Le Wall Street Journal, le 3 septembre 2014 – Les dirigeants iraniens se préparent pour une autre visite à l’Assemblée générale des Nations Unies à New York ce mois-ci, mais beaucoup de leurs citoyens ne vont nulle part car ils languissent dans les prisons du régime pour des délits politiques. Un cas notable est celui de Farshid Fathi, un pasteur chrétien évangélique qui, cette semaine va passer son 35ème mois en prison.
Les services de Renseignements ont arrêté le pasteur Fathi en décembre 2010. Ce père de deux enfants a passé une année en cellule d’isolement et de semi-isolement dans le quartier 209 de la prison d’Evine, réservée aux politiques. Il a été interrogé pendant des heures et soumis à des sévices psychologiques, selon un chrétien iranien converti ayant également passé du temps en prison pour ses convictions et qui réside actuellement dans le pays et connait le cas du pasteur Fathi.
Un tribunal révolutionnaire de Téhéran a condamné en février 2012 le pasteur Fathi pour atteinte à la sécurité nationale et l’a condamné à six ans de prison. Plus récemment, il a été transféré à la prison de Radjaï-Chahr dans la périphérie de Téhéran, où il partage une cellule avec des toxicomanes et d’autres criminels de droit commun qui le harcèlent régulièrement et le menacent. Quand il s’est enquis de la raison de ce dernier transfert, le pasteur a dit que c’était parce qu’il chantait des cantiques chrétiens.
Le régime iranien connait très bien la valeur politique du châtiment et de l’humiliation, et dans le cas du pasteur Fathi sa peine de prison ferme est destinée à envoyer un message à ses partisans. Les communautés chrétiennes traditionnelles d’Iran, comme les Arméniens orthodoxes et les Assyriens, sont protégées conformément à la constitution de la République islamique à titre de « gens du Livre ». Cependant, leur vie quotidienne est soumise à diverses restrictions légales. Leurs écoles et leurs activités religieuses sont étroitement surveillées, et ils ne peuvent occuper de postes de direction dans la plupart des institutions publiques.
Les convertis au christianisme reçoivent le traitement le plus dur depuis que les tyrans de Téhéran ne tolèrent pas que les chiites abandonnent la religion officielle. L’apostasie est punie de mort en vertu de la charia, et les Bibles en persan sont interdites (même si les éditions de contrebande peuvent être achetées dans certaines librairies). Cependant, Internet a rendu à Téhéran la tâche plus difficile dans sa traque des chrétiens évangéliques, et les conversions, selon certaines estimations, touchent jusqu’à 500 000 croyants iraniens.
Des combattants de l’Etat islamique en Syrie et en Irak ont récemment donné au monde une image de violences contre des religions minoritaires. Le cas du pasteur Fathi rappelle que la persécution est également menée par des Etats, une vérité à garder à l’esprit alors que les dirigeants du monde prennent le thé avec les dictateurs de l’Iran.