CSDHI – Des douzaines de chercheurs et autres spécialistes de la protection de l’environnement, dont la célèbre primatologue Jane Goodall, ont défendu avec passion huit de leurs collègues arrêtés en Iran depuis janvier 2018 en l’absence de toute procédure régulière et accusés de crimes passibles de la peine de mort.
Dans une lettre ouverte publiée le 28 novembre 2018, 132 écologistes et éminents professeurs ont déclaré qu’ils défendaient « l’innocence des écologistes concernés » et ont exhorté les autorités iraniennes « à demander une appréciation juste et équitable des preuves, un accès aux avocats de leur choix et un procès transparent ».
« Certains d’entre nous sont prêts à fournir des preuves et des témoignages sur demande », ont ajouté les signataires dans une lettre adressée à plusieurs responsables iraniens, dont le Guide suprême Ali Khamenei, à l’émissaire en chef de l’ONU, Gholamali Khoshroo, et au chef du pouvoir judiciaire, Sadegh Larijani.
Le même jour, le procureur général iranien Mohammad Javad Montazeri avait affirmé que les détenus – tous les employés actuels et anciens de la Fondation du patrimoine faunique perse (PHWF) basée à Téhéran – s’étaient livrés à de l’espionnage parce qu’ils avaient installé des caméras pour suivre le guépard asiatique en danger.
« Depuis quelques années, les Etats-Unis et Israël infiltrent des zones sensibles et vitales du pays par le biais de leurs agents dans le domaine de l’environnement », a-t-il déclaré lors d’une réunion avec des religieux dans la ville de Qom, le 28 novembre.
« Ils ont installé des caméras afin de pouvoir surveiller un animal », a ajouté Montazeri.
Selon les experts de protection de la nature, les « pièges à caméra » – équipement de caméra activé à distance qui comprend un capteur de mouvement – constituent un « outil essentiel pour fournir une base essentielle aux stratégies scientifiques et de protection visant à préserver les espèces de l’extinction ».
Ils ont ajouté : « Tous les défenseurs de l’environnement en question ont consacré leur vie à la conservation de la faune et de la flore iraniennes, y compris du guépard asiatique en danger critique d’extinction. Tout au long de leur carrière, ils ont toujours promu l’image de l’Iran au sein de la communauté internationale pour la conservation et ont applaudi ses efforts pour conserver la faune sauvage tout en faisant face à de nombreux autres défis. Ils ont également inspiré les jeunes biologistes et écologistes iraniens à suivre leurs traces ».
Les prisonniers – Houman Jowkar, Taher Ghadirian, Morad Tahbaz, Sepideh Kashani, Niloufar Bayani, Amir Hossein Khaleghi, Sam Rajabi et Abdolreza Kouhpayeh – sont détenus avec un accès extrêmement limité à des avocats dans la prison d’Evine, de Téhéran, depuis leur arrestation par des pasdarans, les 28 et 29 janvier, malgré qu’ils aient été disculpés de l’accusation d’espionnage par le ministère du renseignement.
L’avocat Mohammad Hossein Aghasi, qui a officiellement été autorisé à représenter Rajabi, a déclaré au CDHI, le 22 octobre, que Ghadirian, Tahbaz, Kashani et Bayani avaient tous été inculpés de « corruption sur la terre », pouvant entraîner la peine de mort.
Khaleghi, Rajabi et Kouhpayeh n’ont toujours pas été inculpés.
Le président iranien du PHWF, Kavous Seyed-Emami, est décédé à la prison d’Evine dans des circonstances extrêmement suspectes, deux semaines après son arrestation avec les autres.
Personne n’a été tenu pour responsable de la mort de Seyed-Emami, que les autorités ont déclaré être un suicide avant même d’être autopsié, et son épouse, Maryam Mombeini (également canadienne), a été interdite de quitter l’Iran et interrogée à plusieurs reprises depuis le décès de Seyed-Emami.
En février 2018, peu après la mort de Seyed-Emami, l’ONU a publié une déclaration exhortant l’Iran à libérer les défenseurs de l’environnement (communément appelés par les médias écologistes, comme des environnementalistes) et à cesser de les arrêter arbitrairement.
« La détention et les sanctions des écologistes pour leur travail en faveur de la conservation et de la protection de l’environnement naturel ne peuvent être justifiées », a déclaré plusieurs experts des droits humains des Nations Unies dans leur déclaration commune.
« Nulle part dans le monde, y compris en l’Iran, la conservation ne doit être assimilée à de l’espionnage ou considérée comme un délit », ont-ils ajouté. « La détention de défenseurs des droits humains pour leur travail revêt un caractère arbitraire ».
Source : Le Centre pour les droits de l’homme en Iran, le 3 décembre 2018