CSDHI – Dans un bel éditorial ce 21 aout, le grand quotidien régional Ouest France s’insurge contre les exécutions, et braque les projecteurs sur le rythme affolant des potences en Iran. Le journal brise le silence sur le génocide en cours dans l’Iran des ayatollahs et demande justice pour toutes les victimes de la dictature religieuse. Respect !
« L’Iran chiite pend les apostats, avec une préférence marquée pour les opposants kurdes et les sunnites. L’un d’eux a laissé un message d’adieu diffusé sur les réseaux sociaux par des exilés (1). « Bonjour, je m’appelle Shahram Ahmadi… » Le jeune homme est mort assassiné, à 29 ans, le mardi 2 août.
Ce jeune kurde avait été arrêté le 26 avril 2009 pour avoir distribué des tracts. Il raconte ses années dans différentes prisons avant de passer en jugement en 2012 : « Cela a duré cinq minutes sans que je puisse me défendre. »
Son frère sera exécuté le 27 décembre 2012. Il apprendra sa propre condamnation en avril 2013, par un avocat commis d’office. Le motif de sa condamnation est le suivant : « La guerre contre Dieu (Moharebeh) et son prophète. » Le jeune homme, qui dit sa foi et n’a jamais tenu une arme en main, s’en remet aux procédures d’appel.
Au terme de trois nouvelles années de mascarade, le mollah Mohamad Moghisseh lui confirmera ses torts : « Vous êtes kurde, vous êtes sunnite et enfin vous avez agi contre notre régime. »
Cette pratique de la terreur remonte aux fondements de la République islamiste par l’ayatollah Khomeyni. Dans un entretien qui vient d’être rendu public, son ancien dauphin l’ayatollah Montazeri (écarté au bénéfice de l’actuel Guide Khamenei) évoque d’ailleurs le massacre de 30 000 prisonniers politiques l’été 1988. Montazeri qualifie ce massacre de « crime le plus terrible commis en république islamique ».
Il en désigne les responsables : les membres de « la commission de la mort » chargée de l’examen des dossiers des prisonniers politiques. Vingt-huit ans après le terrible été 1988, cette confirmation a d’autant plus de poids que les responsables de cette commission de la mort sont toujours au pouvoir : Mostafa Pour-Mohammadi est actuellement ministre de la Justice du président Rohani ; Hossein-Ali Nayeri est le chef de la Cour suprême compétent pour juger les magistrats ; Ebrahim Raïssi est le chef de la fondation d’Astane-Qods-Razavi, un des cartels religieux, politique et économique les plus puissants du pays. Ils sont les champions de la mort.
Quand rendront-ils compte de leurs actes et devant qui ? Contre le cynisme diplomatique et l’impunité dont ils jouissent, nous devons entretenir la mémoire de leurs victimes et soutenir ceux qui réclament justice. Au nom de Shahram Ahmadi et de tous les siens ; au nom de la vie demain.
(1) Source : Conseil national de la résistance iranienne.