CSDHI – La première femme iranienne à prendre part à un match de boxe officiel a annulé son projet de retour en Iran après la délivrance d’un mandat d’arrêt contre elle, par Téhéran, a déclaré son agent, mercredi. Sadaf Khadem, 24 ans, a battu la boxeuse française Anne Chauvin lors du combat de dimanche 14 avril dans l’ouest de la France.
Son agent a expliqué à Reuters que le régime iranien avait émis des mandats d’arrêt contre Khadem et contre l’organisateur du combat, Mahyar Monshipour.
Monshipour, ancien champion du monde de boxe et citoyen français né en Iran, a organisé le match après que l’Iran ait autorisé les femmes à boxer légalement dans des combats officiels pour la première fois.
Monshipour prévoyait de retourner en Iran avec Khadem cette semaine, mais il a également annulé ses projets.
Khadem et Monshipour n’ont pas souhaité commenter.
Démenti de l’Iran
Les autorités iraniennes ont nié l’arrestation de Khadem et ont imputé cette histoire aux « médias liés à l’Arabie saoudite ».
Hossein Soori, président de la fédération iranienne de boxe, a déclaré : « Mme Khadem n’est pas membre des athlètes entraînés par l’Iran pour la boxe et, du point de vue de la fédération de boxe, toutes ses activités sont personnelles ».
En Iran, la participation des femmes à des manifestations sportives est soumise à de sévères restrictions et, même si des progrès ont été enregistrés dans certaines régions, après des années de campagne des groupes de pression, il n’y aura probablement aucun changement important tant que le régime n’aura pas quitté le pouvoir.
Depuis novembre 2018, la fédération iranienne de boxe autorise les femmes à s’inscrire à la boxe, bien qu’aucun match de boxe féminin n’ait encore eu lieu en Iran, pourvu qu’elles soient entraînées par une femme et portent le hijab obligatoire pendant la compétition.
Khadem s’était entraînée pendant un certain temps dans un club de boxe clandestin alors que c’était encore illégal pour les femmes en Iran. Elle a été entraînée par un entraîneur qui avait accroché un sac de boxe à un arbre parce que les femmes n’étaient pas autorisées à fréquenter les installations de boxe officielles.
Elle a déclaré : « Un jour, ils nous ont dit que nous n’étions plus autorisés à pratiquer dans le parc car j’étais une femme et que la boxe n’était pas faite pour les femmes. Nous nous sommes arrangés pour que j’aille là où mon entraîneur exerçait, dans le village de Kheir Abad à Gharchak… j’y suis allée trois ou quatre fois par semaine pour m’entraîner.
Même si son combat était légal, la Fédération iranienne de boxe n’a pas délivré de permis à Khadem, ne lui a pas permis de couvrir ses dépenses, ne lui a pas fourni de locaux d’entraînement ni même autorisé à annoncer qu’elle était iranienne.
Réponse française
Le ministère français des affaires étrangères n’a pas été immédiatement disponible pour commenter, mais les relations franco-iraniennes sont actuellement tendues à la suite du discours prononcé la semaine dernière par l’ambassadeur de France aux États-Unis sur le programme nucléaire iranien.
Source : Stop au Fondamentalisme