CSDHI – Voilà neuf ans que Saleh Kohandel croupit dans les prisons des mollahs en Iran, uniquement pour avoir refusé de passer à la télévision pour calomnier publiquement l’opposition démocratique, les Moudjahidine du peuple d’Iran, et pour son lien de parenté avec deux jeunes résistants assassinés.
C’est en quelques phrases simples que sa fille Paria, âgée de 20 ans, raconte son enfance dans les parloirs de prison. « Je jouais à courir dans la poussière des parloirs. Je faisais le trajet hebdomadaire pour aller voir mon père dans les prisons de Gohardacht et d‘Evine. Papa me disait : « Paria, mon ange, vis 20 minutes par semaine! ». Pendant ces 20 minutes, je cherchais à travers les vitres poussiéreuses, l’éclat de ses yeux quand il me parlait de la liberté ! Il était passionné et je me demandais d’où venait cette passion ! »
Désormais réfugiée en Europe, Paria remonte le temps jusqu’à l’arrestation de son père le 4 mars 2007. « J’étais alors une fillette de 8 ans, impatiente. Ce jour-là j’étais plongée dans mes rêves d’enfant, pleurant doucement. Mon père m’avait prise dans les bras, me parlant jusqu’à ce que je m’endorme. Le lendemain matin, les agents du renseignement ont attaqué la maison, brisant les vitres. Ils ont pointé leur pistolet sur ma tête et ils ont emmené mon père.
« Avant cela, il avait déjà passé un an et demi derrière les barreaux; cette fois c’est parce qu’il avait dit « non » à l’interview qu’on lui demandait pour calomnier les Moudjahidine du peuple, il a été condamné à 10 ans de prison dans l’enfer de Gohardacht. Le parcours de ces années de prison a tracé le chemin de ma vie. »
Actif et Résistant derrière les barreaux
Saleh Kohandel, 50 ans maintenant, est tombé gravement malade en prison, étant atteint de leucémie. Comme de coutume en Iran, les bourreaux le privent de soins médicaux. Deux jeunes membres de sa famille, Mahdieh et Akbar Madadzadeh, ont été tués dans le massacre des habitants d’Achraf en avril 2011. Achraf était la cité de la Résistance iranienne en Irak. Les habitants, sans armes et sans défense, ont été victimes de multiples attaques et massacres.
Saleh Kohandel reste très actif en prison, ne ratant aucune occasion de dénoncer la dictature religieuse. C’est pourquoi il est souvent jeté au mitard au gré des campagnes de répression contre l’opposition démocratique.
En septembre 2013, les autorités pénitentiaires de Gohardacht en Iran l’ont menacé ouvertement de pendaison lui et d’autres prisonniers politiques en raison de leurs activités politiques. Cette menace intervenait au lendemain de la condamnation par de nombreux prisonniers politiques du massacre de 52 résistants le 1er septembre à Achraf abattus à bout portant, les mains liées dans le dos, ou achevés sur des lits d’hôpitaux par les forces du premier ministre irakien inféodé aux mollahs de Téhéran.
En février 2014, Saleh Kohandel signe avec neuf autres prisonniers politiques, une lettre commune demandant « un système démocratique sur la base de la laïcité et des principes modernes issus de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et des conventions internationales (…) et l’abolition de la peine de mort qui peut figurer au centre de la coordination et de l’unité de toutes les forces pro-démocrates en Iran ».
En mai 2014, il est dans un état de santé désastreux après une grève de la faim en soutien à d’autres prisonniers politiques tabassés. Il souffre de thrombocythémie grave et les autorités le privent d’analyses et des traitements spéciaux.
En octobre 2014, il entame avec 14 autres prisonniers politiques une grève de la faim pour protester contre les attaques à l’acide visant les femmes et les jeunes filles en Iran.
Lettre au président du parlement européen
En octobre 2015, il envoie avec des codétenus une lettre au président du parlement européen, Martin Schulz qui doit se rendre en Iran. Ils l’exhortent de ne pas sacrifier les droits humains sur l’autel des intérêts économiques.
En avril 2016 il écrit à Matteo Renzi, le premier ministre italien, pour lui demander d’annuler sa visite en Iran. « J’aurais aimé que vous entendiez la voix des opprimés plutôt que celle des dictateurs ».
A sa fille, encore très jeune, qui réfléchissait sur la liberté, Saleh Kohandel avait dit : « Paria, n’oublie pas, celui qui en prison ne peut pas vivre libre même enchainé, ne peut pas vivre libre dehors même dans un palais. Moi je suis plus libre que tous les autres. »
Venez faire entendre sa voix
Le 9 juillet à Paris va se dérouler le plus grand rassemblement de dizaines de milliers d’Iraniens de la diaspora et de personnes de toutes nationalités en faveur d’un Iran libre. Chaque été depuis plus de dix ans, venant du monde entier, les partisans de la résistance iranienne se retrouvent, toujours plus nombreux pour appeler à un changement de régime en Iran, un changement démocratique. En plus de cette marée humaine, des centaines de personnalités politiques des cinq continents viennent apporter leur soutien à cette alternative politique.
Vous êtes invités à participer, et à défaut de pouvoir vous déplacer, à soutenir via les réseaux sociaux cet immense vague d’espoir pour les Iraniens de l’intérieur.
Save the date : 9 juillet à Paris.
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