CSDHI – « Monsieur le Premier ministre, dans la culture persane, si quelqu’un achète des marchandises à un voleur, son délit est plus grave que celui du voleur ». Le célèbre détenu politique Saleh Kohandel, incarcéré depuis plus de dix ans près de Téhéran, a écrit au Premier ministre italien pour le dissuader de se rendre en Iran. Une lettre qui lui coûte cher en termes de nouvelles sanctions :
Monsieur le Premier Ministre italien,
Nous avons appris que vous avez l’intention de vous rendre en Iran dans quelques jours avec une délégation commerciale. Cette visite intervient alors que nul n’ignore – même les personnes ordinaires et apolitiques – que toute l’agonie du Moyen-Orient, de la Syrie à l’Irak, au Yémen et ailleurs, est causée par les mollahs au pouvoir en Iran. Ce n’est donc pas quelque chose qui vous est caché, vous qui êtes à la tête d’un grand pays comme l’Italie.
Cependant, il semble que le parfum du pétrole et des dollars ait affecté vos sens, vous rende ignorant de la situation politique la plus évidente et vous empêche d’entendre les cris de millions de personnes sans abri en Syrie, en Irak, au Yémen, etc. Les droits humains en Iran et des peuples de la région n’ont pas d’importance à vos yeux. Maintenant que vous préférez ignorer ces faits pour rêver d’énormes profits pétroliers, en tant que détenu politique ayant passé plus de dix ans dans les prisons de ce régime, je voudrais vous informer que si vous voulez venir dans notre pays occupé, les contrats que vous signerez n’auront rien à voir avec le peuple iranien et que vous ferez seulement affaire avec les bouchers de l’Iran qui ont pris 70 millions de personnes en otage.
Monsieur le Premier ministre, dans la culture persane, si quelqu’un achète des marchandises à un voleur son délit est plus grave que celui du voleur.
Monsieur le Premier ministre, dans quelle langue le peuple iranien doit-il vous dire que les mollahs au pouvoir ne le représentent pas? Il semble que le problème ne vienne pas de la façon dont nous le disons, mais du monde qui soutient les dictateurs jusqu’à leur dernier souffle ; et vous n’en êtes pas différent. Je souhaite que vous puissiez entendre la voix des opprimés au lieu de celle des dictateurs de sorte que dans l’Iran libre de demain on pense du bien de vous. Soyez sûr que l’Iran libre de demain n’est pas loin. L’histoire du peuple iranien va vous ouvrir une page sombre où vous ne serez pas honoré.
Monsieur le Premier ministre, la douleur dont nous souffrons à cause de votre complaisance est si atroce que nous ne vous ferons plus de demandes, mais que nous crierons après vous et dirons à votre peuple les malheurs que vous nous avez apportés.
Saleh Kohandel,
prisonnier politique à la prison de Gorhardacht