CSDHI – « Je suis prête à donner ma vie pour arrêter l’exécution », cette phrase, cette mère l’a répétée lors de l’interview, à plusieurs reprises. « J’ai vieilli de 10 ans au cours des trois dernières années, sa soeur souffre de dépression, tout a changé dans notre vie, si mon fils était mort à Halabcheh ou mort dans un accident, cela ne serait pas aussi douloureux. L’exécution ne signifie pas seulement la mort d’une personne, elle représente la mort d’une famille, la mort de l’honneur et cela rend les gens honteux ».
Selon le rapport de l’agence des militants des droits humains (HRANA), Hadi est l’un des 100 prisonniers qui ont été condamnés à mort pour des crimes liés à la drogue. Sa peine a été confirmée en janvier et son dossier a été envoyé au bureau d’exécution des peines. Hadi attend à chaque instant, à chaque minute que les sirènes appellent son nom pour qu’il puisse dire adieu à ses amis pour la dernière fois.
La mère de Hadi a raconté l’histoire de son fils lors de l’entrevue : de soldat volontaire à victime d’armes chimiques, il a enfin été arrêté et condamné à mort. « Il avait 18 ans et comme beaucoup de jeunes de son âge, il s’est porté volontaire pour devenir un soldat et a quitté l’école. Son père et moi, nous n’étions pas d’accord avec lui. Il a servi son pays jusqu’à ce que nous apprenions qu’il avait été blessé par des armes chimiques. Après 20 jours à l’hôpital Kermanshah, il s’est à peu près rétabli, mais avait encore des problèmes respiratoires et cardiaques ».
A son retour, il a poursuivi ses études et a obtenu un diplôme et est devenu technicien en électricité. « Il s’est marié et avait une toute petite vie. Plus tard, nous avons réalisé qu’il était accro, même s’il travaillait encore. Il se battait avec sa femme, il a tenté deux fois de se faire soigner, mais il n’y arrivait pas, cela est resté comme ça, jusqu’à ce qu’il divorce 20 jours avant son arrestation ».
Hadi a été arrêté avec quatre de ses amis, dans sa maison, pour possession de drogues. Pendant deux mois, nous n’avons eu aucune nouvelle. Après que ces deux mois se soient écoulés, nous avons réalisé qu’il a été maintenu en détention à Kahrizak et que qu’il souffrait d’une infection pulmonaire. Ils l’aspergeaitent d’eau froide et le laissaient dans le froid de l’hiver. Deux mois après, il a été envoyé dans la prison de Ghezelhesar. Trois mois plus tard, quelqu’un nous a appelé de l’hôpital et nous a dit : « Votre fils est ici, il m’a donné votre numéro de téléphone, il a subi une chirurgie cardiaque et si vous le souhaitez, vous pouvez lui rendre visite ». Elle a dit qu’après Kahrizak, ses problèmes respiratoire et cardiaque s’étaient aggravés et qu’il avait subi deux opérations à cœur ouvert. Même en prison, il doit prendre beaucoup de médicaments de toutes sortes, « alors que sa peine n’a pas été délivrée et que nous voulions demander une mise en liberté sous caution et une permission, on nous a dit que probablement sa peine serait la mort et que la mise en liberté sous caution était refusée. Je leur ai dit, « même si nous présumons que sa peine sera la mort, vous ne devriez pas le laisser mourir comme ça ». L’administrateur du tribunal a dit : « pensez-vous que nous sommes, ici, en Suisse ? ».
Hadi n’a pas eu d’avocat pendant tout le procès et au bout de deux mois, il a pu contacter sa famille pour la première fois. Sa mère a dit même ces affaires de drogue sont devenus une source de fraude pour certains avocats. « Un premier avocat nous a dit de déposer 15 millions de tomans à son compte. Après cela, il n’a pas rendu visite à Hadi une seule fois, et il ne répond plus au téléphone ».
A propos du crime de son fils, elle a dit : « Il a peut-être dit qu’il était coupable, mais la peine n’était absolument pas juste. Même s’il était coupable, comment est-il possible que 5 personnes qui n’ont commis aucun crime, mais juste des actes répréhensibles, soient éliminées. Je suis sa mère, et pourtant je ne suis au courant de rien, s’il a été inculpé pour homicide, j’irai voir la famille de la victime, mais maintenant je ne peux rien faire ».
Elle a dit qu’à l’heure actuelle, elle suivait seulement les nouvelles liées à l’annulation de la condamnation à mort sur les accusations liées à la drogue. « Quand j’entends une bonne nouvelle je suis heureuse et quand quelqu’un me dit que la peine de mort devrait exister, mon point de vue s’obscurcie. Je crains qu’un jour j’apprenne que mon fils a été exécuté ou qu’un projet de loi peut être adopté, mais qu’ils me disent que la condamnation de mon fils a été prononcée avant ce projet de loi ».
Elle a dit qu’elle ne pouvait chasser l’image de l’exécution de son fils de sa tête et que cela devenait un cauchemar pour elle. Elle a ajouté qu’elle avait peur que si elle disait quelque chose, ils priveraient son fils de ses médicaments en prison ou le mettent sous pression.
Au cours de l’entrevue, elle a commencé à pleurer à plusieurs reprises, mais elle a continué. La dernière fois, elle n’arrivait pas à s’arrêter et a raccroché au téléphone.
Source : Hrana