CSDHI – Le grand ayatollah Hossein Ali Montazeri, décédé samedi à 87 ans à Qom, était une figure politique et religieuse respectée pour son rôle dans la révolution islamique mais aussi pour son indépendance d'esprit qui lui a valu de passer 20 ans en quasi-dissidence.
Quelques jours avant sa mort, cet ancien dauphin de Khomeiny fustigeait encore le gouvernement de Mahmoud Ahmadinejad, devenu sa bête noire depuis la répression des manifestations qui ont suivi sa réélection contestée en juin.
"Si les autorités continuent ainsi, il est clair que le peuple va complètement se distancier du régime et que la crise actuelle va s'agraver", affirmait-il sur son site internet le 16 décembre.
Né en 1922 dans une famille d'agriculteurs de la région d'Ispahan (centre), il devient à 17 ans l'élève du Khomeiny dans une école théologique de Qom, et s'engage à ses côtés en 1963 contre la "révolution blanche" du régime du Chah.
Ses activités politiques lui vaudront d'être emprisonné dans les années 70, et il se retrouve au premier rang lors de la révolution de 1979.
Il participe à la rédaction de la constitution, et s'impose progressivement comme le dauphin de Khomeiny qui l'intronise officiellement comme son successeur en 1985.
Ses critiques répétées contre les excès du régime, et notamment de la répression contre l'opposition, vont toutefois aboutir à un divorce: violemment critiqué par Khomeiny, l'ayatollah Montazeri est écarté en mars 1989, quelques mois avant la mort de Khomeiny qui lui conseille de "ne pas s'occuper des affaires politiques, pour se focaliser sur son enseignement religieux" dans son école théologique de Qom.
Etroitement surveillé par le régime, qui redoute son influence et va s'appliquer à l'isoler, l'ayatollah Montazeri va vivre plusieurs années dans un régime de semi-liberté avant d'être officiellement assigné à résidence en 1997, pour avoir mis en cause l'autorité politique et religieuse du successeur de Khomeiny, le Guide de la république Ali Khamenei qui l'accuse de "trahison".
Malgré les restrictions, il poursuit son enseignement et ne cesse d'intervenir dans le débat politique, dénonçant "la concentration des pouvoirs entre les mains d'une seule personne" et demandant une réforme de la constitution pour limiter les pouvoirs du Guide.
A sa libération en 2003, l'ayatollah Montazeri réaffirme une intransigeance qui lui a coûté cher: "Je n'ai pas demandé cette levée de ma résidence surveillée et je n'accepte aucune condition", affirme-t-il dans sa première interview à la BBC.
avec AFP