CSDHI – Les autorités iraniennes ont intensifié leur répression contre les avocats, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.
Au cours du mois dernier, des tribunaux révolutionnaires ont condamné au moins trois avocats à de longues peines de prison pour leur activisme en faveur des droits humains et les forces de sécurité en ont arrêté un autre.
Les avocats iraniens Arash Keykhosravi et Qasem Sholeh Sa’di, arrêtés le 18 août pour avoir pris part à une manifestation devant le parlement du régime, ont été condamnés à six ans de prison.
S’adressant à l’agence de presse officielle iranienne IRNA, Abouzar Nasrollahi, l’avocat d’Arash Keykhosravi a déclaré qu’il avait été condamné à cinq ans de prison pour « rassemblement et collusion » et à un an d’emprisonnement pour « diffusion de propagande contre l’État ».
Il a ajouté que Shole Saadi avait également été condamné pour les mêmes délits.
Les jugements préliminaires ont été rendus dimanche par le célèbre juge Abolghasem Salavati, responsable de la 15e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran.
Les avocats se voient parfois infliger des peines sévères pour avoir pris la parole au nom de leurs clients et sont soumis à des irrégularités insensées.
L’avocat des droits humains, Mohammad Najafi, qui a été condamné à trois ans de prison supplémentaires pour avoir déclaré publiquement que la police locale avait tenté de dissimuler la cause de la mort d’un détenu, a été condamné à 13 ans de plus pour deux autres séries d’accusations, selon son avocat, Payam Derafshan.
Le tribunal révolutionnaire d’Arak, dans la province de Markazi, a condamné Najafi à 10 ans de prison pour « coopération avec un État ennemi en transférant des renseignements et des informations à des réseaux antirévolutionnaires…» et à trois années supplémentaires pour « propagande contre l’État et insultant du Guide suprême », selon Human Rights Watch. Lors de la manifestation, le tribunal a utilisé les aveux de l’accusé qui aurait scandé « Mort au dictateur » pour l’accuser d’avoir « insulté le guide suprême », bien que Najafi ait déclaré devant le tribunal qu’il ne faisait pas référence au guide suprême dans son chant.
Un autre avocat, défenseur des droits humains, Amir Salar Davoudi, a été arrêté le 20 novembre. Son bureau et son domicile ont été fouillés. Certains de ses biens personnels et ses affaires ont été confisqués.
« L’Iran n’arrête pas seulement des dissidents, des défenseurs des droits humains et des dirigeants syndicaux, mais également leurs avocats, criminalisant ainsi leurs libertés fondamentales », a déclaré Michael Page, directeur adjoint chargé du Moyen-Orient à Human Rights Watch. « Les avocats devraient être la pierre angulaire de la protection des droits des accusés, mais en Iran, ils ne sont qu’un ennemi supplémentaire des autorités répressives ».
Selon des sources crédibles, « les forces de sécurité ont menacé la famille de Davoudi en lui interdisant d’annoncer son arrestation ».
L’avocat de Davoudi pense que Davoudi, qui se trouve dans la prison d’Evine, fait face à des accusations de « propagande contre l’État » et « d’insultes envers le guide suprême » et que les autorités tentent également de l’accuser de « rassemblement et collusion en vue d eporter atteinte à la sécurité nationale ».
Les avocats des droits humains, Payam Derafshan et Farokh Forouzan, ont été arrêtés le 31 août alors qu’ils se rendaient chez un autre avocat récemment emprisonné, Arash Keykhosravi, dans la ville de Karaj, au nord-ouest de Téhéran.
Derafshan, Forouzan, Sholehsadi et Keykhosravi ont été libérés temporairement sous caution.
Hoda Amid, avocate des droits humains et militante des droits des femmes, a été arrêtée à son domicile le 1er septembre.
Elle est une militante éminente en faveur de l’égalité des sexes dans le mariage par le biais de « contrats de mariage égaux » et a publié de nombreux ouvrages sur la discrimination fondée sur le sexe.
La campagne d’arrestation semble avoir commencé en juin, après que le ministère du Renseignement a arrêté plusieurs avocats et militants des droits humains dans le cadre de ce que Amnesty International appelle « une partie de l’escalade de répression visant à écraser la société civile dans le pays ».
Nasrin Sotoudeh, 55 ans, avocate spécialisée dans les droits humains, est détenue à la prison d’Evine à Téhéran depuis le 13 juin 2018 et fait face à des accusations de sécurité nationale pour avoir représenté des femmes en Iran qui ont enlevé leur foulard en public pour protester contre la loi sur le hijab obligatoire.
Son mari, Reza Khandan, et Farhad Meysami ont également été emprisonnés pour leur activisme pacifique contre les lois du hijab obligatoire.
Farhad Meysami est en grève de la faim à la prison d’Evine depuis le 1er août pour protester contre son emprisonnement illégal, le refus de lui donner le droit de consulter un avocat de son choix et pour demander la libération de Reza Khandan.
Source : Les Droits de l’homme en Iran