Photo: Ali Saremi
CSDHI – Akbar Saremi, un résident du camp d'Achraf en Irak et fils d'Ali Saremi, un prisonnier politique condamné à mort par le régime iranien, a fait le point sur la situation de son père dans une interview avec la télévisionVoice of America le 4 janvier. Ali Saremi a été arrêté pour avoir assisté à une commémoration du massacre des prisonniers politiques de 1988 en Iran. Il a été condamné à mort.
Voici un extrait de l'interview d’Akbar Saremi avec Voice of America en persan.
VOA : Nous passons maintenant au camp d'Achraf en Irak. Il y a un prisonnier bien connu en Iran, M. Ali Saremi, qui a été arrêté après avoir protesté contre le massacre de 1988. En 1988, beaucoup de prisonniers qui purgeaient encore leurs peines ont été exécutés. Le nombre de victimes dans les prisons a été de trois à vingt mille personnes, selon les informations. C’est pour avoir protesté contre cette mesure que l'ayatollah Montazeri a été destitué après avoir écrit une lettre à l'ayatollah Khomeiny. M. Ali Saremi avait été condamné à plus de 10 ans de prison et était incarcéré à l'époque. Il a récemment été jugé à nouveau et condamné à mort. Son fils se trouve au camp d’Achraf qui appartient aux membres et sympathisants de l'organisation des Moudjahidine du peuple d'Iran (OMPI) en Irak. Nous avons eu des reportages sur les événements dans ce camp. Nous allons à présent nous entretenir avec le fils de M. Saremi.
M. Saremi, des informations disent que votre père avait l'intention de vous rendre visite ou bien que c’est après vous avoir rendu visite qu'il a été arrêté. Confirmez-vous ces informations ? Qu'est-il arrivé exactement ? Pourquoi a-t-il été rejugé ? Si vous avez des informations à ce sujet, nous vous écoutons brièvement pour savoir pourquoi une telle sentence a été rendue.
Akbar Saremi : Oui, il y a trois ans après sa venue au Camp d’Achraf, mon père a été mis sous surveillance en Iran. En septembre 2007, après avoir parlé lors d'une cérémonie en hommage aux prisonniers politiques massacrés, il a été arrêté et transféré à la section 209 de la prison d'Evine. C'était la troisième fois qu’ils arrêtaient mon père. Il a passé plus de 20 années de sa vie en prison et connu les formes les plus brutales de torture. C’est à cause de ces tortures, qu’il souffre de douleurs au bas du dos qui le rendent incapable de marcher correctement. Il a également été victime d’une attaque cérébrale qui lui a laissé la moitié du corps meurtri. Le régime iranien a refusé de réexaminer le cas de mon père, au bout de deux ans et demi de prison. Mais, mardi dernier, il a soudainement été condamné à mort sans procédure régulière. Bien sûr, simultanément avec l'arrestation de mon père, ils ont aussi arrêté ma mère. Elle a été arrêtée pour avoir protesté contre la détention de mon père.
Permettez-moi aussi de mentionner que le régime iranien, comme beaucoup d'analystes l'ont noté, touche à sa fin et que le compte à rebours a commencé. C'est pourquoi, afin de survivre, il a décidé de réprimer le peuple et de massacrer les prisonniers politiques, y compris mon père.
Ils ont l'intention de répéter les crimes que Khomeiny a commis lors du massacre de 1988, comme vous l’avez mentionné, contre l'OMPI et les prisonniers politiques. Ils n’arrêtent pas de répéter que les récents soulèvements ont été planifiés par l'OMPI et que les slogans de l'OMPI ont été scandés dans les rues par le peuple. Ils utilisent le prétexte de Mohareb [en guerre contre Dieu] pour pendre et exécuter des personnes éprises de liberté comme mon père.
Vous avez probablement entendu dire que malgré les circonstances actuelles, mon père a envoyé une lettre de la prison qui est bien sûr plus détaillée, aussi si vous me le permettez, j’en lirai une phrase. Dans la lettre, dit-il, en ces jours qui commémorent l'imam Hussein, je lancerai une fois de plus le slogan inspiré par le guide des amoureux de la liberté partout dans le monde [l'imam Hussein] : si la voie de Mahomet et maintenant de notre pays ne connaitra la paix que par mon sang versé et celui des mes semblables, alors pendez-moi, emmenez-moi tout de suite !
Comme vous pouvez le voir, c'est une indication du courage et de la témérité du peuple iranien. La répression et les pendaisons n'ont jamais été capables d'empêcher le soulèvement du peuple iranien et ne le seront jamais.