CSDHI – Christriane Perregaux, professeur honoraire à l’université de Genève est intervenue la semaine dernière lors d’une conférence au Palais des Nations à Genève sur la situation des droits de l’homme en Iran.
La réunion, présidée par Parviz Solgi Khazai, représentant du CNRI en Scandinavie et membre de l’Association des juristes Norvégiens, se tenait en marge de la session du Conseil des Droits de l’homme des Nations-Unies avec la participation d’Elizabetta Zamparutti, du Nonviolent Radical Party – Transnational and transparty, Karen Parker, de l’International Educational Development, Farideh Karimi, de l’Association internationale des femmes pour les droits de l’homme (WHRIA) et Mostafa Naderi, ancien prisonnier politique iranien.
Dans son discours, Christriane Perregaux a déclaré: « Progrès ou recul des droits de l’homme en Iran ? M. Ban Ki-moon l’a dit dernièrement : la réalité c’est le recul des droits de l’homme. On se rend compte aujourd’hui qu’en Iran comme dans les pays dictatoriaux, il y a une recrudescence extrêmement importante des violations des droits de l’homme. La vie quotidienne placée sous ces violentes contraintes de l’Etat théocratique pris dans son sens le plus exécrable du terme comme nous l’avons dit : liberté d’expression, liberté d’information, droits des femmes violés, droit de réunion, d’habillement, droits des minorités, toute cette violence touche et s’acharne sur celles et ceux qui représentent une ouverture sur un monde libre. Nous l’avons vu : cinéastes, journalistes, jeunes, féministes, minorités, Moudjahidine du peuple.
Nous savons bien que l’Iran s’allie à l’Irak pour détruire le camp Liberty, détruire cette ouverture, cette démocratie et cette liberté qui est défendue dans ce lieu là.
Et avant alors ? Je reprendrais un ou deux éléments sous le chah : condamnation des opposants politiques, pour ne cibler que cela et rappeler que Massoud Radjavi avait été condamné à mort sous le chah. Sous Khomeiny, la chasse aux Moudjahidine et l’assassinat de plus de 100 opposants iraniens dans les années 1985-90, pour en venir à Kazem Radjavi, le frère ainé de Massoud, pour dire qu’il y aura 25 ans le 24 avril 2015 qu’il a été assassiné tout près d’ici.
Pour ceux qui l’ignorent, Kazem Radjavi a été assassiné par treize tueurs du gouvernement iranien tout près d’ici, à Coppet. Cette maison, l’ONU, où nous sommes, représentait pour lui l’espoir en Iran. Il y venait régulièrement dénoncer les violations par le régime des mollahs après en avoir été lui aussi un ambassadeur pour quelque temps. Il défendait les droits de l’homme. En fait il est devenu si dérangeant par sa pugnacité, ses interventions, que les mollahs ont décidé de le faire taire, définitivement, et de l’assassiner.
Mais je dirais en nous voyant ici qu’ils n’ont pas réussi. Le message de Kazem comme celui de tous les défenseurs des droits de l’homme qui ont déjà donné leur vie pour cette cause, ce message est toujours vivant.
Cet ami représentait le Conseil national de la Résistance iranienne dans cette maison et je dirais qu’il avait l’Iran libre et démocratique chevillé au cœur. Deux fois réfugié politique, sous le chah et sous Khomeiny. Sa détermination, sa force, son amour d’un Iran libre l’a tué. Mais tant d’autres sont assassinés pour la même raison, ou survivent. Certains survivent aujourd’hui, comme les habitants de Liberty, pour lesquels il faut absolument que nous réussissions aussi à les sauver et à faire reconnaitre leur statut de réfugiés.
On dit qu’Ahmadinejad faisait partie des hautes autorités iraniennes qui ont commandité l’assassinat de Kazem Radjavi. Donc le 24 avril 2015, 25 ans d’impunité. C’est le moment d’interpeller encore une fois la justice, nous sommes en Suisse, donc la justice vaudoise en charge de ce dossier et le gouvernement suisse. Peut-on imaginer que ce crime ne soit jamais puni ?
Mais pour reprendre cette question d’impunité, elle recouvre toutes les violations des droits de l’homme commises par le gouvernement des mollahs. On le voit dans les négociations et les discussions actuelles avec le régime iranien, il y a une forme d’impunité, de non-dit sur les violations des droits de l’homme qui sont absolument insupportables. »