CSDHI – Nous sommes gravement préoccupés par les violations des droits de l’homme commises en Iran, et notamment à Téhéran, et par la nouvelle vague d’arrestations et de répression contre des manifestants pacifiques et des marchands du Bazar.
Le 25 juin, les commerçants et les propriétaires de magasins du Bazar à Téhéran se sont mis en grève, fermant leurs boutiques, et ils sont descendus dans les rues pour protester contre les prix exorbitants et les conditions économiques désastreuses suite à chute de la monnaie iranienne. D’autres personnes, en particulier les jeunes, ont rapidement rejoint les commerçants du Bazar, car les prix élevés affectent gravement la population déjà appauvrie.
Les manifestants pacifiques ont croisé le chemin d’une police anti-émeute entièrement équipée qui a tiré des balles de plomb et des gaz lacrymogènes sur les foules. Des images de Téhéran montrent que la police a brutalement frappé des manifestants avec des matraques. Un grand nombre de manifestants ont été arrêtés. Nous sommes très inquiets pour ceux qui sont détenus car le gouvernement iranien est connu pour torturer et même assassiner les manifestants en détention, comme ce fut le cas lors des manifestations de décembre 2017 / janvier 2018.
Les hauts responsables iraniens ont également menacé, chacun leur tour, les manifestants. Mardi 26 juin, le procureur de Téhéran, Jafari Dolat Abadi, a déclaré que les responsables gouvernementaux ne seraient aucunement indulgents face aux émeutes et aux manifestations et il a ajouté que « les éléments à l’origine des troubles ont été identifiés et qu’un grand nombre de ces personnes a été arrêté ».
Il a averti que les détenus ne seraient pas libérés avant d’avoir été jugés, déclarant que ces personnes ont causé des troubles économiques qui entraîneront de lourdes sanctions.
Le jour même, le président de la cour suprême iranienne, Sadeq Larijani, a menacé les commerçants du Bazar et a déclaré : « La République islamique ne tolérera en aucun cas cela. En particulier, le pouvoir judiciaire fera preuve d’une ferme répression. Je préviens par la présente ces perturbateurs du système économique … De tels actes de perturbation du système économique du pays (….) entraîneront de très lourdes sanctions. Il est dit que si cet acte est considéré comme un cas de « Corruption sur Terre », la peine est l’exécution et si ce n’est pas le cas, la peine est de 20 ans de prison et toutes les possessions de la personne seront confisquées ».
« Nous n’hésiterons pas à appliquer la loi. Aujourd’hui, je préviens ces personnes, elles ne sont pas nombreuses, les forces de sécurité savent qui elles sont et nous réaffirmons ici qu’elles seront obligées d’identifier ces personnes à la première occasion et les présenter à la justice », a ajouté Sadeq Larijani.
Ces menaces évidentes et la répression gouvernementale sont un manque absolu de respect de la liberté d’opinion et du droit de rassemblement et une violation flagrante de la Déclaration universelle des droits de l’homme et de la Convention relative aux droits civils et politiques. Nous croyons que c’est aux Nations Unies de demander des comptes au gouvernement iranien pour ses actions et de condamner les remarques du Chef du pouvoir judiciaire iranien.
Nous demandons que les Nations Unies, le HCDH et le Conseil des droits de l’homme agissent et prennent des décisions énergiques pour empêcher la répression, l’arrestation et la torture des manifestants pacifiques et qu’ils appellent à la libération inconditionnelle de tous les détenus, en particulier à Téhéran. Veuillez informer les autorités iraniennes que si elles persistent dans leurs mesures répressives et leurs menaces contre les manifestants pacifiques, des mesures sévères seront prises par les Nations Unies et d’autres organisations compétentes.
Source : Les droits de l’homme en Iran