CSDHI – Selon un clip vidéo publié par le journal « Asr Iran », les enfants qui travaillent dans la rue pour gagner de maigres sommes d’argent sont victimes d’abus physiques et sexuels de la part des agents municipaux.
Une fillette de rue qui travaille a déclaré : « Mes deux frères et moi, on était en train de faire nos devoirs et en même temps, on vendait des noix lorsque des agents municipaux sont arrivés et ont emmené mes deux frères. Je leur ai crié: « Qu’est-ce que vous voulez faire avec eux ? » Alors ils m’ont attrapé aussi… Ils ont enlevé les vêtements de mon grand frère et ont commencé à le frapper avec des bâtons. Mon petit frère s’est mis à pleurer. Simultanément, ils m’ont dit de cirer leurs chaussures, j’ai dit non. Alors, ils m’ont passé du cirage noir sur le visage.»
Un travailleur social a déclaré que les enfants qui travaillent sont victimes d’abus sexuels en plus d’être brutalisés. « Deux des enfants qui travaillent au carrefour ont été forcés de monter dans la voiture d’agents municipaux. Un agent a demandé à l’une des filles de déboutonner ses vêtements. Cette fille nous a même dit que lorsqu’elle a été emmenée au poste de police, elle a été séparée des autres enfants et contrainte de se déshabiller ».
Une autre fillette qui travaille dans la rue a parlé d’abus sexuel sur son amie de la part d’agents municipaux. Elle a dit : « Un jour, quand j’ai vu Sara, je lui ai demandé : Pourquoi t’es en colère ? Elle a dit : Des agents municipaux m’ont attrapée et maltraitée… Ils ont retiré mon foulard et m’ont tripotée. Quand j’ai crié, ils se sont éloignés. Mais lorsque je suis allée au bureau municipal et que j’ai raconté mon histoire, ils ne m’ont pas cru. J’ai dû dire que j’avais fabriqué cette histoire pour qu’ils me laissent partir.
Viols d’enfants
Ce n’est pas la première fois que les médias publics reconnaissent le viol d’enfants qui travaillent.
Le journal gouvernemental iranien Salamat News a publié un rapport en 2017, dans lequel figuraient des exemples douloureux d’agressions sexuelles sur des enfants défavorisés et des enfants qui travaillent. La même histoire a également été rapportée sur le siteofficiel Roknar.
L’article raconte des histoires de fillettes agressées et violées depuis leur plus jeune âge en raison de la pauvreté et de la toxicomanie de leurs parents.
L’article cite également Elham Fakhari, membre du conseil municipal de Téhéran, affirmant que « les abus sexuels sont le plus grave des fléaux parmi les jeunes enfants qui vivent dans la rue ».
Dans une interview choquante faite en octobre 2018, avec l’agence de presse ISNA, le directeur général de la protection sociale de Téhéran, Reza Ghadimi, avait déclaré que, selon une enquête menée sur 400 enfants travailleurs, 90 % « avaient été agressés sexuellement ».
Après le tollé soulevé par sa déclaration, Ghadimi a rétropédalé, affirmant qu’il n’avait pas parlé d’abus sexuels.
« Par agression sexuelle, je ne voulais pas parler d’abus sexuels sur les enfants qui travaillaient. Je voulais dire que les enfants qui travaillent sont laissés dans le froid, dehors dans la rue, qu’ils ne sont pas nourris correctement et que leurs visages sont peints en noir pour attirer la pitié », a déclaré Ghadimi.
Cependant, le quotidien Chahrvand rapporte qu’il dispose d’un enregistrement audio des remarques initiales de Ghadimi, dans lequel il indique clairement que 90 % des enfants qui travaillent sont victimes de « sévices sexuels ».
La pauvreté et les enfants en Iran
Les Iraniens sont confrontés à de nombreuses crises sociales et économiques en raison des politiques dévastatrices du régime en place. Considéré comme le groupe le plus vulnérable, les enfants en sont les premières victimes . Les enfants qui travaillent dans la rue font désormais partie du paysage dans toutes les villes d’Iran.
Le 13 octobre 2018, l’agence ILNA publiait une dépêche sur le travail des enfants en Iran, alertant sur les chiffres en évolution des banlieues pauvres et sur la situation des enfants pauvres.
Selon la dépêche, le nombre d’enfants qui travaillent est en constante augmentation et, parallèlement, l’âge moyen où ils commencent à travailler diminue.
« La crise économique et la dégradation des moyens de subsistance, poussent des familles défavorisées a faire travailler leurs enfants. Chaque jour, nous voyons des enfants d’âge scolaire mendier, colporter ou même ramasser des ordures », indique la dépêche.
Tout en qualifiant l’inflation de violence économique, la dépêche indique que les premières victimes de la violence économique sont les enfants qui doivent quitter l’école pour trouver du travail afin de subvenir aux besoins de leur famille.
Considérant que 19 millions de pauvres vivent dans 3 000 quartiers situés dans les banlieues des villes d’Iran, ILNA écrit que « la pauvreté happe ses victimes de manière agressive ».
Selon les statistiques de l’UNICEF de 2012, jusqu’à 11,4 % des enfants iraniens auraient un travail illégal. Bien que la loi interdise aux enfants de moins de 15 ans de travailler, le crime organisé et la pauvreté font de leur exploitation une dure réalité.
Un monopole derrière les enfants travailleurs
Les droits des enfants continuent d’être bafoués en Iran. Forcés par la pauvreté croissante, ils doivent abandonner l’école et entrer sur le marché du travail pour aider leur famille. Le nombre de personnes privées de leurs droits fondamentaux augmente et les enfants sont utilisés comme des pions pour les intérêts politiques des factions iraniennes.
Selon des statistiques non officielles, le nombre d’enfants travailleurs en Iran serait d’environ 7 millions, dont beaucoup sans abri et exposés à la violence et aux abus sexuels. Ils travaillent dans des conditions désastreuses dans de petits ateliers dépourvus de toute surveillance, car ils ont été exemptés de la législation du travail en Iran datant des années 90.
Le nombre exact de ces enfants qui travaillent reste inconnu.
Une organisation iranienne de défense des droits de l’enfant explique que l’une des raisons de cette catastrophe sociale est la privatisation et le monopole de la richesse et du pouvoir en Iran. L’association d’aide aux enfants en danger a publié un communiqué repris par l’agence ILNA. « La privatisation s’est toujours accompagnée d’un prix pour les services publics autrefois gratiuts comme l’éducation et la santé ». Selon le groupe de défense des droits humains, les enfants sont les plus durement touchés par la privatisation car « quelques mois sans salaire n’est pas seulement un simple retard de paiement, mais équivaut au massacre d’une famille et de la communauté ». Dans cette déclaration, l’association d’aide aux enfants en danger faisait référence à des sociétés privatisées comme le Groupe de la sidérurgie nationale iranienn, dont les employés réclament depuis des mois des salaires impayés.
Source : Les droits de l’homme en Iran