CSDHI – Dans une réponse évidente sur la montée des pressions pour résoudre la question, le procureur de Téhéran, Abbas Jafari Dowlatabadi a critiqué la couverture médiatique d’une vague de grèves de la faim en Iran que font les prisonniers politiques, ainsi que la requête d’un député conservateur adressée au pouvoir judiciaire concernant l’affaire d’Ali Shariati. « Certains journalistes critiquent quotidiennement les grèves de la faim des prisonniers de sécurité nationale et lancent des accusations contre le ministère public et le pouvoir judiciaire », a-t-il déclaré, après avoir abordé le sujet en s’adressant aux procureurs adjoints le 11 janvier 2017. « Certains officiels défendent ces condamnés sans même connaître leur affaire ».
« Cela est faux et peut être mis à profit par l’ennemi », a-t-il ajouté, faisant indirectement référence aux pays occidentaux, en particulier aux États-Unis. « Les mêmes propos tenus par certains de nos officiels au sujet des détenus de sécurité nationale sont répétés par certaines organisations de défense des droits de l’homme ».
« Actuellement, M. Ali Shariati, dont l’accusation la plus importante concerne sa participation à un rassemblement devant le Parlement pour protester contre les attaques acides commises contre des femmes à Isfahan, est en grève de la faim depuis 65 jours pour protester contre sa peine de cinq ans de prison », a déclaré le député conservateur Ali Motahari le 4 janvier 2017, via sa page Instagram. « J’espère que le pouvoir judiciaire examinera également cette affaire et la résoudra judicieusement afin qu’elle ne devienne pas une excuse pour les adversaires de la révolution islamique de nous critiquer pour les violations des droits de l’homme ».
Shariati est en état critique
Plus de 70 jours de grève de la faim ont mis le militant des droits civiques emprisonné Ali Shariati – qui a commencé à refuser de manger le jour où il a commencé à purger sa peine à Evine, le 31 octobre 2016 – en situation de danger car il risque de perdre son foie, selon le personnel médical de la prison. Son épouse Motahare Parsi a fait la déclaration le 11 Janvier 2017 via Twitter, ajoutant qu’un jour plus tôt Shariati s’était évanoui dans la clinique de la prison.
Après avoir été attaché à une perfusion et reprenant connaissance, les responsables de la prison « voulait l’emmener de force à l’hôpital, mais il a refusé », a déclaré Parsi dans un autre tweet.
Parsi a ajouté que son mari a refusé une demande des responsables de la prison de signer un document les absolvant de toute responsabilité sur les conséquences de son refus de recevoir un traitement hospitalier.
Entre le 4 et le 6 janvier, des milliers de personnes ont appelé à la libération de Shariati sur Twitter en utilisant les hashtags #SOSALI et # ALL4Ali.
Le pouvoir judiciaire a accepté la demande du prisonnier politique, Arash Sadeghi de réviser l’affaire de son épouse emprisonnée le 4 janvier 2017, après une énorme tempête sur Twitter, le 71ème jour de sa grève de la faim.
Shariati, un partisan de longue date du président centriste Hassan Rohani, réclame un réexamen de sa peine de cinq ans d’emprisonnement pour avoir « agi contre la sécurité nationale en participant à une manifestation contre les attaques acides sur les femmes, devant le Parlement, le 22 octobre 2014. «
Deux membres du Parlement européen ont exigé la libération de Shariati et de Sadeghi le 12 janvier 2017.
Cette semaine, un responsable de l’ONU a également condamné le gouvernement iranien de n’avoir pas réussi à empêcher les grèves de la faim des prisonniers politiques, avec « aucun autre choix que de mettre leur vie en danger pour contester la légalité de leur détention ».
«J’appelle les autorités iraniennes à veiller à ce que M. Arash Sadeghi ait accès, en priorité absolue, aux soins de santé spécialisés dans un hôpital en dehors de la prison, conformément aux normes internationales en matière de droits humains et à l’éthique médicale, en particulier les principes du consentement éclairé , a déclaré le 9 janvier 2017, le rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits de l’homme en Iran, Asma Jahangir, tout en exhortant le gouvernement à libérer tous les prisonniers politiques.
En plus de Shariati, au moins deux autres prisonniers politiques sont actuellement en grève de la faim en Iran, demandant à avoir accès à leurs droits fondamentaux.
Source : campagne internationale pour les droits de l’homme en Iran