CSDHI – Cette semaine marque le 26ème anniversaire d’un évènement dont on a peu parlé qui a eu lieu en Iran en 1988 sur la durée d’un trimestre. Entre juillet et septembre de cette année-là, environ 30.000 prisonniers politiques ont été exécutés après des simulacres de procès par un comité tripartite formé pour éradiquer l’opposition au régime de Khomeiny à la fin de la guerre Iran-Irak.
La cible principale du massacre était les Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI). Le régime iranien n’a jamais reconnu ces exécutions ni fourni d’informations sur le nombre de victimes.
La majorité des personnes exécutées purgeaient leur peine d’emprisonnement en raison de leurs activités politiques ou l’avaient déjà purgée mais restaient en détention. Certaines avaient été incarcérées, libérées puis à nouveau arrêtées avant fusillées.
La vague d’exécutions de prisonniers d’opinion a débuté à la fin du mois de juillet pour se poursuivre plusieurs mois sans discontinuer.Lorsqu’elle a cessé à l’automne, quelque 30.000 détenus politiques, dont l’immense majorité étaient des militants de l’OMPI, avaient été exécutés.
Sur la base d’un examen minutieux de preuves irréfutables qui comportaient des milliers de rapports et de documents, ainsi que des entretiens avec les familles des victimes, la Résistance iranienne a pu avancer le chiffre de 30.000 personnes ainsi exécutées au cours de ce seul massacre..
Cette atrocité colossale ayant été conduite dans le plus grand secret, les organismes internationaux n’ont pas eu connaissance de l’ampleur réelle de ce crime contre l’humanité, d’autant plus que dans de nombreuses prisons aucun prisonnier a été laissé en vie par crainte de fuite sur cette tragédie.
Au fil du temps cependant, de nombreux experts indépendants, des témoins et des personnalités politiques sont arrivés progressivement à cette vérité et en ont porté témoignage.
Déjà en 2008 un haut-fonctionnaire du ministère du Renseignements et de la sécurité (Vevak), qui a passé de nombreuses années à la prison d’Evine pour avoir dévoilé certains aspects des « meurtres en série » d’intellectuels iraniens par le régime, avaitréussi à faire parvenir une vidéo à l’étranger au Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki Moon.
Parlant des massacres de détenus politiques de 1988, il y disait : « L’atrocité de ce régime est telle qu’en 1988 en juste quelques nuits, plus de 33.700 prisonniers condamnés à des peines de cinq, deux ou une année d’emprisonnement ont été exécutés et enterrés dans des fosses communes avec des bulldozers. »
Malgré la perte totale de plus de 120.000 de ses militants exécutés en plus de trente ans par le régime iranien, l’OMPI constitue aujourd’hui l’une des principales organisations formant le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI). Ses actions se déroulent en Iran et à l’échelle mondiale. Il défend une politique de fermeté vis-à-vis du régime iranien, dénonce ses agissements et mène et encourage la résistance nationale.
Ayant fourni des détails sur les processus du massacre de 1988 et accusé chacun des responsables de l’époque, dont Hassan Rohani, l’actuel président du régime iranien, de complicité dans cette tuerie, l’OMPI fait l’objet d’une lutte acharnée du régime contre son influence grandissante.
Malgré cette répression impitoyable, l’OMPI occupe une place significative dans le paysage politique iranien.
Ces deux dernières années, le régime iranien a publié plus de 300 documents visant à discréditer l’OMPI. Il a aussi, dans ce but, organisé des rassemblements et des manifestations à destination de la jeunesse iranienne.
L’héritage du massacre de 1988 n’a cependant pas été occulté dans un simple but de propagande. L’OMPI reste sujette à une violente répression. Le 1er juin dernier, Gholamreza Khosravi, un militant de ce groupe d’opposition, a été exécuté et son corps enterré sans nom sur sa tombe parce qu’il entretenait des liens avec l’OMPI et l’avait aidé financièrement
Le cas de Khosravi a été soulevé par Amnesty International immédiatement avant et après son exécution, mais de nombreuses autres victimes de la répression politique en Iran n’ont pas eu d’échos dans les média occidentaux. Les auteurs de ces meurtres n’ont pas non plus été déférés devant une cour de justice.
Il est temps que le silence sur ce sujet depuis un quart de siècle cesse. Les Nations Unies doivent lancer une enquête indépendante sur l’un des crimes contre l’humanité les plus odieux après la seconde guerre mondiale.
Cette ouverture devient d’autant plus envisageable que la reconnaissance de l’OMPI par la sphère politique et l’opinion publique s’étend.
Le 27 juin dernier, des militants et sympathisants de la résistance iranienne venus du monde entier se sont rassemblés en masse dans le nord de Paris. Ceux qui avaient assisté aux meetings précédents ont indiqué que les participants augmentait constamment, doublant même pour les cinq dernières années.
Des observateurs extérieurs ont souligné que l’un des facteurs contribuant à cet engagement des sympathisants de l’OMPI, et qui met indirectement en avant le massacre de 1988, est qu’avec 30.000 personnes exécutées il y a 26 ans, pratiquement chacun des participants au rassemblement de cette année connaissait au moins une personne assassinée par le régime iranien.