CSDHI – Le militant syndical arrêté, Esmail Bakhshi, a été hospitalisé après avoir été torturé lors d’un interrogatoire, selon des sources syndicales iraniennes.
Le collègue de Bakhshi, Ali Nejati, a également été arrêté par les forces de sécurité le 25ème jour de la manifestation de centaines de travailleurs de Haft Tappeh, exigeant des mois de salaires impayés dans la ville de Shush, dans le sud-ouest de l’Iran.
« Les informations que nous avons reçues disent que les forces de sécurité ont sévèrement torturé Esmail Bakhshi après son arrestation, le 20 novembre », a rapporté une chaîne iranienne d’information syndicale, le 29 novembre.
« Le visage de Bakshi était enflé et meurtri par les coups reçus à la tête », indique le message. « Il est également dans une situation très inquiétante et souffre de saignements gastriques. Il a donc été transféré dans un hôpital à Ahwaz. Il n’y a aucune information sur son état ».
Quelques heures après le post de Telegram, le chef du système judiciaire local de Shush, Sadegh Jafari Chegini, a nié l’agression physique de Bakhshi, ajoutant que la « fausse information » visait à « perturber l’opinion publique ».
« Le suspect Esmail Bakhshi est en parfaite santé et il a eu un contact téléphonique avec sa famille aujourd’hui », a-t-il ajouté.
L’état de santé de Bakhshi et son statut, y compris s’il a été autorisé ou non à consulter un avocat, restent flous.
Des centaines de travailleurs de l’industrie sucrière se sont rassemblés depuis le 14 novembre, réclamant des mois de salaires et d’avantages sociaux, impayés. Le PDG de la société, Omid Asadbeigi, est actuellement porté disparu et recherché pour fraude présumée.
Un canal Telegram créé par un syndicat de travailleurs a indiqué le 29 novembre que l’un des membres de leur conseil d’administration avait été arrêté à son domicile sans mandat.
« Le stress de l’incident a provoqué la maladie d’Ali Nejati mais malgré des antécédents de maladie cardiaque, les agents l’ont battu et emmené », selon le journal.
Le fils de Nejati, Peyman Nejati, et un ami de la famille, Majid Roayaei, ont également été arrêtés et libérés sous caution le même jour.
L’activisme syndical en Iran est considéré comme une infraction à la sécurité nationale ; les syndicats indépendants ne sont pas autorisés à fonctionner ; les grévistes sont souvent licenciés et risquent d’être arrêtés et les dirigeants syndicaux sont systématiquement poursuivis sur la base d’accusations liées à la sécurité nationale et sont condamnés à de longues peines de prison.
Les employés qui ont manifesté ont reçu le soutien d’étudiants qui avaient organisé un rassemblement à l’Université Allameh Tabataba’i le 20 novembre et à l’Université de Téhéran le 19 novembre. Ils brandissaient des pancartes sur lesquelles les slogans suivants étaient écrits : « Nous sommes les enfants des travailleurs, nous serons à leurs côtés » et « Libérez les travailleurs emprisonnés ».
« Ils ont arrêté Esmail Bakhshi, nous sommes tous des Bakhshis », a déclaré un homme lors d’un rassemblement le 21 novembre qui a été identifié dans le clip YouTube comme un professeur d’université.
« Pour moi, c’est risible d’aller en classe et de dire à mes étudiants qu’il y a eu 187 grèves dans cette entreprise au cours d’une seule année », a-t-il ajouté.
Cinquante et un avocats iraniens, dont la plupart exercent dans la province du Khouzistan, ont également publié un communiqué rappelant aux autorités que le rassemblement non violent est un droit humain universellement reconnu, garanti par la Constitution iranienne : « Nous, avocats, nous pensons que, conformément à l’article 27 de la Constitution iranienne et à l’article 20 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, ce droit ainsi que la Convention des Nations Unies pour les droits civils et politiques garantissent le respect des droits du travail, sont légitimes et… nous appelons les autorités à examiner et à résoudre les problèmes auxquels sont confrontés les nobles classes ouvrières ».
Source : Le Centre pour les droits de l’homme en Iran