CSDHI – L’enquête dénonce des responsables municipaux et des députés. Le journaliste Yashar Soltani a été condamné à cinq ans de prison en Iran pour avoir révélé une affaire de corruption importante au sein de la mairie de Téhéran, en Iran, a annoncé son avocat, le 23 janvier 2019.
« Faisons de ce verdict injuste une opportunité pour lutter contre la corruption », a tweeté Soltani le jour de l’annonce. « Ne livrons pas l’Iran aux corrompus ».
Le tribunal a également interdit à Soltani, rédacteur en chef du journal indépendant Memari News, de quitter l’Iran ou de participer à des activités politiques et médiatiques pendant deux ans, a déclaré son avocat Sadegh Kashani.
En août 2016, Soltani a publié une lettre non classifiée de l’organisation nationale d’inspection du gouvernement qui parlait de l’affectation de fonds et de biens publics d »un excédent de 2,2 milliards de tomans (environ 615 millions d’€ à l’époque)…
Les résultats de l’enquête de Soltani, qui impliquait plusieurs hauts responsables de la de la mairie, des membres du conseil de Téhéran, des parlementaires et des officiers de police, ont finalement été confirmés par le procureur général Mohammad Jafar Montazeri.
Il a néanmoins fait l’objet de poursuites alors que son site a été fermé. Huit autres sites d’informations, dont Borna et Moj, ont également été suspendus à l’époque sur ordre du procureur de Téhéran en raison de plaintes similaires liées à la lettre de l’Organisation nationale de l’inspection.
Dans une interview diffusée par la télévision publique, le 28 octobre 2016, Montazeri a déclaré que la ville de Téhéran avait vendu des propriétés « avec des réductions spéciales supérieures à la limite légale » et que certaines avaient été attribuées à des fonctionnaires situés en dehors de la municipalité.
Montazeri a ajouté que le pouvoir judiciaire avait, par conséquent, invalidé les actes de 36 des sites immobiliers en question et que la municipalité de Téhéran avait été condamnée à annuler les remises excessifs.
Bien qu’un membre du conseil municipal de Téhéran ait confirmé aux autorités que les documents publiés par le journaliste n’étaient pas classifiés, Soltani a été condamné à une peine de prison pour « avoir publié des mensonges dans le but de troubler l’opinion publique » et pour « diffamation et menace contre la société de construction Techlar », concernant ses contrats avec la ville de Téhéran.
Soltani attend sa condamnation pour l’accusation de « collecte et publication de renseignements classifiés du gouvernement », selon son avocat.
Lorsqu’elle a annoncé la condamnation de Soltani, l’agence de presse du pouvoir judiciaire, Mizan, a réimprimé les accusations du procureur de Téhéran, Abbas Safari Dowlatabadi, en 2016 selon lesquelles Soltani aurait publié les documents destinés à influencer le résultat des élections du président du conseil de Téhéran.
Après leur publication, le journaliste a été poursuivi en justice par le maire de Téhéran, Mohammad Bagher Ghalibaf, et le président du conseil municipal de Téhéran, Mehdi Chamran.
Le procès de Soltani s’est déroulé en trois sessions, deux en juillet 2017 et la dernière en août 2018.
Source : Centre des droits de l’homme en Iran