TEHERAN, 20 août 2007 (AFP) – Trois étudiants iraniens, détenus pour avoir publié des articles jugés anti-islamiques par les autorités, ont été torturés pour produire des aveux, a déclaré lundi la mère de l'un d'eux.
"Nos enfants ont été forcés à faire des aveux sous la torture en prison", a dit Azam Tadjik, la mère d'Ehsan Mansouri, un étudiant détenu depuis le mois de mai, lors d'une conférence de presse organisée par l'avocate et prix Nobel de la paix Shirin Ebadi.
"Quand ils ont quitté leur (cellule de) détention en isolement ils ont rejeté leurs déclarations d'alors", a-t-elle ajouté.
Le pouvoir judiciaire a vigoureusement démenti que quiconque ait été torturé dans les prisons iraniennes, tout en assurant qu'un rapport était en préparation concernant les déclarations des familles des trois étudiants.
Mme Ebadi, qui défend traditionnellement les étudiants et féministes emprisonnés, a affirmé qu'ils étaient détenus à cause du manque de liberté d'expression en Iran.
"Ont-ils pris les armes contre le peuple? Nous avons toujours été confrontés au même problème, ils sont allés en prison parce qu'ils ne sont pas libres de s'exprimer", a dit la lauréate du prix Nobel de la paix en 2003.
M. Mansouri a été arrêté en mai avec Madjid Tavakoli et Ahmad Ghassaban après la publication de matériaux "anti-islamiques" et de caricatures dans des journaux d'étudiants réformateurs à l'Université Amir Kabir de Téhéran.
Des responsables de ces journaux avaient alors dénoncé un coup monté pour les discréditer, en affirmant que des "inconnus" s'étaient approprié leurs logos pour publier les articles et dessins incriminés.
"Nos enfants ont démenti (être responsables de ces publications) et les ont condamnées, mais tout le monde, de l'Université jusqu'aux responsables de la sécurité, ont affirmé qu'ils avaient commis ce crime", a dit Mme Tadjik.
"Qui a prouvé leur culpabilité? En présence de quel avocat? Sous la torture et en isolement?", a-t-elle poursuivi.
"Ils ont battu mon fils quand ils l'ont pris à la maison pour l'emmener en prison, son nez saignait tout le temps, ils nous ont traités de menteurs et nous ont ordonné d'arrêter de donner des interviews", a-t-elle encore dit.
L'Université d'Amir Kabir est un des berceaux des mouvements radicaux étudiants, et le président Mahmoud Ahmadinejad y avait été l'objet l'an dernier de quolibets et de sifflets lors d'un discours.
Mme Ebadi a rappelé que la liberté d'expression ne devait pas se limiter à celle des soutiens du régime.
"Nous avons oublié ce principe que les dissidents devraient pouvoir s'exprimer librement, les partisans du gouvernement pouvant eux toujours chanter librement ses louanges", a-t-elle dit.