CSDHI – L’Iran a décidé de renvoyer les Iraniens au travail, il y a trois semaines. Beaucoup, même parmi les responsables au pouvoir, ont remis en question la mesure, craignant une recrudescence de la crise sanitaire, la pandémie COVID19.
Le gouvernement a défendu sa décision pour des raisons qui, bien qu’elles ne soient pas directement expliquées, sont incontestablement vraies : le président du régime, Hassan Rouhani, a souligné le fait que les gens préféreraient mourir d’une infection au coronavirus que de faim.
La crise du coronavirus a fait qu’environ 5 à 90 % de la classe ouvrière iranienne vit sous le seuil de pauvreté.
Seyed Hassan Moussavi, président de l’association des assistants sociaux d’Iran, a déclaré au quotidien Sharq : « Plus de 63 millions d’Iraniens ont demandé l’aide du gouvernement, qui dépasse à peine 55 euros. Selon les chiffres du ministère iranien du travail et de la protection sociale, environ 4,5 millions d’Iraniens ne bénéficient d’aucune aide sociale, dont 2,3 millions ont plus de 65 ans. »
Selon le ministère iranien des Transferts et de la Planification civile, environ 21 millions de personnes vivent dans des zones inadaptées des villes normalement privées de services publics.
14 000 personnes vivent à Téhéran à la recherche d’ordures pour gagner leur nourriture, dont 4 600 sont des mineurs. Un demi-million d’enfants travaillent en Iran pour gagner leur vie et celle de leur famille.
En Iran, 20 millions de personnes sont considérées comme sans domicile ou sans véritable logement, vivant normalement dans des bidonvilles autour de grandes métropoles.
Selon l’Organisation iranienne de protection sociale, qui couvre l’aide à 43 millions d’Iraniens dans des conditions économiques précaires, le gouvernement doit 260 billions de tomans (27.6 milliards d’euros) à cette organisation. Il prévoit de payer 50 billions de Tomans cette année, ce qui ne couvrirait que 4 mois de paiement aux bénéficiaires.
667 000 personnes inscrites à la caisse d’assurance chômage en raison de la crise du coronavirus doivent attendre avant de savoir clairement qui va les payer. Une lutte est en cours entre le gouvernement et le fonds car le ministère de la coopération a annoncé en mai qu’aucun fonds n’était prévu à cet effet dans le budget du gouvernement.
Les quelques exemples cités ci-dessus montrent la situation économique ultra-fragile du pays. Avec des manifestations à l’échelle nationale qui se sont propagées dans 200 villes en novembre dernier, le régime est extrêmement prudent pour éviter une nouvelle pluie de personnes affamées dans les rues. Un écrasement sans précédent, qui a coûté la vie à pas moins de 1500 citoyens, a permis au régime de maintenir l’ordre en novembre. Personne ne peut prédire l’effet de la crise du coronavirus sur le comportement social, mais un éventuel prochain soulèvement pourrait être beaucoup plus difficile à étouffer que celui de novembre.
Le chef suprême du régime, Ali Khamenei, a directement blâmé l’opposition MEK Iran pour le soulèvement. Une protestation aussi étendue couvrant 200 villes a certainement été inspirée par l’OMPI/MEK, mais à part le rôle d’organisation et d’inspiration de ce dernier, le potentiel explosif de la société n’a pas échappé à l’attention de nombreux experts des affaires iraniennes. Le même potentiel demeure et a même beaucoup augmenté, à la suite de la crise du coronavirus.
L’absence de plan social solide du gouvernement pour maintenir la quarantaine a conduit à la levée du confinement en mars.
Les craintes de troubles populaires généralisés restent donc très présentes dans le pays.
Un autre problème épineux qui mine la stabilité du régime en période de crise est la corruption officielle.
Une étude récente de la commission économique du parlement du régime sur les importations illégales a montré que 25 milliards de dollars de marchandises entrent chaque année dans le pays par des voies illégales.
Selon le rapport, il existe 31 méthodes connues pour les importations illégales, dont 95 % sont effectuées par les voies officielles, c’est-à-dire par les douanes. Environ 33 % de toutes les marchandises importées entrent ainsi illégalement dans le pays, et seulement moins de 8 % ont été découvertes.
Selon les informations, 40 mesures spécifiques à prendre par les organes officiels concernés pour empêcher la contrebande n’ont jamais été prises, et 70 de ces mesures n’ont été prises qu’à moitié.
Source : Stop au Fondamentalisme