CSDHI – Le détenu de conscience en Iran Ebrahim Firouzi, chrétien, a écrit fin mai depuis sa cellule en banlieue de Téhéran une lettre bouleversante au fils de Gholamreza Khosravi. Ce dernier, prisonnier politique, a été exécuté le 1er juin 2014 pour avoir envoyé un don financier à une chaine satellite de l’opposition démocratique, Sima-ye-Azadi (le visage de la liberté).
Le détenu chrétien Ebrahim Firouzi s’adresse à Hessam Khosravi (sur la photo avec son père) :
“Mon cher Hessam, je sais que tu es au courant du sujet de ma lettre, cependant je voudrais que nous continuions à nous en souvenir jusqu’à notre dernier souffle. Or nous ne savons pas combien de temps encore nous vivrons. Dieu a voulu qu’une partie de nos vies soit commune, mais je t’envie car notre tristesse commune sera ta fierté dans le présent et le futur.
Mon cher Hessam,
J’ai connu un homme dont le sourire était la consolation de mes temps agités en prison. Quand il jouait du Sitar [instrument à corde], j’essayais de m’assoir à ses côtés dans la cour de la prison pour capter la mélodie pleine d’espoir de son instrument. J’aimerai pour toujours cet homme du fond du cœur. Il a fait de moi et de toi un “Nous”. Mais je n’oserai jamais dire « si seulement j’étais aussi courageux que lui ». En effet, être loin de sa famille pour un but dépassant ses intérêts personnels sur un choix fait en toute conscience, n’est pas une tâche facile. Ce grand homme, dont je n’ai pas de mots pour le décrire, a renoncé à toutes ses attaches terrestres pour libérer mille autres Hessam de l’oppression de la dictature des mollahs. Quand il posait ses mains sur mes épaules, je sentais un courant de bonté couler dans ses veines.
Mon cher Hessam,
Je suis certain qu’au printemps 2014, ce résistant de belle morale dont la dictature n’a pas réussi à éteindre la voix par la force, la torture et la menace, a marché fier et tête haute vers la potence. Ce grand homme, c’était ton père, le martyr Gholamreza Khosravi.
Il y a 20 ans, alors qu’après des semaines j’attendais avec impatience de revoir mon père, on m’a annoncé la nouvelle de sa mort et depuis j’ai toujours eu ce souhait de le revoir. Tout comme toi qui as été privé d’une dernière rencontre avec ton père. Alors que tu entames ta jeunesse, tu te rappelleras davantage de lui.
En raison de son absence physique, il te manquera beaucoup, mais sois heureux car ton père t’a laissé un héritage immortel, celui duu sacrifice, de la gentillesse,de l’espoir, du courage et de l’amour pour l’humanité.
Mon cher ami,
Je ne fais pas partie des camarades de ton père pour te parler d’une vision commune. Mais à plusieurs reprises en pensant à lui, j’ai imaginé ma rencontre avec toi. Ne laisse pas tes larmes couler devant ces infidèles. Sois fier de cet héritage que t’’a laissé ton père et fait le prospérer en l’enseignant aux futures générations.
Ebrahim Firoouzi
Prison e Radjaï-Chahr, mai 2017