des séquences vidéo vérifiées indiquent que de graves violences ont été exercées contre des manifestants, notamment des membres armés des forces de sécurité tirant depuis le toit d’un bâtiment du ministère de la justice dans une ville et depuis des hélicoptères dans une autre », a affirmé Mme Bachelet.
Elle a ajouté que le HCDH avait également reçu des images montrant des forces de sécurité tirant par derrière sur des manifestants non armés alors qu’ils s’enfuyaient et d’autres directement, « en d’autres termes, tirant pour tuer ».
Mme Bachelet a déclaré qu’au moins 7 000 personnes auraient été arrêtées dans 28 des 31 provinces iraniennes depuis le début des manifestations de masse le 15 novembre, disant qu’elle était « extrêmement préoccupée par leur traitement physique, les violations de leur droit à une procédure régulière et la possibilité qu’un nombre important d’entre eux pourraient être accusés d’infractions passibles de la peine de mort, en plus des conditions dans lesquelles ils sont détenus. »
Le Bureau des Droits de l’Homme des Nations Unies (HCDH) dispose d’informations suggérant qu’au moins 208 personnes ont été tuées au cours des cinq jours de manifestations, qui, selon des sources gouvernementales officielles, ont impliqué entre 120 000 et 200 000 manifestants. D’autres informations encore non vérifiées, indiquent que le nombre de décès a plus que doublé. Parmi ceux qui ont été tués, il y a au moins 12 enfants.
« Ils doivent entreprendre des enquêtes rapides, indépendantes et impartiales sur toutes les violations qui ont eu lieu, y compris le meurtre de manifestants et les décès et mauvais traitements signalés en détention », a souligné le chef des droits humains de l’ONU. « Et les responsables doivent être tenus pour responsables ».
« Dans de telles circonstances, avec autant de décès signalés, il est essentiel que les autorités agissent avec beaucoup plus de transparence », a déclaré Mme Bachelet.
Elle a souligné qu’il semble y avoir « de multiples violations du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, que l’Iran a ratifié et est obligé de respecter ».
« Aveux forcés »
Le HCDH a reçu de nombreuses informations faisant état de mauvais traitements contre des personnes arrêtées, notamment des aveux forcés.
« De nombreux manifestants arrêtés n’ont pas eu accès à un avocat, ce qui signifie que l’application régulière de la loi n’est pas respectée », a poursuivi Mme Bachelet. « Il a également été rapporté que des personnes blessées ou amochées lors de la répression se voient refuser un traitement médical en détention. »
Position américaine
« Alors que la vérité s’échappe de l’Iran, il semble que le régime aurait pu assassiner plus d’un millier de citoyens iraniens depuis le début des manifestations », a déclaré le 5 décembre le représentant spécial américain pour l’Iran, Brian Hook.
Source : INU