RadioFreeEurope – Avec près de 800 000 adeptes, la page Instagram du commandant de la force d’élite Qods d’Iran figurait parmi les pages les plus populaires des responsables iraniens sur le site Web de partage de photos, Instagram.
Les commentaires sur Instagram, les apparitions publiques, les voyages et les affiches promotionnelles de Qassem Soleimani – qui, à la tête de la Force Qods, commande les pasadarans (IRGC) en dehors de l’Iran – ont été partagés sur la page Instagram, qui est l’un des seuls principaux sites de médias sociaux qui n’ont pas été bloqués par l’Iran.
Le 16 avril, un jour après l’inscription de l’IRGCcomme organisation terroriste étrangère (FTO) par Washington, la page de Soleimani, ainsi que les pages Instagram de plusieurs autres commandants de l’IRGC, ont été bloquées.
« Désolé, cette page n’est pas disponible », lit-on dans un message. « Le lien que vous avez suivi est peut-être caduque ou la page a peut-être été supprimée ».
Un porte-parole d’Instagram a déclaré qu’il opérait « sous la contrainte des lois américaines relatives aux sanctions ».
« Nous travaillons avec les autorités gouvernementales compétentes pour nous assurer de respecter nos obligations légales, y compris celles relatives à la récente désignation de l’IRGC comme organisation terroriste », a déclaré le porte-parole.
Les médias iraniens ont rapporté que la page Instagram en langue anglaise du Guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, et la page du responsable de la justice, Ebrahim Raisi, avaient également été bloquées.
La page Instagram de Khamenei en persan, avec 2,5 millions d’abonnés, reste disponible. La page en anglais de Khamenei a été rétablie le 17 avril.
« Prendre des actions réciproques »
Les blocages ont été condamnés à Téhéran tout en suscitant de plus en plus les appels renouvelés des intransigeants à bloquer Instagram, la deuxième plate-forme de média social en Iran après l’application de communication, Telegram, bloquée l’année dernière.
« Lorsque vous arrachez la langue d’un homme, vous ne lui prouvez pas qu’il est un menteur, vous dites seulement au monde que vous avez peur de ce qu’il pourrait dire », a déclaré sur Twitter le ministre de la Communication, Mohammad Javad Azari Jahrom, bloqué en Iran depuis 2019, citant la série télévisée culte, Games Of Thrones.
Hossein Allah Karam, chef du groupe paramilitaire Ansar-e Hezbollah, inscrit sur la liste noire des États-Unis pour violation des droits humains, a également reconnu que le moment était venu pour la république islamique de bloquer Instagram.
« Les sites de médias sociaux utilisent toutes les opportunités pour nuire aux intérêts nationaux, nous devons être prêts à affronter ces complots et à prendre des mesures réciproques », a déclaré Allah Karam cité par les médias iraniens. « Dans les conditions actuelles, il est plus que jamais nécessaire de filtrer ces sites de médias sociaux pour soutenir les pasdarans », a-t-il déclaré, ajoutant que « le blocage de sites de médias sociaux hostiles tels qu’Instagram les empêchera de faire ce qu’ils veulent ».
Le président conservateur de la commission des affaires étrangères du parlement, Alaeddin Borujerdi, a déclaré qu’il cesserait de publier sur Instagram pour protester contre le blocage des pages de Khamenei et des commandants des pasdarans (IRGC).
Dans une vidéo publiée sur Instagram, Borujerdi a déclaré que cette acte « malavisé » reflétait « la profondeur de l’hostilité de l’Amérique » envers les institutions islamiques.
Bloquer ou ne pas bloquer ?
Les extrémistes iraniens réclament depuis longtemps une censure plus stricte d’Internet, notamment le blocage d’Instagram.
Un peu plus tôt cette année, Javad Javidnia, secrétaire du comité iranien sur la censure en ligne et procureur général en charge des cyber affaires, a déclaré aux médias nationaux que le pays était prêt à bloquer Instagram dès que les autorités l’auraient accepté.
Le gouvernement du président Hassan Rouhani, qui est arrivé au pouvoir en 2013, s’y était opposé en promettant aux citoyens plus de liberté et moins de censure.
L’Iran bloque des dizaines de milliers de sites Web, y compris des sites d’information et des réseaux de médias sociaux tels que Facebook et Twitter, mais de nombreux Iraniens accèdent à des sites interdits via des réseaux privés virtuels (VPN) et d’autres outils anti-filtrage.