CSDHI – Sept ouvriers de l’usine de canne à sucre Haft Tappeh située dans la ville de Suze (sud-ouest de l’Iran) ont été condamnés à huit mois de prison avec sursis et à 30 coups de fouet chacun pour avoir manifesté. Trois autres sont en attente de jugement.
L’un des chefs d’accusation retenus contre les 10 travailleurs est « le trouble à l’ordre public en organisant des rassemblements illégaux et participants à des rassemblements illégaux et entrave aux activités de l’entreprise ».
Le syndicat auquel appartiennent ces ouvriers a déclaré qu’ils ont également été accusés de « publication de messages sur Internet ».
Selon les informations, un travailleur avait été convoqué il y a quelques mois pour avoir qualifié le PDG de l’entreprise de menteur sur un canal de Telegram.
Le régime iranien ne reconnaît pas aux travailleurs le droit de manifester même si leurs salaires sont impayés depuis plusieurs mois.
En novembre dernier, les travailleurs de l’usine Haft Tappeh avaient organisé des rassemblements, des manifestations dans les rues pendant plus de 20 jours de suite. Ils réclamaient leurs salaires impayés et protestaient contre la privatisation de l’usine.
Les manifestations ont été réprimées, les forces de sécurité ont arrêté, convoqué et torturé des dirigeants syndicaux et des travailleurs. De nombreux militants croupissent encore en prison.
Salaires impayés depuis des mois
Il est interdit aux travailleurs de réclamer leurs droits en Iran alors qu’ils ont perdu plus de 57 % de leur pouvoir d’achat selon des études récentes et peuvent à peine subvenir à leurs besoins élémentaires.
Fondée il y a un demi-siècle dans le sud de la ville de Suze (Chouch en persan), dans la province du Khouzistan, le complexe de canne à sucre Haft Tappeh, est la plus ancienne usine sucrière d’Iran. Quelques 5 600 travailleurs travaillent actuellement dans l’entreprise.
Depuis la privatisation de l’usine dans le cadre d’un accord de privatisation douteux en 2015, les conditions de travail des employés se sont détériorées. Ils ont déclaré que depuis le transfert de propriété aux patrons actuels, les dettes de la société ont augmenté, l’employeur ne pensant plus qu’à réduire les effectifs permanents.
Le syndicaliste Jafar Azimzadeh, de la direction du Syndicat libre des travailleurs et travailleuses en Iran, a qualifié la situation de ces travailleurs d’« esclavage ».
Pain à crédit et suicide
« Les familles de certains travailleurs doivent acheter du pain à crédit, à cause de leurs salaires impayés et si cette situation perdure, même les boulangeries refuseront de leur vendre du pain à crédit », a-t-il déclaré, expliquant que les travailleurs n’ont pas été payés depuis des mois.
Soumis à une telle pression financière, certains travailleurs ont même atteint le point de se suicider.
En effet, le cadavre d’Ali Naghdi a été retrouvé flottant dans un canal, le 27 février. On raconte que Naghdi s’est suicidé à cause de ses dettes, l’entreprise refusant de payer son salaire.
Les travailleurs de Haft Tappeh ont toujours dû se battre pour leurs salaires, leurs pensions et leurs droits, ces dernières années.
Mi-août 2018, 500 travailleurs ont protesté contre le non-paiement de leur salaire depuis au moins trois mois. Les rapports indiquent que la police anti-émeute a tiré des gaz lacrymogènes sur les travailleurs en grève et frappé les manifestants. Cinq travailleurs ont également été arrêtés puis ont été relâchés après avoir été accusés de « trouble à l’ordre public ».
Au moins 100 travailleurs de la Compagnie de canne à sucre Haft Tappeh ont été convoqués ou emprisonnés uniquement pour avoir pris la parole et revendiqué leurs droits.
Source : Iran News Wire