Said Metinpour (h), journaliste, militant en faveur des droits culturels de la minorité azérie
et Elirza Metinpour, son frère
Amnistie internationale appelle les autorités à libérer immédiatement et sans condition Said et Elirza Metinpour, qu'Amnistie internationale considère comme des prisonniers d'opinion détenus uniquement en raison de leurs activités pacifiques en faveur de la communauté azérie d'Iran.
Said Metinpour a été arrêté le 25 mai 2007 à Zenjan, dans le nord-ouest de l'Iran. Il est détenu à la section 209 de la prison d'Evin à Téhéran. Les autorités l'ont torturé afin d'obtenir des « aveux » filmés. Le 28 août, le ministère du Renseignement a convoqué et arrêté son frère, Elirza Metinpour, qui a lui aussi été transféré à Evin et torturé par la suite. Ni l'un ni l'autre n'a été formellement inculpé à la connaissance d'Amnistie internationale,Atiye Taheri, l'épouse de Said Metinpour, lui a rendu visite le 17 décembre. Selon elle, son état de santé était très préoccupant et il avait perdu beaucoup de poids et de cheveux. Il a passé la plus grande partie de sa détention en isolement cellulaire. Le montant de sa caution a été fixé à l'équivalent de 365 000 euros environ, une somme qui dépasse les moyens de sa famille.
Amnistie internationale pense que Said et Elirza Metinpour sont détenus uniquement en raison de leurs activités pacifiques en faveur de la communauté azérie d'Iran, et qu'il s'agit par conséquent de prisonniers d'opinion. Ils avaient déjà été arrêtés pour avoir participé à des manifestations contre les restrictions imposées par les autorités sur l'enseignement en turc azéri. Fervent défenseur des droits culturels et linguistiques des Azéris iraniens, Said Metinpour a dénoncé la répression des autorités iraniennes à l'égard de sa communauté dans des articles du quotidien Merdom-e-nov et dans d'autres publications locales.
INFORMATIONS GÉNÉRALES :
Les Azéris d'Iran parlent un dialecte du turc et sont, pour la plupart, de confession musulmane chiite. Première minorité ethnique d'Iran, ils représentent 25 à 30 p. cent de la population et vivent essentiellement dans les provinces du nord et du nord-ouest, ainsi qu'à Téhéran. Leurs revendications en matière de droits culturels et linguistiques se font de plus en plus fortes ; ils réclament en particulier le respect du droit de bénéficier d'une éducation en turc azéri, inscrit dans la Constitution. Aux termes de l'article 15 de ce texte, le persan est la langue officielle de l'Iran et « les documents, courriers et textes officiels, ainsi que les manuels scolaires, doivent être rédigés dans la langue et l'écriture persanes ». Cependant, la Constitution précise également que « les langues régionales et tribales peuvent être utilisées par la presse et les médias, ainsi que pour l'enseignement de leur littérature dans les établissements scolaires, pourvu qu'elles soient employées en complément du persan».
Une petite minorité prône la sécession de l'Azerbaïdjan iranien de la République islamique d'Iran en vue d'une union avec la République d'Azerbaïdjan. Depuis quelques années, l'Iran se montre de plus en plus suspicieux à l'égard de ses minorités, dont beaucoup vivent dans des régions frontalières ; il a accusé des États étrangers comme les États-Unis ou le Royaume uni d'attiser les troubles au sein de ces communautés. Ceux qui s'efforcent de promouvoir l'identité culturelle et les droits linguistiques des Azéris sont fréquemment inculpés d'infractions définies en termes vagues, notamment d'« agissements contre la sûreté de l'État par la promotion du panturquisme ».
En mai 2006, un mouvement de protestation de grande ampleur a eu lieu dans plusieurs villes et agglomérations du nord-ouest de l'Iran à la suite de la publication d'un dessin, le 12, dans Iran, quotidien détenu par l'État, qui a choqué de nombreux membres de la minorité azérie. Plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées pendant ou après ces manifestations. D'autres vagues d'arrestations ont marqué des dates importantes pour la communauté azérie, comme lors du boycott de la rentrée universitaire en septembre 2006, ou après les manifestations de février 2007 à l'occasion de la Journée internationale de la langue maternelle, ou encore à l'anniversaire des manifestations de mai 2006.