CSDHI – L’exécution du condamné à mort de nationalité kurde, Saman Nasim, était prévue pour le 19 février, selon les autorités pénitentiaires de la prison centrale d’Urumieh. Pour la première fois, il a écrit une lettre décrivant ses conditions de détention et les tortures qu’il a endurées pour obtenir sa confession, sous la contrainte.
« La torture a commencé au moment où je suis entré dans ma cellule. Les murs de cette cellule étaient couverts de certains matériaux et sa conception visait spécifiquement à imposer la torture psychologique. Cette petite chambre, dans laquelle on ne peut s’allonger horizontalement, avait des toilettes avec des murs ouverts à une hauteur de 60 centimètres. Cette cellule faisait seulement 2 mètres de long et un demi-mètre de large. Tout était différent. Il y avait une caméra placée au-dessus de ma tête pour contrôler tous mes faits et gestes, même lorsque j’utilisais les toilettes. Ce n’était que le début de 97 jours de tortures et de souffrances. Pendant toute la durée de ma détention j’ai été placé sous toutes sortes de tortures au moyen de tout type d’instrument. Pendant les premiers jours, le niveau de la torture était si atroce qu’il m’était impossible de marcher. Tout mon corps était noir et bleu. Ils m’ont suspendu par les mains et les pieds pendant des heures. J’avais les yeux bandés pendant toute la durée des interrogatoires et de la séance de torture et je ne pouvais pas voir les agents responsables des interrogatoires et des tortures infligées ».
« Ils ont utilisé toutes les méthodes inhumaines et illégales pour me forcer à avouer. Ils m’ont dit à maintes reprises qu’ils avaient arrêté des membres de ma famille, y compris mon père, ma mère et mon frère. Ils me disaient qu’ils allaient m’enterrer comme mes amis, avec un bulldozer. Ils m’ont dit qu’ils allaient me tuer là et qu’ils couvriraient ma tombe avec du ciment. Quand je voulais dormir la nuit, ils m’empêchaient de me reposer en faisant beaucoup de bruit, et ce, en utilisant différents appareils, y compris en frappant constamment à la porte. J’étais dans un état entre la folie et la conscience. La totalité des 97 jours se sont déroulés ainsi, alors que je n’avais que 17 ans lors de mon arrestation. Je ne pouvais avoir aucun contact avec ma famille pendant cette période. Sous la pression et la torture, dans une mesure complètement inhumaine, ils m’ont bandé les yeux et alors que j’étais littéralement entre la vie et la mort, ils ont commencé à enregistrer mon interrogatoire. Je déclare que cet enregistrement et mon entretien ne sont qu’un mensonge et je réfute complètement cette interview ».
« Ensuite, ils ont diffusé sur une chaine d’actualité que j’avais été libéré et étais rentré chez moi. C’est alors qu’une peine de mort a été prononcée contre moi dans un scénario complètement pré-planifié. Après que ma décision a été annoncée le 16 février 2013 à Mahabad, j’ai été transféré à la prison centrale d’Urumieh sous haute sécurité, tout en étant insulté et harcelé par les agents. La peine de mort délivrée contre moi par le tribunal de la révolution de Mahabad a été approuvée deux ans plus tard par la Cour suprême. Ma demande d’un nouveau procès reste sans réponse et depuis ma condamnation a été confirmée. Elle peut être mise à exécution à tout moment ».
Source : Campagne internationale des Droits de l’Homme