CSDHI – Des images récemment publiées sur les médias sociaux montrent plusieurs nouvelles tombes creusées au-dessus des fosses communes du cimetière de Khavaran où les autorités avaient enterré des prisonniers politiques exécutés lors du massacre de 1988.
Des tombes creusées au dessus des fosses communes de prisonniers de 1988
Ces derniers jours, le régime a enterré au moins deux personnes dans ces tombes.
Le cimetière de Khavaran se trouve dans le sud-est de Téhéran. Les membres des minorités religieuses d’Iran, comme les chrétiens ou les bahaïs, sont enterrés là-bas séparément des musulmans.
Dans le cimetière de Khavaran, il y a une parcelle de terre non marquée. Là se trouve des fosses communes de centaines, voire de milliers de jeunes victimes exécutées à Téhéran lors du massacre de 30 000 prisonniers politiques de l’été 1988. Cette année-là, les autorités iraniennes ont pendu à la chaine des prisonniers, hommes et femmes, après un bref interrogatoire informel mené par une commission de la mort composée de trois hommes.
Ce lieu précis du cimetière de Khavaran est l’une des preuves du massacre de 1988.
Depuis les exécutions de masse, les parents et amis se rendent ce terrain vague transformé en immense tombe. En particulier chaque année, le dernier vendredi d’août ou le premier vendredi de septembre.
Le régime a tenté plusieurs fois de dissimuler son crime contre l’humanité
En 2008, des parents de personnes enterrées au cimetière de Khavaran ont signalé l’excavation de la parcelle et la plantation de végétaux au-dessus des tombes. Il s’agit en fait d’une tentative d’effacer les preuves des exécutions de 1988.
Les autorités iraniennes ont récemment interdit aux bahaïs de Téhéran d’enterrer leurs proches dans un espace qu’elles leur avaient précédemment alloué dans le cimetière. Elles font pression sur eux pour qu’ils utilisent le site d’enterrement collectif pour enterrer leurs proches.
Les autorités affirment qu’elles ont récemment vidé le site. Mais en réalité, elles détruisent des preuves cruciales. Elles empêchent toute possibilité d’obtenir justice pour ce massacre.
Il existe des dizaines de fosses communes contenant les dépouilles de prisonniers politiques en Iran, la plupart datant de la période 1981-1988. Presque toutes les tombes se trouvent dans des zones reculées. Il n’y a aucun nom ni pierre tombale.
Ces 40 dernières années, les mollahs ont essayé à plusieurs reprises (et dans certains cas, ils ont réussi) de détruire ces fosses communes. Celles-ci les lient au génocide de leur peuple, car elles devraient, si le monde fonctionnait comme il le devrait, être utilisées comme preuves dans leur procès à la cour internationale de La Haye. L’idée est de faire oublier ce qui s’est passé dans les prisons dans les années 1980. Et, notamment en 1988, lorsque les mollahs criminels ont tué 30 000 prisonniers politiques, en un été.
Des preuves détruites par des travaux de construction
La plupart du temps, des travaux de construction masquent cette destruction de preuves. Les mollahs iraniens espèrent ainsi que la communauté internationale ne regarde pas de trop près les routes construites dans des zones reculées. Il n’est pas nécessaire de regarder bien loin pour voir le problème. Deux des sites sont recouverts de ciment en forme de grands carrés. Cela aurait dû éveiller les soupçons. Les agents du régime ont recouvert d’autres fosses communes avec des détritus pour insulter encore plus les victimes et décourager les familles de s’y rendre.
En mai 2017, le régime a tenté de construire un boulevard au-dessus d’autres fosses communes à Ahwaz. Il a dû interrompre cette initiative à la suite d’un tollé des familles et d’une enquête de l’opposition iranienne. À peine un mois plus tard, les autorités ont promis de ne pas toucher les tombes lors de la construction de la route. Toutefois, en juin 2018, le gouvernement a remis ça. Il a rasé un charnier en moins de 24 heures. Il a ainsi détruit les pierres tombales avec de gros engins.
Ahwaz est un site particulièrement important pour les fosses communes. C’est là que le régime a enterré en 1981 le premier groupe de prisonniers politiques exécutés, suivi par de nombreux autres groupes au fil des ans. Ce que les images satellites rendent douloureusement évident.
Source : Iran HRM