CSDHI – Plusieurs dizaines de membres de familles de prisonniers d’opinion iraniens se sont rassemblés mardi près de la présidence à Téhéran pour dénoncer des violences commises selon eux la semaine dernière contre leurs proches détenus, a rapporté un site d’opposition iranien.
Selon le site kaleme.com, plusieurs prisonniers ont été violemment frappés le 17 avril lors d’une fouille des cellules dans la section 350 de la prison d’Evine (nord de Téhéran), où sont détenus des prisonniers d’opinion.
Kaleme a mis en ligne une vidéo du rassemblement où les manifestants crient Evine est devenu la Palestine, gouvernement, pourquoi ne fais-tu rien’, en référence aux violences commises par Israël contre les Palestiniens.
Selon le site, les familles ont demandé à discuter de l’incident avec des représentants du gouvernement iranien et à obtenir une réponse du président Hassan Rohani qui avait promis lors de son entrée en fonctions en août 2013 que son gouvernement rendrait des comptes à la population.
Douze prisonniers ont entamé une grève de la faim pour protester contre les violences, ajoute Kaleme.
La présidente du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI, opposition en exil), Maryam Radjavi, a réclamé l’ouverture d’ une enquête internationale et indépendante sur cette attaque sauvage, dans un communiqué à Paris.
Elle a salué la résistance et la détermination des prisonniers politiques face à la dictature religieuse en Iran et la ténacité des familles à faire entendre la voix des détenus politiques.
Plusieurs membres des moujahidine du peuple, principale composante du CNRI, ont notamment été battus par les policiers lors du raid, selon l’organisation, ainsi que des membres de la minorité religieuse des Derviches.
Dans un communiqué, l’organisation de défense des droits de l’Homme Amnesty International s’est dite inquiète pour la sécurité des prisonniers après les violences qui auraient fait une trentaine de blessés dont quatre ont été hospitalisés.
Les autorités ont démenti ces accusations. Il n’y a eu aucune agression de la part des agents. C’est totalement faux, a affirmé Gholamhossein Esmaïli, le chef de l’Organisation des prisons, cité par l’agence Fars.
Selon le ministre de la Justice, Mostapha Pour-Mohammadi, un ou deux prisonniers ont subi des blessures légères en résistant aux gardiens effectuant la fouille.
Lors de l’inspection, des tablettes tactiles et des téléphones portables utilisés par les prisonniers pour envoyer des informations mensongères aux médias étrangers et contre-révolutionnaires ont été découverts, a par ailleurs affirmé Hossein Sobhani-Nia, membre de la Commission des Affaires étrangères et de la sécurité nationale du Parlement.
Selon les médias iraniens, neuf députés ont toutefois demandé au ministre de la Justice de suivre cette affaire, estimant les explications officielles insuffisantes, selon l’agence Isna.
D’autres parlementaires ont souhaité se rendre à la prison d’Evine pour enquêter.
L’ONU et plusieurs ONG des droits de l’Homme dénoncent régulièrement la situation dans les prisons en Iran.
L’élection du président modéré Hassan Rohani en juin 2013 a fait naître des espoirs de changement. Mais le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme s’est alarmé en février de la recrudescence de l’application de la peine de mort, en particulier à l’encontre de prisonniers politiques et de membres de minorités.
(©AFP / 22 avril 2014)