CSDHI – Le satiriste iranien, Keyomars Marzban, en prison en Iran depuis août 2018, doit être jugé pour « propagande contre l’État » et « insulte du sacré » devant la 15ème chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran, présidée par le juge Abolqasem Salavati.
Salavati est célèbre en Iran pour avoir prononcé des peines sévères dans des affaires politiquement sensibles en Iran. Dans des entretiens avec le Centre pour les droits de l’homme en Iran (CDHI), plusieurs avocats iraniens spécialisés dans la défense des droits de l’homme ont reproché à Salavati d’avoir ignoré les arguments de la défense devant le tribunal et d’avoir cédé aux exigences de l’accusation, en particulier dans les affaires où l’autorité qui arrêtait, était les pasdarans (IRGC).
Depuis sa détention, Marzban a également été accusé par des médias iraniens officiels et de droite d’être un agent d’un pays étranger venu en Iran pour faire sombrer la République islamique.
Salavati a présidé de nombreux procès contre des personnes de double nationalité, emprisonnées en Iran, notamment Amir Hekmati, Saeed Abedini et Jason Rezaian, qui ont tous été libérés en janvier 2016 dans le cadre d’un échange de prisonniers avec les États-Unis.
Salavati préside également les affaires actuelles relatives aux binationaux, notamment l’américano-iranien Siamak Namazi, son père Baquer Namazi, et l’irano-britannique Nazanin Zaghari-Ratcliffe.
Dans toutes ces affaires, les victimes ont été jugées sans procédure régulière et sous des chefs d’accusation peu clairs ou non annoncés, ainsi que sans représentation légale complète et appropriée.
L’avocat de Marzban, Mohammad Hossein Aghasi, a déclaré au CDHI, le 15 janvier 2019, qu’une date de procès n’avait pas encore été fixée et qu’il était inquiet parce qu’il n’avait pas été autorisé à rencontrer son client dans la prison d’Evine à Téhéran ni à lire l’acte d’accusation au complet.
L’agence de presse iranienne IRNA a annoncé, le 15 janvier, que Marzban était un écrivain basé à l’étranger qui aurait travaillé pour le site d’informations financé par les États-Unis, Radio Farda, à Prague, ainsi que pour la société de radiodiffusion, Manoto, basée à Londres.
Le satiriste de 26 ans a été arrêté par les services du renseignement des pasdarans, le 26 août 2018, environ un an après son retour en Iran alors qu’il rendait visite à sa grand-mère malade. Il vivait en Malaisie après avoir quitté son pays d’origine, l’Iran, à la suite des manifestations de rue massives contre l’élection présidentielle contestée de 2009.
Le 12 septembre 2018, Edalatkhahan (Justice Seekers), un site Web affilié aux pasdarans, a affirmé lors de la dernière campagne de diffamation que Marzban s’était rendu aux États-Unis pour lancer un média contre la République islamique « visant à enflammer le peuple et à créer des divisions sociales ».
Edalatkhahan a également accusé Marzban de travailler avec Freedom House, une organisation de défense des droits humains basée à Washington, qui incite des artistes et personnalités iraniens à s’opposer à la politique officielle en Iran.
Marzban a commencé sa carrière artistique en réalisant des courts métrages. Pendant son séjour en Malaisie, il a animé un podcast comique intitulé « Sangetab Radio » (Radio des cailloux tondus, Twisted Stone Radio)) et, en 2014, il a publié un livre de nouvelles intitulé Kham Bodam Pokhteh Shodam Balkeh Pasandideh Shodam (J’étais cru, je suis devenu mature et plaisant).
Le 17 avril, Marzban avait accordé une interview à l’Agence de presse officielle, ISNA, à propos de ses expériences vécues à l’étranger.
« Les Iraniens ont des espoirs et des rêves très limités », a-t-il déclaré. « Leur plus grand rêve est de résoudre les problèmes économiques et tout ce à quoi ils pensent est leur quotidien. Mais lorsque j’ai interrogé des personnes dans d’autres pays à ce sujet, j’ai réalisé que l’imagination et la poursuite de vos rêves est une chose très importante.
Source : Centre pour les droits de l’homme en Iran