CSDHI – Le prisonnier d’opinion Behnam Mahjoubi pourrait mourir s’il ne reçoit pas un traitement médical immédiat et complet.
Privation de traitement pour les prisonniers politiques et d’opinion
Les autorités le lui refuse depuis le début, a déclaré le Centre pour les droits de l’homme en Iran (CDHI) dans un communiqué aujourd’hui.
Le CDHI demande instamment aux autorités iraniennes de permettre à tous les prisonniers de recevoir des soins de santé complets et appropriés. Il demande aussi qu’on tienne les autorités judiciaires et pénitentiaires pour responsables lorsque ces soins sont refusés.
« Le refus systématique du système judiciaire iranien d’accorder un traitement médical approprié aux prisonniers est bien documenté. Tout comme les cas de prisonniers souffrant de préjudices irréparables en raison de cette politique », a déclaré le directeur exécutif du CDHI, Hadi Ghaemi.
La vie de Behnam Mahjoubi est en danger
« La vie de Behnam Mahjoubi est à présent en danger pour cette raison inacceptable », a ajouté M. Ghaemi. « Cette politique cruelle et inhumaine qui consiste à punir davantage les prisonniers en mettant leur vie en danger doit prendre fin. Nous devons mettre en œuvre une action législative ainsi qu’une condamnation internationale. »
Mahjoubi, membre de l’ordre soufi Gonabadi, sévèrement persécuté en Iran, a subi, pendant des mois, des tortures. Les autorités l’ont envoyé à l’hôpital Loghman de Téhéran, le 13 février 2021.
« Il y a quelques jours, la maladie neurologique de Behnam est réapparue. Il a eu plusieurs crises », a déclaré sa mère Batoul Hosseini. Elle a posté ce message vidéo, le 15 février, sur les réseaux sociaux. « Même si le médecin légiste avait conclu que Behnam ne pouvait pas supporter l’incarcération, le procureur l’a rejeté. »
Des crises d’épilepsie
« Après plusieurs crises d’épilepsie, il est tombé très malade la nuit dernière. Les agents carcéraux l’ont emmené au bureau de la prison. Je ne sais pas quel genre de pilule ils lui ont donné là-bas. Mais à 4 heures du matin, Behnam a perdu connaissance. Ils l’ont emmené à l’hôpital Loghman », a-t-elle ajouté. « Quand les proches l’ont découvert, ils sont allés à l’hôpital mais n’ont pas eu le droit de le voir. »
Le 16 février, l’Organisation des prisons d’État iraniennes a déclaré que Mahjoubi avait « des antécédents de maladie. » Elle a ajouté qu’elle l’a récemment empoisonné et immédiatement transféré dans un hôpital de Téhéran pour le soigner. »
« Le 31 janvier 2021, les autorités judiciaires ont conclu qu’en raison de la maladie du condamné, l’exécution de sa peine serait suspendue. A condition qu’une caution fixée à 200 millions de tomans (39 090 dollars US) soit versée pour le faire sortir de prison », a ajouté la déclaration.
Cependant, Mahjoubi est tombé gravement malade avant sa libération.
Il faisait des centaines de Derviches arrêtés en 2018
Mahjoubi fait partie des centaines de derviches soufis arrêtés lors de manifestations de rue à Téhéran en 2018.
Il purge une peine de deux ans de prison sous l’accusation de « collusion contre la sécurité nationale » dans la prison d’Evine de Téhéran depuis juin 2020. Il est resté en prison même après l’aggravation de son état de santé, à l’automne.
En septembre 2020, le médecin de la clinique de la prison a fait pression sur Mahjoubi pour qu’il prenne des somnifères. Apparemment, c’était pour contrôler son trouble panique. Après les avoir pris, il a convulsé et s’est partiellement paralysé, selon Amnesty International.
« Il a une paralysie partielle du côté gauche de son corps. Sa main gauche tremble. Et il est incapable de marcher sans aide », a déclaré Amnesty International dans un communiqué. « Il a entamé plusieurs grèves de la faim pour plusieurs raisons. Il dénonce son emprisonnement. Mais aussi, contre les traitements qu’il subit en détention, le refus de lui donner accès à des soins médicaux spécialisés en dehors de la prison pour ses crises et sa paralysie et la rétention périodique de médicaments. »
Les prisonniers politiques en Iran, y compris les détenus âgés, sont victimes de traitements sévères. Cela inclue souvent le refus de soins médicaux. Les autorités utilisent la menace de refus de soins médicaux. Leur but est d’intimider les prisonniers qui contestent les autorités ou déposent des plaintes.
Condamnations internationales
Les Nations unies ont exprimé de sérieuses préoccupations concernant le refus continu de l’Iran de fournir des soins de santé appropriés aux détenus, malgré les appels répétés.
L’Ensemble de règles minima pour le traitement des détenus des Nations Unies stipule que « … Lorsque des installations hospitalières sont fournies dans un établissement, leur équipement, leur mobilier et leurs fournitures pharmaceutiques doivent être appropriés pour les soins médicaux et le traitement des prisonniers malades. Et il doit y avoir un personnel composé d’agents qualifiés et appropriés. »
Le règlement carcéral iranien est également explicite en ce qui concerne les soins médicaux aux prisonniers. L’article 118 stipule que « l’examen et, le cas échéant, le traitement des condamnés malades est de la responsabilité de la prison ou du centre de formation. »
Pourtant, la nature grossièrement inadéquate du « traitement » fourni dans les prisons iraniennes est apparente. Il n’y a qu’à consulter les témoignages des prisonniers et les cas documentés de refus de soins médicaux.
Source : Centre pour les droits de l’homme en Iran