AFP, Téhéran, 11 juin – Le journaliste Akbar Ganji, figure emblématique de la dissidence iranienne, est retourné samedi matin en prison à Téhéran, où il doit recommencer une grève de la faim, a rapporté l'agence estudiantine Isna.
M. Ganji, qui a donc vainement réclamé la prolongation de sa permission de sortie, a été salué par des familles de prisonniers politiques rassemblées devant la prison d'Evine, dans le nord de la capitale.
Celui qui est le journaliste emprisonné depuis le plus longtemps en Iran et dont on était sans nouvelle depuis mardi avait démenti vendredi être en fuite, comme l'affirmait le procureur général de Téhéran. Il avait dit son intention de retourner de lui-même en prison et d'y reprendre une grève de la faim.
M. Ganji a été condamné en janvier 2001 à 10 ans de prison ramenés ensuite à six, pour avoir écrit des articles mettant en cause des responsables iraniens, dont l'ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani, dans le meurtre de plusieurs intellectuels et écrivains.
Il est sorti de prison le 30 mai. Selon le parquet, sa permission était de sept jours. Le parquet a délivré un mandat d'arrêt au terme de ce délai et s'est présenté chez lui le 7 juin au soir pour l'arrêter. Mais le journaliste n'était pas à son domicile. On était depuis lors sans nouvelles de lui.
Avant sa permission, Akbar Ganji avait observé une grève de la faim de douze jours pour dénoncer l'illégalité de sa détention et le traitement discriminatoire qui lui était infligé en prison, et pour obtenir des soins.
Un autre prisonnier politique, l'avocat défenseur des droits de l'homme Nasser Zarafchan, a entamé mercredi une grève de la faim, également pour protester contre ses conditions de détention.
Depuis mercredi, la famille de M. Zarafchan, des avocats membres du collectif d'avocats du prix Nobel de la paix Shirin Ebadi, et des dissidents comme Hachem Aghajari, tiennent un sit-in devant la prison d'Evine, fait rare compte tenu du caractère sensible de l'endroit, pour soutenir M. Zarafchan.
M. Zarafchan, condamné il y a trois ans à cinq années d'emprisonnement pour action contre le régime, détention d'alcool et détention d'armes, devrait bénéficier d'une libération conditionnelle, comme tout autre prisonnier en Iran, parce qu'il a purgé la moitié de sa peine et n'a pas d'antécédent judiciaire, a dit à l'AFP un membre du collectif d'avocats, Mohammad Ali Dadkhakh.
Selon lui, le détenu souffre de troubles rénaux.
M. Zarafchan s'est signalé en défendant les familles des écrivains Mohammad Mokhtari et Mohammad Jafar Pouyandeh, assassinés en même temps que d'autres intellectuels fin 1998. Ces crimes ont été imputés à des agents des Renseignements en rupture de ban.