CSDHI – Derrière la libération de deux détenus britanniques se cache une vérité cachée.
Libération des deux détenus britanniques
Nazanin Zaghari-Ratcliffe, chef de projet à la Fondation Thomson Reuters, a été arrêtée dans un aéroport de Téhéran en avril 2016. Plus tard, elle a été condamnée par un tribunal iranien pour avoir comploté en vue de renverser le régime clérical. Nazarin Zaghari-Ratcliffe a purgé la majeure partie de sa première peine dans la prison d’Evine à Téhéran. Elle a été libérée en mars 2020 pendant la pandémie de coronavirus. Elle a été maintenue en résidence surveillée au domicile de ses parents à Téhéran. En mars 2021, elle a été libérée de son assignation à résidence mais a été de nouveau convoquée au tribunal pour de nouvelles accusations. En avril 2021, Zaghari-Ratcliffe a été condamnée à une nouvelle peine d’emprisonnement pour propagande contre le régime iranien, accusations qu’elle nie.
Anousheh Ashouri, un homme d’affaires irano-britannique, libéré mercredi, a été arrêté en 1996 alors qu’il se rendait en Iran pour rendre visite à sa mère. Un autre détenu, Morad Tahbaz, a également été libéré de prison mais n’a pas encore été autorisé à quitter l’Iran.
L’Iran ne reconnaissant pas la double nationalité, ces détenus britanniques se voient refuser les services consulaires.
« Je suis très heureux de confirmer que la détention injuste de Nazanin Zaghari-Ratcliffe et d’Anousheh Ashouri en Iran a pris fin aujourd’hui. Ils vont maintenant rentrer au Royaume-Uni », a déclaré le Premier ministre Boris Johnson sur Twitter.
Richard Ratcliffe, le mari de Mme Zaghari-Ratcliffe, des membres de sa famille et des sympathisants avaient mené une campagne inlassable pour obtenir sa libération.
La rançon
L’agence de presse iranienne Fars a déclaré que les détenus britanniques, Mme Zaghari-Ratcliffe et M. Ashouri, avaient été libérés après le paiement par la Grande-Bretagne d’une dette historique de 400 millions de livres (471 millions d’euros) pour leur libération.
Les ministres des affaires étrangères d’Iran et de Grande-Bretagne ont confirmé que la dette de Londres envers Téhéran avait été réglée. La ministre britannique des affaires étrangères, Liz Terrace, a déclaré dans un communiqué que la dette du pays envers l’Iran avait été remboursée et que « ces ressources seraient utilisées exclusivement pour acheter des articles humanitaires. » Le ministre des Affaires étrangères de la République islamique, Hossein Amir-Abdollahian, a également annoncé que la dette britannique envers l’Iran avait été reçue « il y a quelques jours. » Dans le même temps, il a qualifié d' »incorrect » le lien entre le règlement de cette dette et la libération des deux détenus britanniques. »
La « diplomatie des otages » de l’Iran
Le ministère du renseignement du régime continue de cibler des personnes sur la base d’accusations d’espionnage vaguement définies, mais l’Organisation du renseignement des pasdarans, dirigée par Hossein Taeb, semble s’être imposée comme la principale agence de sécurité pour réprimer la dissidence et les menaces perçues contre le contrôle autocratique des organes politiques non élus de la République islamique, en étendant sa portée aux ressortissants étrangers et aux doubles nationaux.
Au cours des 43 dernières années, la République islamique a pris en otage ou détenu de nombreux étrangers et doubles nationaux. Les agences de sécurité arrêtent des visiteurs occasionnels ou des touristes sur la base d’accusations vagues et forgées de toutes pièces d’espionnage ou d’activités anti-régime. En général, les personnes détenues sont échangées contre de l’argent ou la libération de certains Iraniens emprisonnés en Occident pour des activités illégales. Ces dernières années, l’Iran a détenu un nombre croissant de ressortissants étrangers et de personnes ayant une double nationalité, sur la base d’accusations d’espionnage vagues et non fondées. Cette situation s’inscrit dans une tendance alarmante selon laquelle ces personnes sont ciblées et utilisées comme monnaie d’échange pour servir les intérêts de la politique étrangère iranienne. Selon Human Rights Watch, les autorités iraniennes « ont violé le droit des détenus à une procédure régulière. Elles ont procédé à des arrestations à caractère politique. » Cette utilisation de la « diplomatie des otages » est rapidement devenue un outil normalisé de la politique iranienne.
Détention arbitraire et violations des droits de la défense
En 2018, Human Rights Watch a examiné les cas de 14 ressortissants binationaux ou étrangers arrêtés par les pasdarans (IRGC) de l’Iran, en compilant des preuves provenant d’anciens détenus, d’avocats, de membres de la famille et d’experts politiques iraniens. Ils ont constaté un manque choquant de preuves pour les accusations d’espionnage, la majorité d’entre eux étant accusés de « coopération avec des États hostiles » sur la base de liens déformés avec diverses institutions légitimes.
L’examen a révélé un refus systématique de conseiller juridique aux détenus, en particulier pendant la phase d’enquête, ce qui équivaut à de graves violations des droits de la défense. En conséquence, des aveux obtenus sous la contrainte sont souvent utilisés comme preuves par les tribunaux révolutionnaires.
Une monnaie d’échange pour le régime iranien
Il est clair que l’Iran continue d’utiliser les ressortissants étrangers et les personnes ayant une double nationalité comme un outil de marchandage politique. Malgré l’absence alarmante de preuves, l’Iran accuse souvent des personnes d’espionnage et met en avant des problèmes de sécurité nationale. Des procès inéquitables, souvent menés dans une langue que les accusés ne comprennent pas, l’absence d’un avocat choisi par la victime, des condamnations disproportionnées, des mises en isolement de longue durée et des interrogatoires conduisant à des aveux forcés parfois télévisés, ont été documentés.
La détention de personnes ayant la double nationalité et d’étrangers est apparemment délibérée et systématique. Elle doit être largement condamnée. L’Iran ne peut être autorisé à utiliser des êtres humains comme des pions sur son échiquier politique.
L’article 9 de la Déclaration universelle des droits humains consacre le droit de tout individu à ne pas faire l’objet d’une arrestation, d’une détention ou d’un exil, arbitraires, tandis que l’article 10 consacre le droit de tout individu à ce que sa cause soit entendue équitablement et publiquement par un tribunal indépendant et impartial lorsqu’il est confronté à des accusations criminelles.
On ne peut analyser la libération des citoyens britanniques de l’emprise des mollahs et de leurs notoires pasdarans sans tenir compte d’autres paramètres, dont les négociations de Vienne, qui sont toujours en suspens. L’Iran, qui cherche désespérément à conclure un quelconque accord avec les puissances occidentales pour se libérer des sanctions et de l’asphyxie économique, même pour une courte période, est prêt à offrir différentes incitations et à danser sur différents airs.
Apaiser un régime terroriste, illogique, brutal et trompeur, sous quelque forme que ce soit, ne fera que renforcer le régime et le rendre plus agressif. On ne peut en aucun cas faire confiance au régime des mollahs. C’est ce que l’histoire nous enseigne. Il nous appartient de l’écouter et d’en tirer profit ou de l’ignorer et d’en payer le prix fort.
Source : Iran News Wire